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Critique d'album

Daniel Tompkins


Ruins


(11/12/2020 - Kscope - pop et metal - Genre : Hard / Métal)
Produit par Eddie Head

1- Wounded Wings / 2- Ruins / 3- Tyrant / 4- Stains Of Betrayal / 5- Empty Vows / 6- Sweet The Tongue / 7- A Dark Kind Of Angel / 8- The Gift
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"En revenant à des sonorités metal, Daniel Tompkins livre un album de bonne facture mais qui peine à se démarquer"
Franck, le 22/01/2021
( mots)

Un album solo est un moment marquant dans une carrière. De nombreux chanteurs et musiciens, bénéficiant déjà d’une certaine notoriété par l’intermédiaire de leurs groupes respectifs, se laissent tenter par l’expérience. Pour certains il s’agit d’une échappatoire vers une musique plus personnelle, laissant libre court à la créativité et à diverses expérimentations. Pour d’autres, cela peut être un moyen de répondre à une importante productivité non absorbable en groupe. Mais généralement, le passage à la carrière solo découle d’un souhait de contrôle total sur sa création - qui, il faut bien l’avouer, est souvent engendré par des désaccords artistiques et personnels avec les autres membres du groupe - tout en assurant une certaine continuité artistique.


Daniel Tompkins se situe quant à lui à la croisée de ces chemins, comme en témoigne une carrière pour le moins atypique, qui laisse supposer un certain côté indécis. Celui qui travaillait à la base comme agent de police a su se construire une solide discographie composée à date de plus de quinze albums. En un peu plus de dix ans, ce prolifique artiste britannique a pu œuvrer au sein de différents groupes (principalement metal) comme Piano, Zeta, Haji’s Kitchen, Absent Hearts ou encore Skyharbor. Mais c’est surtout avec sa formation principale TesseracT (qu’il avait un temps quitté) - véritable fer de lance d’une scène djent qui tend à se rendre plus accessible - qu’il atteint une notoriété amplement méritée. Dès lors, il paraissait évident que les ambitions de Tompkins ne pourraient indéfiniment rester cantonnées à une activité collective. En 2013, son projet White Moth Black Butterfly (dont nous vous avions parlé dernièrement, cf. chronique Atone) était censé marquer les débuts de cette carrière en solitaire, lui permettant en autre d’explorer un style plus pop et expérimental sans pour autant être propulsé sur le devant de la scène. Mais, compte-tenu du fort potentiel de l’association de Tompkins et la chanteuse Jordan Bethany, ce projet finit par devenir un groupe à part entière. Ce n’est que partie remise puisque le chanteur retente l’expérience en 2019 avec son véritable premier album solo intitulé Castles, qui poursuit sur cette voie pop tout en plongeant plus profondément dans la musique électronique. 


Castles a donc marqué une rupture évidente, bien loin des standards metal et progressifs dans lesquels Tompkins s’était spécialisé. Peut-être un peu trop justement… Et c’est là que l’entreprise peut s’avérer cruelle et périlleuse. Comment se produire de manière pérenne dans un tout autre registre, sans pour autant perdre son public au passage ? La réponse s’appelle Ruins qui n’est autre que l’alter-égo sombre de Castles. Ce nouvel album correspond en effet à une réinterprétation de l’ensemble des morceaux de la précédente réalisation, Tompkins récupérant les lignes mélodiques et les textes pour un essai autrement plus metal. Bien plus qu’une simple relecture, les différents morceaux sont repensés jusqu’à leurs titres. 


Ainsi la pop minimaliste et un brin mollassonne d’un titre comme "Castles" prend une toute autre ampleur avec son antagoniste "Ruins", ce dernier reprenant quelques nappes électro du titre original avant d’exploiter la ligne mélodique du refrain de manière beaucoup plus dynamique. Le chant précédemment placide et aérien laisse ici place à quelques hurlements ; et les enchainements électroniques se voient transformés en un metal aux rythmiques syncopées.


Pour amorcer cette mutation vers un son plus agressif, plusieurs invités viennent prêter main forte au chanteur sur certains titres. Tout d’abord le guitariste australien Plini (qui effectuait dernièrement la première partie de la tournée européenne de TesseracT) connu de la scène djent pour ses compositions instrumentales. Ce dernier apporte une technicité supplémentaire au morceau "Wounded Wings" qui se distingue désormais de sa version antérieure par un solo de guitare lumineux. Puis c’est au tour de Matthew Kiichi Heafy, chanteur du groupe de trash metal Trivium, de chauffer ses cordes vocales avec un chant guttural puissant sur "The Gift", seul véritable inédit de cet album.


Cette stratégie s’avère parfois bénéfique et apporte un second souffle à certaines créations. Un morceau comme "Kiss" qui peinait à convaincre sous sa forme originale se voit complètement métamorphosé en l’autrement plus accrocheur "Tyrant". Pour d’autres morceaux, le procédé est nettement plus artificiel. C’est le cas notamment de "Black the Sun", qui était déjà le titre le plus rock du précédent album et dont la réinterprétation "Wounded Wings" se contente d’accentuer le côté épique à l’aide de rythmiques plus appuyées et des chœurs renforcés. Il n’en reste pas moins un titre efficace mettant une nouvelle fois en avant les qualités vocales de Tompkins.


Toujours sur ce même principe, "Cinders" devient "Stains of Betrayal", morceau qui s’inscrirait parfaitement dans le style du premier album de TesseracT (One, 2011). Et c’est justement là que le bât blesse : Ruins se veut bien entendu plus accessible et volontairement moins technique, mais l’affiliation ne peut être évitée tant les sonorités explorées se rapprochent du groupe de metal en question. Fort de ce constat, quel peut être l’intérêt de cet album qui ne propose finalement qu’une réinterprétation plus acérée, sans pour autant égaler la discographie du groupe au cube quadridimensionnel ? Il faut bien avouer que nous avons là un album de metal particulièrement bien produit, qui, à défaut d’être original s’avère plutôt efficace et immédiat. Pour les amateurs de TesseracT, ce sera donc le moyen de patienter dans l’attente d’un nouvel opus. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir un album de metal maîtrisé, mais qui s’avèrera assez banal sur la durée.


Le fait qu’un artiste puisse proposer une lecture différente de son œuvre reste néanmoins particulièrement pertinent. Tompkins démontre brillamment que sa personnalité ne se limite pas à un style, et qu’une œuvre peut être évolutive et adopter différents visages. Il n’empêche que l’on attend beaucoup plus d’un artiste de ce calibre.


Pour certains artistes, le passage à l’album solo est un moyen de booster sa créativité. Daniel Tompkins est un artiste au talent indéniable qui se trouve désormais à un tournant de sa carrière : mis en lumière par son groupe principal et travaillant sur plusieurs projets annexes à potentiels, il ne reste finalement que très peu d’espace pour s’exprimer à travers une carrière solo. Ruins en fait malheureusement les frais, et malgré ses qualités, manque un peu de saveur et de consistance. Mais il est bon de rappeler que les plus belles créations émanent souvent d’un travail collectif : c’est pourquoi nous attendons avec impatience le retour de l’atypique White Moth Black Butterfly, prévu en 2021.

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