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Critique d'album

Gentle Giant


Acquiring the Taste


(16/07/1971 - Vertigo - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- Pantagruel's Nativity / 2- Edge Of Twilight / 3- The House, the Street, the Room / 4- Acquiring The Taste / 5- Wreck / 6- The Moon Is Down / 7- Black Cat / 8- Plain Truth
Note de 4.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Notre objectif est d'étendre les frontières de la musique populaire au risque de devenir très impopulaire"
François, le 11/04/2021
( mots)

Des grands noms du rock progressif, Gentle Giant est peut-être le plus étrange et le plus exaltant, le plus intrigant en tout cas. Nous ne disons pas par là qu’il soit, même en toute subjectivité, au-dessus ou préférable aux autres, loin de là ; dans tous les cas, aux choix cornéliens nous répondons en Normand. Par contre, il bénéficie d’une aura exceptionnelle alors que sa musique est des plus abrupte, il demeure une référence au-delà du monde progressif (ce qui n’est pas rien), et il est globalement inclassable entre les expressions les plus expérimentales de la scène et celles plus folks ou symphoniques. Une espèce de synthèse progressive en somme, dont on trouve le manifeste à l’intérieur de la pochette d’Acquiring the Taste : "It is our goal to expand the frontiers of contemporary popular music at the risk of being very unpopular". Ouvertement dressé contre la musique commerciale, les structures simples et rébarbatives, Gentle Giant souhaite apporter à la musique populaire une autre dimension en la sublimant. 


Pour autant que cette incise puisse paraître manquer de modestie, le groupe ne se prend pas toujours au sérieux : en témoigne la pochette qui donne l’impression qu’une langue s’apprête à lécher un séant alors qu’il s’agit d’une pêche (une subversion permise par le format des pochettes de 33 tours devant se déplier pour donner à voir l’ensemble de l’illustration). Une langue en forme de torche-cul, grivoiserie permise par le patronage revendiqué de Rabelais ("Patagruel’s Nativity") dès l’ouverture. 


Là où le premier album gardait des aspérités jazz, rock, blues, Acquiring the Taste met les deux pieds dans un plat beaucoup plus expérimental. C’est à la fois une évolution stylistique logique pour le groupe qui pouvait aller encore plus loin, et un numéro d’équilibriste assez dangereux : pour affirmer cette dimension, Gentle Giant assume les choses à fond, ce qui rend l’opus complexe d’approche. Cela est dû, semble-t-il, à quelques hésitations, tâtonnements, propres à un disque de transition : on s’en rend compte à l’écoute des successeurs qui sont bien plus aboutis et structurés tout en gardant la même folie. 


"Pantagruel ‘s Nativity" s’ouvre ainsi sur une introduction aux sons inhabituel, un chant éthéré, une flute et saxophone enjoués, développant ensuite un dialogue étonnant entre la guitare et les claviers, auquel répond un canon au chant, ou les mélanges entre une ambiance jazzy et une guitare parfois rugueuse. Une complexité que nuance parfois une simplicité accrocheuse : la ligne de guitare derrière les claviers aériens sur laquelle finit l’album est aussi simple que belle. "The House, the Street, the Room", aux faux-airs d’ "Alucard", est également passionnant, avec son premier riff rythmé et heavy, un chant hurlé, puis le souci de nuance immédiate et pastorale. On n’échappe pas à un passage complétement éclaté, sans aucune direction apparente, mais assez jubilatoire, avant un solo de guitare impressionnant, avant une montée en puissance vers une reprise saturée du riff de départ. Par moment, comme sur le tamisé "Edge of Twilight", Gentle Giant paraît avoir tendance à s’éparpiller. 


A cette première face plutôt ardue, répond une seconde plus accessible. Le très rock "Wreck" est une vraie merveille : la superposition de tous les instruments (dont les chœurs) entre montée et descente, l’intermède au violon et clavecin de même que le passage à la flute, qui donnent la teinte médiévale/Renaissance propre au groupe, et un vrai talent au chant qui fait une des particularités du groupe. De même, soulignons "The Moon Is Down" tantôt mélancolique, tantôt jazzy dans sa deuxième phase, comme l’est "Black Cat" malgré un passage rythmiquement très articulé (presque canonique à l’écoute de la suite de la discographie – In a Glass House en particulier). Enfin, "Plain Truth", qui se déploie entre folk (violon dominant) et rock (riff efficace, parfois bluesy, effets wahwah) tout en gardant les constructions très alambiquées du groupe. 


Il n’est pas toujours évident donc, de se lancer dans cet album qui réserve pourtant de nombreuses surprises et demeure un jalon dans l’histoire du groupe et du rock progressif. Quelques écoutes plus tard, vous en serez convaincus. Ainsi, nous finirons sur les paroles du groupe : "All you need to do is sit back, and acquire the taste"

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