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A Newermind on Nevermind


Maxime, le 20/04/2012

Grunge, 20 ans après l'explosion : état des lieux


L'héritage du Nirvana

De façon réellement inexplicable, les descendants directs de Kurt Cobain furent peu nombreux, voire même, on peut le dire, presque inexistants. Un comble quand on connaît le succès de Nevermind et le statut culte de l'ange grunge. Peut-être que les prétendants au trône ont eu peur de se frotter à un mythe intouchable et de s'y brûler les ailes ? Pourtant, certains groupes ont difficilement pu cacher l'influence majeure qu'a eu le trio d'Aberdeen sur leur style musical. On fera d'emblée un sort particulier à Chokebore, une jeune bande hawaïenne connue et appréciée de Cobain en 1993 (elle a ouvert pour Nirvana sur la tournée In Utero), qui laisse éclater dans sa pop bruyante son côté instinctif et des trainées grungy qui n'auraient pas dépareillées du côté de Seattle. En parlant de Seattle, justement, on retiendra les éphémères Sunny Day Real Estate, précurseurs et inspirateurs de toute la vague émo 90's ultérieurement popularisée par les Jimmy Eat World et autres Get Up Kids : le chant écorché vif de Jeremy Enigk et le côté brutal et dévoyé des guitares de la formation nous ont renvoyé très vite l'image de Cobain pour un groupe qui, d'ailleurs, aurait pu prendre la place de Nirvana si le soutient médiatique (de MTV notamment) avait suivi. Ironie du sort, alors que le quatuor se séparait après un album et demi (pour se reformer bien plus tard, mais c'est une toute autre histoire), le bassiste et le batteur de la formation furent débauchés par un certain Dave Grohl pour intégrer les rangs des Foo Fighters, entité power rock bien plus propre que crade et pas vraiment en filiation avec Nirvana.

Dans la veine émo / rock bruyant / pathos exacerbé, même si on est loin de la dépression mentale cobainienne, Rivers Cuomo et Weezer ont largement marqué les années 90 avec une power pop alerte et frondeuse réunissant, comme sur Nevermind, excellence mélodique et amplis poussés à leur maximum. C'est finalement du côté de l'Australie que l'on retrouve les héritiers les plus décomplexés de Nirvana, avec tout d'abord Silverchair qui associe le gros son sabbathien de Bleach et la voix hurlante et trainante de sieur Daniel Johns, puis quelques années plus tard The Vines qui éclate à l'aube de la décennie 2000 en proposant avec candeur, par le biais du furieux Craig Nichols, une cinglante schizophrénie lennono-cobainienne. On préfèrera par contre passer sous silence les déclinaisons FM compatibles des erzatz de Nirvana vendues par quelques majors aux dents longues, les Nickelback, Puddle Of Mud et autres Bush, dont l'association au Christ Grunge, si elle s'avère probablement réelle, relève plus de l'opportunisme marketing que d'autre chose.


Néanmoins, depuis quelques années, le fantôme de Kurt Cobain semble de nouveau faire des émules. De là à parler de "revival grunge", il n'y a qu'un pas qu'on ne franchira pas... et pourtant, les prémices d'un retour au rock crade, punk et heavy de Nirvana sont plus visibles que jamais, et c'est curieusement du côté de l'Angleterre que ces signaux ont pu être repérés. On a pu effleurer le phénomène avec les bruyants Blood Red Shoes, le look d'ange destroy de Steven Ansell et les guitares dévoyées de la délicieuse Laura-Mary Carter : si ces deux-là n'ont pas été biberonés à Nevermind, c'est à n'y rien comprendre. Un peu plus tôt, en 2005, les Subways gueulaient à qui voulaient l'entendre qu'ils voulaient rester "jeunes pour l'éternité" (Young For Eternity) tandis que Billy Lun laissait traîner sa guitare grasse sur une tartine de tubes désanchantés. Plus rugueux, les Nine Black Alps avaient annoncé la couleur la même année en proposant un rock dur, gueuleur, sombre et sans concession. Le son crade se voit même actuellement ré-exploité par la pop indé de la perfide Albion, on pense en particulier à Yuck et à ses guitares sur-saturées et gorgées de réverb. De l'autre côté de l'Atlantique, c'est Cage The Elephant qui attire irrémédiablement l'attention de par le look destroy et très bucheron-looser de ses membres et par les tics ultra-cobainiens du déluré Matt Shultz... tout en constatant que, finalement, le rock frondeur des natifs du Kentucky n'a pas vraiment grand chose à voir avec le désespoir qui transpire de Seattle. Vous l'avez compris : le prétendu "revival grunge" n'existe que dans les fantasmes des médias, mais on ne niera pas que le rock brûlant de Nirvana continue tout de même, après 20 ans d'infection souterraine, à marquer encore au fer rouge une bonne partie de la nouvelle génération.

Reste la France... où on n'a rien repéré de particulièrement grunge sur les vingt dernières années. Enfin, rien... pas tout à fait, la preuve (attention les oreilles) :


STEEVE ESTATOF - 1977 uncensored par noriko75

Nicolas


Nirvana... Mais pas que

1991, à la surprise générale, Nevermind est un succès sans précédant. En l’espace de quelques mois, et à grands renforts de matraque sur les chaînes musicales (MTV en tête), le grunge passe du statut de vague courant musical underground et localisé à celui de phénomène planétaire. Les jeunes portent jeans déchirés et cheveux longs, et tous les yeux sont rivés sur Seattle. Bien malgré lui, Kurt Cobain est rapidement érigé porte parole d’un mouvement déjà sur le déclin. Car oui, même si il y à fort à parier que bon nombre de groupes ne seraient jamais sortis de l’ombre si ils n’avaient pas été aspirés par le succès retentissant de l’ange blond et des siens, le mouvement grunge existait bien avant l’arrivée de Nirvana. Et vingt ans après ce coup de projecteur providentiel, que reste-t-il de ceux qui ont fait vivre le mouvement ?

Certains diront "Pas grand monde". Et il est vrai que quand on fouille un peu dans les annales du genre, nombre de formations de la première heure ont depuis plus ou moins longtemps mis la clé sous la porte. Considéré comme un des pères fondateurs du grunge, Malfunkshun est de ceux-là. Emmené par Andrew (chant) et Kévin Wood (guitare), le groupe se forme en 1980 avant de se séparer huit ans plus tard. Andrew Wood forme alors Mother Love Bone, autre groupe phare à l’existence éphémère, qui disparaitra deux ans plus tard suite au décès du chanteur. Autre exemple et pur produit de Seattle, Green River voit le jour en 1984 et ne restera actif que le temps de donner naissance à un album majeur (Rehab Doll). Après sa dissolution en 1987, une partie des membres du groupe formera Mudhoney alors que le reste rejoindra Andrew Wood dans Mother Love Bone avant de fonder Pearl Jam avec Eddie Vedder. Un peu plus tard, en 1985, le groupe Screaming Trees voit le jour dans l’état de Washington. Avec Mark Lanegan à sa tête, la formation accouchera de pas moins de sept albums en onze ans d’existence. Considéré par beaucoup comme un des piliers du genre, les Screaming Trees n’arriveront cependant jamais à égaler la popularité des cadors que sont Nirvana, Pearl Jam ou encore Alice In Chains. Et enfin, il serait injuste de ne pas parler de Tad, du nom de son illustre et atypique chanteur Tad Doyle. Groupe prolifique qui vit le jour en 1988, la formation n’arrivera jamais à réellement percer et devra composer avec de fréquents changement de musiciens. Résultat des courses, le rideau tombe en 1999.


Malgré cela, un certain nombre de formations réussirent à traverser les époques. On peut penser aux Melvins, trio formé au début des années 80 et mené par le chevelu et déjanté Buzz Osborne, et groupe fétiche de Kurt Cobain qui passa même une audition pour rejoindre la formation en tant que bassiste, mais également à Mudhoney, formé sur les cendres de Green River, ou encore à The Posies. Se contentant d’une base de fan solide conquise depuis deux décennies, Toutes ses formations continuent d’évoluer tranquillement dans leur coin. Finalement, de tous les acteurs de l’époque, seul Pearl Jam peut se vanter d’avoir réussi à côtoyer les étoiles depuis le début des années 90 en étant considéré, aujourd’hui encore, comme un des meilleurs groupes de rock de tous les temps.

Mais si un grand nombre de ces groupes ont profité du phénomène Nirvana pour rejoindre pendant un temps les catalogues de certaines grosses maisons de disques, la palme de l’opportunisme revient sans hésitation à Hole et à sa meneuse Courtney Love. Mise sur le devant de la scène par son mariage avec Cobain, la chanteuse, épaulée par son ami Billy Corgan, fera tout son possible pour faire de son groupe une référence. Peine perdue et, malgré une poignée de bons titres, le groupe tirera sa révérence en 2000 avant de revenir sur sa décision neuf ans plus tard en annonçant son retour. Au rayon des come-back, Alice In Chains reste certainement le groupe qui à fait la plus forte impression. Après le décès de Layne Staley en 2002, il semblait très improbable de revoir la formation un jour. Et pourtant, avec William DuVall au chant, tout ce petit monde a repris le devant de la scène avec la sortie de l’excellent Black Gives Way To Blues. Autre reformation à l’ordre du jour, celle de Soundgarden. Groupe phare du mouvement grunge à ses débuts, il semblerait cependant que les différentes expériences musicales ratées de leur leader Chris Cornell donnent à ce retour un arrière goût de dernière chance.

Reste que si on devait faire un rapide état des lieux, le grunge est bien loin d’être mort. Il est toujours ce courant musical marginal tenu par une poignée de formations. Kurt Cobain a simplement servi de catalyseur médiatique et permit d’apporter une bonne grosse bouffée d’oxygène.


Jérôme
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