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Critique d'album

black midi


Cavalcade


(26/05/2021 - Rough Trade - Rock expérimental - Genre : Rock)
Produit par

1- John L / 2- Marlene Dietrich / 3- Chondromalacia Patella / 4- Slow / 5- Diamond Stuff / 6- Dethroned / 7- Hogwash and Balderdash / 8- Ascending Forth
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Black Midi complexifie son propos, armé d’une nouvelle production audacieuse!"
Mathieu, le 22/09/2021
( mots)

Nous avons tous déjà été confronté à un problème mathématique, à une équation plus ou moins complexe ou à une énigme bien ficelée, et avons par la même occasion tous connu cette intense exaltation lorsque les éléments s’alignent enfin avec logique dans notre esprit au moment d’en extirper une solution. Ainsi est la quête lorsque l’on s’essaie à dompter l’essence complexe et capricieuse du dernier disque des joyeux lurons de Black Midi, qui nous prennent de court en rebattant (déjà) les cartes après la sortie d’un premier album en 2019 qui pavait déjà à lui seul une nouvelle voie sur la désormais grande autoroute du post-punk britannique moderne. Tantôt barré et déjanté, tantôt posé et subtil, il n’est effectivement pas simple de venir à bout de cette nouvelle production douce-amère.


On aurait tout de même pu se douter de la direction qu'allait emprunter les quatre anglais avec la sortie, deux mois avant la parution de l'ensemble, de "John L", morceau de loin le plus barré de ce nouveau cru. Les intentions de nos quatre scientifiques (fou - ou pas - à vous de voir) du rock étaient alors clairement affichées autour d’un titre au tempo débridé et aux cassures rythmiques imprévisibles, construit autour d’une ligne de violon des plus aliénantes. Et comme pour enfoncer le clou, le titre viendra deux mois plus tard nous exploser en pleine face dès l’entame du disque, laissant paraître un Geordie Greep en grande forme, jouant de son timbre théâtral si caractéristique sur un spoken-work débité à cent à l’heure.


Soyons clair, le morceau va sans doute rebuter les non-initiés, non habitués aux grandiloquences sonores et rythmiques du groupe et même à long terme, il ne se voudra pas des plus agréables (je reste moi-même toujours sur la réserve).  Prenez tout de même votre mal en patience (ou pressez le bouton next si le cœur n’y est pas), en vous essayant au reste de l’album qui se voudra plus construit et vous réservera son lot de surprises, navigant entre pistes cérébrales et morceaux mid-tempos réfléchis. Bien que cette folle cavalcade sonore vienne volontairement complexifier l’équation (déjà pas si simple) Black Midi, quelques écoutes assidues permettront de se laisser porter le long de ces 8 actes nuancés.


En opposition à Schlagenheim, qui avait été composé à partir de sessions d’improvisations, la construction de cette nouvelle production s'est montrée plus cadrée et ce recentrage autour d’une composition structurée est palpable sur les pistes les plus apaisées. Le délicat hommage à "Marlene Dietrich" se décline autour d’une structure plutôt conventionnelle, tandis que "Diamond Stuff" hypnotise avec sa guitare planante et ses lignes synthétiques. Cette facette plus posée force Morgan Simpson, derrière ses fûts, à lever le pied et se défaire quelques instants de son jeu féroce et mécanique diablement précis qui nous avait tant marqué lors des premiers bégaiements du groupe. Léger dans son frappé mais non dénué d’une technicité indiscutable, la base rythmique n’a pas perdu de son cachet et vient une fois de plus nous ébahir, d’autant plus lorsque le tempo s’envole.


Le tempo lui, sera justement malmené tout du long, capricieux dans ses variations et ses ruptures rythmiques imprévisibles, venant appuyer le côté intello du groupe (le math-rock n’est pas très loin). En plus de casser les codes du rock conventionnel, en envoyant valser modes et signatures temporelles, les anglais jouent allègrement et sans complexes avec les ambiances et les textures, qui évoluent souvent au sein d’un même titre. Nous parlions de "Johnny L" en introduction qui se veut par nature un peu trop fuyard, on se consolera plutôt avec "Chondromalacia Patella", dont la prononciation est tout aussi complexe que sa construction. Ce titre bipolaire, non inconnu au bataillon ayant été développé en live au cours de la tournée précédente, oscille entre climat feutré relevé par la voix chaude de Greep et une explosion de guitares asymétriques agrémentée de lignes de sax déjantées.


À grands coups de cuivres chaloupés, de rythmiques swings et de cordes syncopées, la volonté de remettre aux goûts du jour le jazz rock à la manière d’un Franck Zappa dans les années 70 est également palpable. Le mystérieux "Slow" ou l’explosif "Dethroned", le premier brillant par son évolution défragmentée et le second par un crescendo drôlement bien mené, constituent deux manifestes évidents de la diversification artistique du groupe.


Ce défilé des styles viendra finalement se clore de la plus belle des manières, à l'aide d’une magistrale valse jazzy atmosphérique. "Ascending Forth", quasi acoustique dans sa construction, vient du haut de ses 10 minutes tirer le groupe de sa zone de confort et exposer au grand jour une facette beaucoup plus sensible du collectif. Greep est manifestement placé au premier plan et mis à nu, se libérant ainsi de l’habituel mur sonore enrobant ses interventions vocales.


Deuxième album donc et deuxième curiosité de la part des anglais de Black Midi qui nous proposent ici une cavalcade haute en couleur, armés d'une volonté non discutable de repousser encore plus loin leur vision de la musique. Naviguant tout de même sur la frontière infime qui sépare l’audace de la cacophonie, il faudra prendre garde, à l'avenir, de ne pas trébucher et tomber dans le précipice. 


Après la remise au goût du jour du post-punk par des ambassadeurs de la trempe de Fontaines DC, Shame ou IDLES, la mue semble avoir atteint une seconde phase, plus débridée, plus folle, n’hésitant pas à s’éloigner avec audace des sentiers battus. 2021 sera définitivement l’année de cette seconde phase, avec cette nouvelle génération de groupes anglais menée, en autres, par le triptyque Black Country, New Road - Squid - Black Midi


 


À écouter en priorité : "Chondromalacia Patella", "Slow" et "Ascending Forth".

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