Graham Nash
Wild Tales
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1- Wild Tales / 2- Hey You (Looking at the Moon) / 3- Prison Song / 4- You'll Never Be The Same / 5- And So It Goes / 6- Grave Concern / 7- Oh! Camil (The Winter Soldier) / 8- I Miss You / 9- On the Line / 10- Another Sleep Song
C'est un Graham Nash au cheveu hirsute et à l'air hagard qui nous invite à pénétrer ces "contes sauvages" qui n'ont à première vue rien de très chaleureux. Et pourtant, loin des tubes pop-rock des Hollies qu'il a préféré laisser derrière lui en quittant l'Angleterre pour la Californie, Nash livre en 1974 son second effort solo, et par la même occasion probablement l'un de ses meilleurs disques.
Il faut dire que son écoute renvoie immédiatement à une autre grand nom de la folk, celui de son confrère Neil Young, avec des sonorités très proches du mythique Harvest. La présence de Ben Keith à la pedal steel guitar ou de Tim Drummond à la basse n'y sont pas étrangères et des titres comme "Hey you (Looking at the Moon)" drapé de son harmonica plaintif ou "I Miss You" et son délicat accord piano-voix semblent sortir tout droit du répertoire du Canadien.
Souvent relégué dans l'ombre de ses camarades du CSN, Nash produit ici des petites perles nimbées d'une mélancolie pudique qui dépeignent inondations et incendies, désespoir, injustice et autre sentiment de solitude. Un ton plus grave, particulièrement prégnant sur la très poétique et entêtante "Prison Song" (chantée avec David Crosby) en référence à un histoire de recel qui plomba son père, et qui contribue à conférer un charme remarquable aux compositions de cet album. A ce jeu, le folk-rock entraînant du titre éponyme ou les guitares clinquantes de "Grave Concern" contrastent parfaitement avec la tristesse touchante de "On So It Goes" et sa morosité ambiante qui serpente entre les complaintes de la pedal steel guitar. On retrouve également en phase avec la période des années 1970 un engagement antimilitariste au ton assez sarcastique qui transparaît sur le titre "Oh ! Camil !" embelli par la guitare 12 cordes de Dave Mason. Enfin, pour compléter le tout, Joni Mitchell vient également faire la pige sur la belle ballade conclusive "Another Sleep Song". Du beau monde.
Si certains titres s'avèrent plus classiques, à l'instar de la pièce country "You'll Never Be the Same" ou encore "On the Line" qui donne néanmoins à entendre de belles harmonies vocales, ils ne baissent en rien rien la qualité globale de cet opus qui s'impose comme l'un des pièces maîtresses de la folk des années 1970. Malgré toutes ses qualités, l’œuvre de Nash n'a jamais connu la postérité de ses confrères de CSN. Une erreur qu'il est temps de réparer avec l'écoute de ces Wild Tales, aussi intemporels que touchants.