↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Compte-rendu de concert

Muse


Date : 28/06/2016
Salle : Champ de Mars (Paris)
Première partie :

Veni, vidi, vici” : à l’annonce d’un concert exceptionnel sur le champ du dieu de la guerre, on était tentés de penser que le trio de Teignmouth ferait sienne la célèbre citation du belliqueux empereur en s’acquittant d’un remarquable tour de force sur l’un des sites les plus prestigieux de la capitale. Face à près de 50.000 spectateurs massés jusqu’aux pieds de la Dame de Fer, Muse avait toutes les cartes en main pour asseoir son statut de mégastar du live et délivrer une prestation légendaire qui allait faire date. Sauf que de cette soirée, l’Histoire ne retiendra qu’une chose : un semi-échec synonyme d’immense gâchis.

Alan, le 01/07/2016
( mots)
Paris, ville de l’amour ? Bien que beaucoup préfèreront l’appeler la ville lumière, c’est pourtant une véritable idylle que vit Muse avec la capitale, multipliant les concerts sur place avec toujours le même constat depuis des années : les Bercy, Parc des Princes et autres Stade de France affichent systématiquement complet, quoi qu’il arrive. Indubitablement, le public parisien aime Muse, et celui-ci le lui a (presque) toujours bien rendu.
 
Non contents d’avoir déjà fait salle comble à Bercy six fois d’affilée en l’espace de huit jours il y a de cela quelques mois, Matthew Bellamy, Chris Wolstenholme et Dom Howard ont cette fois-ci décidé de frapper fort : en jetant son dévolu sur un lieu iconique pour un concert hors-normes, le trio de Teignmouth déclarait solennellement sa flamme à Paris et à son public. Ce mardi 28 juin, Muse rentrait ainsi dans le club très fermé des artistes s’étant produits au pied de l’imposante Tour Eiffel.
 
Un tableau unique que les fans ne reverront probablement jamais et se devaient donc de ne manquer sous aucun prétexte. Face à l’ampleur de l’évènement, on a évidemment tenu à répondre présent malgré l’amère déception qu’avait suscité le dernier passage de Muse en France. L’affiche de la soirée semblant cependant pleine de promesses (avec un concert marathon digne des prestations grandiloquentes de Muse en stade), on espérait candidement assister à une réconciliation avec un groupe qui n'a de cesse de diviser et perdre des fans en cours de route.
 
Dans l'antre des supporters
 
Pas moins de trois contrôles de sécurité jalonnent l’interminable procession jusqu’au cœur d’une fan zone renvoyée à l’ère préhistorique : privés de briquets et d’allumettes, les fumeurs s’engagent dans une véritable guerre du feu où la flamme est symbole de pouvoir. Les autres, au choix, prennent place sur les jardins ou déambulent entre les différents stands, découvrant par la même occasion l’impressionnant site qui accueille d’accoutumée les fervents supporters des équipes européennes. Plus qu'à la scène ou aux différents écrans, c’est bien évidemment à la majestueuse Tour Eiffel que revient le monopole de l’attention, celle-ci venant percer un ciel fraîchement dégagé tout en baignant dans les rayons d’un soleil sur le déclin.
 
Un panorama envoûtant qu’il faut néanmoins consentir à sacrifier pour atteindre les premiers rangs, seule la pointe de la Dame de Fer surplombant timidement le frontispice de la scène depuis la fosse or. On ne regrette néanmoins nullement ce choix salutaire à la vue des innombrables fans occupant le Champ de Mars à perte de vue, les plus malchanceux se résignant à se retrancher derrière les écrans faute de meilleures places disponibles - beaucoup ne manquant pas au passage de pointer du doigt une fan zone à la configuration plus qu’inadéquate pour ce type d’évènement.
 
C’est aux alentours de 20h30 que les X Ambassadors, chargés d’ouvrir les festivités, investissent la scène de la fan zone. Sans pour autant échouer à divertir le public, les XA délivrent un set inégal et peu convainquant, jonglant sans cesse entre rock à peine féroce et morceaux apathiques pendant près d’une heure. On observe, faute de mieux, avant d’opérer un détour par les stands de restauration tout en suivant de loin la prestation en demi-teinte des américains. C’est évidemment avec “Renegades”, blockbuster radiophonique et énième bande-son de publicité automobile, que ceux-ci clôturent leur prestation, laissant quelques 50.000 fans prêts à en découdre patiemment guetter l’arrivée de Matthew Bellamy et ses comparses.
 
En grande forme
 
C’est finalement au son de milliers de fans en liesse que la Tour Eiffel scintille lorsque Muse fait son entrée sur scène. Il est alors 22h00, et la dernière lisière du jour se dessine sur le Trocadéro tandis que le drill sergeant eructe son sermon à un public alerte. Retentit ensuite au travers d’une sono tonitruante l’imparable “Psycho”, scandé en chœur par un Champ de Mars en ébullition. Le set des anglais démarre sur les chapeaux de roues, “Plug in Baby”, “Dead Inside” et “Map of the Problematique” succédant au riff burné asséné par la six cordes de Matthew Bellamy - bien que, encore une fois, on regrette l’apparition si prématurée du morceau phare d’Origin of Symmetry dans le set.
 
Évoluant dans un décor plus épuré que lors de ses passages en salle, Muse retrouve enfin la vigueur qui lui faisait défaut, occupant cette fois-ci sans difficulté l’espace scénique réduit et délivrant une prestation directe et sans fioritures, bien loin du laborieux spectacle son et lumière présenté habituellement. On retrouve néanmoins quelques gimmicks intéressants, à l’image du jeu de marionnettes de “The Handler”, toujours aussi convainquant et opéré cette fois-ci sur le monticule d’écrans cubiques devant lequel le groupe évolue.
 
Fidèle à lui-même, Bellamy prend un malin plaisir à taquiner les cordes de sa guitare entre deux morceaux, grattant ici et là quelques riffs issus des standards du genre - “Voodoo Child” ou “Back in Black” pour ne citer que ceux-ci. Ces petites pastilles constitueront malheureusement les seuls éclats de spontanéité de la part du frontman qui, comme à son habitude, flirtera avec le degré zéro de l’élocution, ne se fendant que de quelques rares “Merci Paris !” déjà entendus à Bercy. Un défaut de communication qui, additionné à l’extrême rigueur du spectacle, alimente un déficit d’humanité dommageable à la prestation dont l’authenticité se voit inévitablement remise en question.
 
Trois petits tours et puis s'en vont
 
Tandis que l’on tente tant bien que mal de ne pas bouder notre plaisir en dépit de cette constante devenue inhérente au live made in Muse, le trio continue, pour le plus grand bonheur de ses fans, de délivrer hit sur hit à un rythme effréné. À tel point que finit par suinter de la prestation des anglais un sentiment d’urgence de plus en plus palpable à mesure que la soirée avance. Radicale, la setlist ne laisse aucune place à quelque curiosité que ce soit, et ce malgré les attentes de nombreux fans qui espéraient assister à un concert d’exception et unique en son genre.
 
On ne tarde pourtant pas à déchanter lorsque la Tour Eiffel scintille de nouveau alors que Muse entame le long et fastidieux “The Globalist” chargé de clore le set : il est alors 23h00, et à peine une heure après avoir investi la scène, Matthew Bellamy, Chris Wolstenholme et Dom Howard s’apprêtent déjà à la quitter. Dès lors, plus rien n’y fait : la magie qui opérait jusqu'alors vole en éclat à mesure que l’on réalise que, sans audace aucune, Muse se sera fendu d’un set aux faux-airs de best of, sans aucun morceau que l’on ait pas déjà entendu mille fois sur scène. Rien qui ne démarque ce set de n’importe quel autre, rien qui ne témoigne d'une quelconque originalité.
 
Et tandis que l’on s’étouffe d’indignation lorsque le groupe remonte sur scène pour entamer son rappel avec un “Mercy” dont le capital guimauve semble croître de manière exponentielle concert après concert, on se contente de fixer la scène, l’air hébété, sans même plus prendre part à quelque festivité que ce soit. Pas même “Uprising”, pas même “Knights of Cydonia” ne parviendront à raviver quelques instants une flamme qui n’a plus rien d’incandescente. Et tandis que le Champ de Mars acclame ses idoles, on ne peut s’empêcher de conspuer une prestation tout simplement indigne du lieu dans lequel elle se tenait. C’est finalement dévasté que l’on regarde sa montre, celle-ci enfonçant le dernier clou dans le cercueil de fans meurtris : rappel compris, Muse n’aura même pas joué une heure et demie.
 
Entre déception, frustration et indignation, c'est finalement le cœur (très) lourd que l'on se résigne à quitter une fan zone sur le point de fermer ses portes. Malgré une forme olympique et une présence scénique revigorée, Muse s'est contenté du minimum syndical et a paresseusement associé à un cadre de prestige une setlist sans surprise, sans originalité, sans saveur - et surtout abominablement tronquée. Autant de défauts qui font inévitablement de ce qui aurait pu être un majestueux moment de musique au pied de notre chère Tour Eiffel, un concert banal et anecdotique dont on ne se souviendra que pour son illustre décor. Quel gâchis. Sérieusement.
 
Setlist : 1. Psycho - 2. Plug in Baby - 3. Dead Inside - 4. Map of the Problematique - 5. Isolated System - 6. The Handler - 7. Supermassive Black Hole - 8. Starlight - 9. Munich Jam - 10. Madness - 11. Resistance - 12. Interlude - 13. Hysteria - 14. Time Is Running Out - 15. The Globalist
 
Rappel : 16. Mercy - 17. Uprising - 18. Man with a Harmonica - 19. Knights of Cydonia
Commentaires
MB, le 08/07/2016 à 17:12
Entièrement d'accord avec votre billet, quelle déception ! C'est encore plus douloureux lorsqu'on jette un oeil à la setlist qu'ils ont jouée à Montreux quelques jours plus tard.
Alan, le 02/07/2016 à 10:59
Complètement d'accord, c'est d'ailleurs pour cette raison que je l'ai attribuée à un "belliqueux empereur" - et absolument pas au dieu de la guerre - dans mon texte. À croire que la périphrase n'était pas suffisamment explicite visiblement.
Eily, le 02/07/2016 à 00:08
"Veni, vidi, vici", c'est Jules César qui l'a prononcé. Rien à voir avec Mars....