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The Soft Moon
Zeros
Produit par
1- It End / 2- Machines / 3- Zeros / 4- Insides / 5- Remember The Future / 6- Crush / 7- Die Life / 8- Lost Years / 9- Want / 10- ?bn? tI

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Après un premier album prometteur en 2010, The Soft Moon revient avec une froideur nouvelle et décapante. Un album à la fois brillant et glacial pourtant gâché par trop de pudeur. Fondé par Luiz Vasquez en 2009, The Soft Moon puise son âme dans les références post punk, new wave des eighties. Dans la lignée des Joy Division, Suicide ou Chrome, les Californiens forgent une musique troublée, industrielle et profondément déprimante. Malgré des références très présentes sur ce deuxième opus, The Soft Moon réussit à s’affirmer et à confirmer son identité. Si rien n’est à jeter, aucun titre ne se distingue particulièrement et la monotonie générale fragilise le travail des Américains, encore un peu trop gentils.
Entre noise rock et post-punk, The Soft Moon s’ancre dans un monde lugubrement psychotique. Autant dire que ce n’est pas le genre de musique à écouter en phase de dépression. Le titre de l’album, Zeros, donne le ton avant que dix titres, plus traumatiques les uns que les autres, ne s’abattent comme un nuage de bombes. Comme un cauchemar dont on ne trouve pas la sortie, The Soft Moon nous enferme dans un univers sombre et clôt. Avec "Machines", les plaintes stridentes des claviers narguent une batterie cyclique et autoritaire. La basse répétitive contraste avec les synthétiseurs languissants tels une alarme mortuaire sur "Die Life". Avec "Inside", Luiz Vasquez lâche quelques souffles et murmures désespérés. Il vacille impuissant, à l’image du cri de Munsch, pour échapper à tant de noirceur.
Zeros retransmet une ambiance naturellement sombre, sans tricherie, sans effet de style. Il y a une vérité qui émane du travail de The Soft Moon. Et pourtant l’album ne décolle jamais. La violence devient monotone et lassante au fil de l’album. Par pudeur peut-être ou par choix artistique, Luiz Vasquez ne prend pas de risques. Excepté quelques cris épars, la voix semble absente. Dommage, car, lorsqu’elle existe, elle apporte un supplément d’âme à la musique des Californiens. La tension permanente reste en filigranes et on regrette que le leader natif d’Oakland ne fasse un peu plus sortir cette rage paresseuse du fond de son abdomen.
Au milieu de formations du même acabit comme She Wants Revenge, Led Er Est ou Xeno & Oaklander, The Soft Moon ressuscite à moitié la vague post punk somnolente de ces dernières années. Alors faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? La révolution attendra certes encore un peu et à défaut de jouer le rôle de locomotive largement à sa portée The Soft Moon accroche résolument le bon wagon. D’autant plus que la bande à Vasquez ne bâcle pas l’aspect esthétique dans sa démarche artistique. A l’image d’une musique jamais trop chargée, le graphisme de Zeros reste épuré et séduisant. On reste dans un univers psychédélique et sombre. Juste ce qu’il faut.
La scène ne sera pas en reste puisque les Californiens s’offrent une tournée française éclair qui débutera le 13 novembre à Strasbourg pour se terminer le 17 novembre au Sonic à Lyon. Ils visiteront entre temps Rennes, Metz et Paris.