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Critique d'album

Big Red Machine


How Long Do You Think It's Gonna Last ?


(27/08/2021 - 37D03D - JagJaguwar - Indie Folk Rock Expérimental - Genre : Autres)
Produit par Aaron Dessner

1- Latter Days (feat. Anaïs Mitchell) / 2- Reese / 3- Phoenix (feat. Fleet Foxes and Anaïs Mitchell) / 4- Birch (feat. Taylor Swift) / 5- Renegade (feat. Taylor Swift) / 6- The Ghost of Cincinnati / 7- Hoping Then / 8- Mimi (feat. Ilsey) / 9- Easy to Sabotage (feat. Naeem) / 10- Hutch (feat. Sharon Van Etten, Lisa Hannigan and Shara Nova) / 11- 8:22AM (feat. La Force) / 12- Magnolia / 13- June's a River (feat. Ben Howard and This is The Kit) / 14- Brycie / 15- New Auburn (feat. Anaïs Mitchell)
Note de 3/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Indie's Avengers: Assemble !"
Diego, le 06/09/2021
( mots)

Originellement conçu comme un laboratoire expérimental à ciel ouvert, le duo BRM est fondé en 2017 par Aaron Dessner (The National) et Justin Vernon (Bon Iver). Le premier contacte le second pour une composition dans le cadre d’un album pour une œuvre caritative, et l’alchimie opère immédiatement : ces deux-là parlent le même langage, fait de mélodies mélancoliques et de références à la dépression. Pas de quoi mettre l’ambiance à la fête de la châtaigne de Collobrières, mais par contre, en comptant le talent des deux lascars, les ingrédients pour un grand disque d’indie pop-rock sont là. Le premier album éponyme, sorti en 2018 donc, n’est pas ce grand disque. C’est un bon album, qui voit les deux artistes explorer le côté plus expérimental de leurs compositions. Cet aspect expérimental a d’ailleurs perduré dans la musique de Vernon au travers des deux derniers albums de Bon Iver (22, A Million et I,I). Il est bien loin le temps du premier effort d’écorché vif, enfermé dans une cabane du Wisconsin après un chagrin d’amour. For Emma, For Ever Ago, merveille de musique épurée, a même grandement contribué au mouvement revival folk du milieu des années 2000.


Dessner de son côté, n’a pas chômé non plus : entre les albums de son groupe et son travail de producteur (notamment de certains artistes contributeurs au sujet du jour), le musicien est plus occupé que jamais. Un récent article du NY Times faisait état des moyens mis en œuvre pour gérer sa tendance à la dépression. Avec comme solution notamment, la récente collaboration avec Taylor Swift : deux albums successifs folklore et evermore, pour un grammy award (le second de Dessner, après celui remporté avec sa formation de cœur pour l’album Sleep Well Beast).


La liste pléthorique de collaborateurs de ce projet musical aux allures de Broken Social Scene inclut des noms régulièrement associés aux têtes pensantes de Big Red Machine. Ainsi, Sharon Van Etten et Lisa Hannigan, astres lumineux dans la constellation musicale The National & friends, propulsent le touchant "Hutch" en cantique religieux presque funéraire. Ce morceau est dédié et adressé à Scott Hutchison, frontman du brillant groupe Frightened Rabbit, dont Dessner a produit le dernier opus. Il s’agit ici autant d’un hommage à l’artiste disparu en 2017 que d’une lettre d’excuse de Dessner à son ami, pour ne pas avoir été là, ou du moins pas assez…"How are you these days? I want to know everything? How hard are times out there? These are the things That I wish I could've said To you"/"Comment vas-tu ces jours-ci ? Je veux tout savoir ? Les temps ne sont-ils pas trop durs ? Voici les choses que j’aurais aimé te dire".


Taylor Swift fait également irruption à deux reprises : d’abord de manière dissimulée et élégante, dans les cœurs du réussi "Birch", puis en lead du titre "Renegade". Ce - dernier dénote nettement du reste des chansons de l’album : Swift a une telle capacité à faire sienne les compositions que l’on en oublie presque qu’il s’agit d’une chanson de Big Red Machine. Le résultat sonne comme une B-side d’evermore, un peu décevant car déjà vu donc.


Des nouveautés sont également à noter : comme la surprise de voir Aaron Dessner au chant sur trois titres ! Habitué à errer dans l’ombre gigantesque projetée par le charismatique leader de son groupe, Matt Berninger, Dessner se retrouve ici dans la lumière. Avec des résultats variables : sur "The Ghost of Cincinnati", ballade folk descendante directe d’Elliott Smith et Sufjan Stevens, le timbre feutré et trop en retrait du leader novice peine à porter la mélodie pourtant plaisante. En revanche, les morceaux "Magnolia" et "Brycie" sont de vraies perles, nettement plus authentiques et touchantes qu’un titre comme "Renegade". "Brycie" est une déclaration à son frère jumeau et partenaire de groupe, Bryce. La relation fusionnelle entre les jumeaux est abordée de manière poétique et brute, Dessner se met à nu et c’est très touchant "I’m sleeping sound when you’re in the room"/"je dors paisiblement quand tu es dans la pièce", "you watched my back when we were young"/"tu faisais attention à moi quand nous étions jeunes".


D’autres morceaux de l’album alternent entre le bon ("Reese") et le moins bon (les très expérimentaux "8:22" et "Easy to Sabotage", qui voit le rappeur Naeem collaborer de nouveau avec Justin Vernon). Ces chansons ne sont pas dénuées d’intérêt mais elles contribuent à rendre l’expérience sonore trop longue et hétérogène. 


Du côté des vraies réussites, notons la contribution du toujours génial Robin Pecknold (tête pensante de Fleet Foxes) sur "Phoenix", probablement le meilleur morceau du disque. Le sens de la mélodie et la voix de Pecknold ont ce côté familier, rassurant et impeccable qui rendent l’écoute évidente et immédiatement satisfaisante. Le talentueux Ben Howard accompagné de This is The Kit, ponctue l’album du superbe "June’s a River". Le premier, dont la dernière galette, l’excellent Collection from the Whiteout, a été produit par … Aaron Dessner, pose sa voix délicate sur une mélodie toute droit sortie du manuel de composition de The National, avec ces fameux accords de piano saccadés et faussement désordonnés, présents tout au long de l'album.


Le point culminant de How Long… est la participation à trois chansons de la talentueuse Anaïs Mitchell qui, en plus de porter le plus merveilleux prénom au monde, s’est fait connaître au sein du trio folk Bonny Light Horseman, et surtout par son concept album Hadestown, gros succès notamment à Broadway. La qualité d’écriture de Mitchell sur "Latter Days" (allant même jusqu’à signer le vers donnant son titre à l’album) est remarquable. Sa performance vocale avec Vernon et Pecknold sur "Phoenix" est l’apex de l’alchimie du disque. Elle conclut elle-même sur le subtil "New Auburn", ballade qui ne marquera pas forcément les esprits mais a le mérite de boucler l’album sur une note de douceur, plus inspirée que le trop contemplatif "Mimi".


Cette nouvelle production du duo Dessner/Vernon et de leurs partenaires ponctuels est une sorte de version indie des grosses productions hollywoodiennes : beaucoup d’invités, quelques difficultés dans la cohérence d’ensemble, un peu difficile à digérer, mais un résultat globalement plaisant, avec des pointes de brillance. De par l’authenticité de ses compositions et sa mise au premier plan, Dessner signe l’album de sa marque, à l'aise dans un style folktronique bien senti. Au milieu des Avengers de l’indie pop-rock, c’est lui le vrai héros de cet album. 


 

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