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Critique d'album

TesseracT


Polaris


(18/09/2015 - Kscope - Djent - Genre : Hard / Métal)
Produit par Acle Kahney, Aidan O'Brien, Amos Williams

1- Dystopia / 2- Hexes / 3- Survival / 4- Toutniquet / 5- Utopia / 6- Phoenix / 7- Messenger / 8- Cages / 9- Seven Names
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le djent pour les nuls"
Nicolas, le 09/09/2016
( mots)

Djent (nm, “le” djent) : onomatopée produite par le son d'une guitare accordée grave, avec un gain élevé et une forte distorsion, utilisant la technique du palm mute. Le djent, en tant que style musical, est un sous-genre du metal progressif se caractérisant par une complexité rythmique et technique, usant de riffs syncopés et de polyrythmies tout en abusant de traitements informatiques en tous genres. Exemple : “djent, djent, dje-djent, djent, dj-dj-jent, djeeent djent djeeent etc etc”. Définition librement adaptée de Wikipedia.


Albumrock a déjà abordé le djent par le biais de son représentant le plus emblématique, Periphery, mais nous n’avions pas encore osé vous faire part de son ambassadeur le plus accessible - puisque, avouons-le sans fard, Periphery c’est quand-même relativement imbuvable. En un mot comme en cent, si la mouvance tend actuellement à se pérenniser à la marge des hautes sphères métalliques, autant vous en faire une idée qui ne vous fera pas fuir en hurlant ni vous demander si, à la rédaction, nous conservons encore toutes nos facultés mentales. Ça tombe bien, nous avons l’exemple parfait pour vous introduire au genre en douceur, et il se nomme TesseracT (avec un T majuscule à la fin parce que ça fait trop classe).


TesseracT… hum, entre Wolverine et eux, on commence par se dire que les Marvels font vraiment des émules dans le domaine du progressif… à quand un groupe baptisé S.H.I.E.L.D. ou Magneto ? Sauf qu’un tesseract n’est pas qu’un artéfact alien capable d’ouvrir une porte interdimensionnelle, pas du tout. Un tesseract est un cube en quatre dimensions, eh ouais. D’ailleurs, les anglais de TesseracT (avec le T majuscule à la fin, hein) sont… cinq, ce qui n’a donc rien à voir. Sauf que la cinquième dimension, comprenez le chant, a quand même beaucoup de mal à se stabiliser puisque pas moins de cinq vocalistes se sont succédé derrière le micro depuis la création du groupe - dont un petit frenchy au tout début, Julien Perier. Le fait est que Daniel Tompkins a repris en 2014 - juste après la sortie d’Altered State, le deuxième album du groupe - le poste qu’il avait abandonné en 2011 - juste après la sortie de One, le premier album du groupe - et ce juste avant d’entamer l’enregistrement de Polaris, le troisième album du groupe… bon, vous suivez un peu, dans le fond ? Merci. Il est un fait que pour appuyer la magnifique licence scolaire de la phrase précédente, le cœur du groupe se voit intégralement composé d’instrumentistes plutôt du genre à avoir loupé leur vocation d’agrégé en géométrie…


TesseracT repose en effet sur un paradoxe : un chant très pop, voire emo par moments, allant de pair avec de longues plages atmosphériques, et une complexité structurelle métallique à faire blêmir les thésards en math les plus chevronnés. Complexité qui se déchaîne, certes pas tout le temps mais assez souvent, sur les portions enlevées de leurs compositions, la notion de mesure n’ayant dès lors plus cours vu qu’elle change en permanence, sans compter que les guitares (il y en a deux), la basse et la batterie ne jouent même pas la même chose : elles le font en rythme, mais chacune dans son coin. Est-ce à dire que la musique du groupe est proprement imbuvable ? Non, et ce pour plusieurs raisons. La première est que ce chaos savamment organisé, non content de pas nuire à la lecture des morceaux, crée à l’inverse chez l’auditeur une étrange et grisante sensation de perte de contrôle, le forçant à s’abandonner aux décisions des musiciens à la barre de l’esquif, à se laisser bringuebaler de coups de médiator en rossées de tom, de pincements de corde en frappes de pédale, pour mieux ratterrir sur terre au gré de longues nappes planantes. Ensuite parce que ne charrions pas : TesseracT, ce n’est pas non plus si compliqué que ça, en tout cas pas tout le temps - il y a des passages planants, qu’on vous dit. Polaris, le dernier-né du groupe, regorge de morceaux clairs, aérés voire aériens, jouissant de sonorités metal peu agressives et presque pas hermétiques pour les oreilles profanes. Un groupe de premiers de la classe appliqués, patients et sympas, qui vous prennent par la main à la sortie de l'école pour mieux vous emmener dans leurs trips barrés. À croire que résoudre des équations jusqu’à pas d’heure peut s’avérer aussi cool - ça y est, le mot est lâché - que fumer un joint en séchant les cours. Pas étonnant que ce soit Kscope, label étranger au metal faut-il le rappeler, qui ait signé les anglais.


Car à défaut d’un album incontestable, Polaris représente quand même, après deux premiers disques déjà réussis, une sacrée promesse d’avenir. A l’inverse de leurs pendants alt-metal aussies de Dead Letter Circus, les européens de TesseracT savent doser leurs effets et ne pas en mettre plein la vue - et plein la tronche - en permanence. On a ainsi droit à des titres ardus, déstabilisants, arythmés - de a privatif - et glaçants (“Dystopia” qui ouvre le bal), ou retors, trompant leur monde en commençant par nous caresser dans du velour pour finir par nous flanquer à terre sur des tessons de bouteille (“Cages”), voire même violents, revêches, enchaînant alors crochets, directs et uppercuts sans nous laisser le temps de respirer (“Messenger”). Mais Daniel Tompkins sait aussi s’imposer quand il le faut, livrant une prestation vocale parfois asphyxiante qui verse dans les incantations spatiales (“Hexes”, superbe) ou qui reste plus terre à terre (“Survival”, single structurellement simple mais non moins habité qui représente une bonne entrée en matière). Sans compter que la formation sait aussi rendre les armes quand il le faut et appliquer ses équations différentielles à une musique contemplative, placide, proche de la transe mystique (“Tourniquet”, agréable respiration en milieu de tracklist). Là où TesseracT pèche parfois, en revanche, c’est en exprimant quelques tendances grandiloquentes qui apparaissent paradoxalement quand la complexité les quitte (“Phoenix”, dispensable). Il manque également au groupe de quoi varier son répertoire, tant au bout du compte on a l’impression que leur musique repose sur les mêmes artifices, au point justement ou le conclusif “Seven Names” n’apporte rien de plus à un disque ayant déjà fort bien exposé son propos.


En tout cas, TesseracT vaut d’être découvert, c’est une certitude. Le groupe - et Polaris en particulier - plaira aux amateurs de rock progressif évidemment, au métalleux plus ou moins repentis qui aiment les intégrales temps-vitesse, aux férus de compositions originales et aux curieux invétérés, et on ne doute pas que vous faites tous partie de cette dernière catégorie. À défaut de pleinement convaincre, les anglais parviennent au moins à nous interloquer et surtout à se faire remarquer, ce qui n’est pas rien. Rendez-vous d’ici un ou deux ans - on l’espère - pour un quatrième album qui sera forcément très attendu et qui devrait confirmer - ou infirmer - tout l’espoir que l’on place en eux. En espérant que leur effectif se stabilise de façon pérenne : ils en ont besoin, assurément. Oh, et vive les maths, bien sûr. PS : TesseracT tourne en ce moment en première partie de Gojira aux USA. Les prémices de la reconnaissance ?

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