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Critique d'album

Klone


Meanwhile


(10/02/2023 - Kscope - Progressive - Genre : Hard / Métal)
Produit par Chris Edrich

1- Within Reach / 2- Blink of an Eye / 3- Bystander / 4- Scarcity / 5- Elusive / 6- Apnea / 7- The Unknown / 8- Night and Day / 9- Disobedience / 10- Meanwhile
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"La nouvelle référence du metal atmosphérique, rien de moins"
Nicolas, le 27/02/2023
( mots)

En presque seize ans de carrière de chroniqueur et cinq cent soixante-neuf critiques d’albums (celle-ci constituant la cinq cent soixante-dixième), l’auteur de ces lignes n’avait encore jamais accordé une note de 4,5 sur 5 à un groupe français. Des 4 sur 5, il y en a eu, citons pêle-mêle Exsonvaldes, Last Train ou Eiffel, preuve s’il en est de l’excellence des frenchys dans la sphère du rock au sens large, quoique à la marge de la masse artistique tricolore mainstream cristallisée par cette pathétique grand-messe que sont les Victoires de la Musique. Mais des 4,5 sur 5, jamais, jusqu’à aujourd’hui. Aujourd’hui, Klone s’est hissé largement au-dessus du commun des mortels, et on ne parle pas uniquement de rock français, et encore moins de rock atmosphérique ou de metal progressif au sens large, avec un septième album tout bonnement somptueux.


Dans la revue de détail du Grand Voyage, précédent opus des poitevins, on leur conseillait (en toute modestie bien entendu) d’opérer un rééquilibrage de leurs compositions vers plus de cohésion, que ce soit en termes de son ou d’intention, en proposant un recentrage sur des motifs plus calmes et contemplatifs. Comme fait exprès ou presque, les six hommes ont bel et bien homogénéisé leur musique mais à l’inverse en durcissant leur propos, et le fait est que c’était la bonne chose à faire. Sans réaliser pour autant un retour aux sources, les français ont réussi à sublimer leur discours musical et à en délivrer la quintessence, celle d’un rock puissant tout en clairs-obscurs, d’un metal racé qui se retient à tout moment d’éclater tout en laissant poindre l’ire qui perle par tous ses pores. C’est ce subtil équilibre, cette retenue dans la violence, cette incarnation inouïe de l’instabilité qui confère à Meanwhile toutes ses saveurs, aussi riches et complexes que celles d’un grand cru classé qui a longuement maturé en cave et qui, enfin débouché, se laisse goûter avec force dans toute sa complexité.


L’attaque du disque demeure aisée, comme en terrain conquis. Les instruments sont à leur place, guitares dont on décèle rapidement la robustesse et l’ampleur, basse (très audible) qui se balade à sa guise au gré des humeurs explorées, batterie d’une redoutable omniprésence, et surtout ce chant fiévreux de Yann Ligner qui habite littéralement le disque. Tempos lourds, instrumentation bouillante, refrains possédés, les quelques premiers tours de platine augurent du bon mais ne permettent pas (encore) de saisir toute la qualité ici distillée. Au fil des écoutes, les nuances se déploient - et elles sont innombrables : infimes variations de couplets, impressionnante palette d’effets de six-cordes, incorporation parfaite d’instruments plus atypiques, en particulier un saxophone qui apporte des reflets jazzy entre classicisme (parfois) et échappées-belles oniriques (la plupart du temps), et voilà que l’on se retrouve de plus en plus captivé par l’organe de Ligner et que l’on se rend compte de la phénoménale maîtrise de celui-ci. Chaque détail semble profondément mûri, chaque inflexion, chaque modulation de cordes vocales, ici pleines, là légèrement éraillées, là encore à la limite du grawl, qui se retiennent toujours de rugir, et le tout en conservant une très haute intensité qui jamais ou presque ne retombe. C’est lui, plus encore que ses cinq comparses, qui nous harponne solidement et nous empêche de nous dépêtrer du piège ici savamment tendu, et l’on se surprend à retourner à ce Meanwhile, encore, encore et encore, et à chaque fois on ne cesse de se pâmer devant de nouvelles teintes découvertes, de nouveaux reflets, de nouveaux tableaux fantastiques plus somptueux les uns que les autres. 


Ce qui subjugue, au-delà même des motifs principaux qui sous-tendent chaque composition, c’est cette propension à les magnifier jusqu’à leurs derniers retranchements par le biais de ponts absolument magiques. C’est d’ailleurs à celui de “Bystander” que l’on comprend en premier lieu que l’on a affaire à un grand, à un très grand disque : si la mélodie apparaît d’emblée évidente, portée par un groupe en osmose émotive, c’est à mi-parcours que le morceau s’élève jusqu’à des hauteurs stratosphériques grâce à une attaque de cordes d’une sauvagerie parfaitement domptée. Mais le miracle se reproduit à chaque titre, avec un effet parfois inverse (le pont d’ “Apnea” captive par la bifurcation apaisée dans laquelle il nous emporte), de sorte que ce qui paraissait entendu laisse encore échapper de nouvelles significations auparavant indécelables : arrivé à son paroxysme, la mélodie se laisse emporter vers de nouveaux horizons. En définitive, malgré une étiquette “progressive” qui ne s’incarne que dans une appétence éhontée pour la nuance et certains riffs plus ou moins asymétriques, le metal atmosphérique de Klone se contente, non sans brio, de sublimer les structures musicales les plus éculées, jusqu’à tutoyer la grâce.


Dès lors, pas la peine de dresser un catalogue : tous les morceaux, tous, frôlent la perfection, du plus paisible (“Scarcity”) au plus rugueux (“Disobedience”). Meanwhile se pose aisément comme le meilleur album de Klone (et pourtant il y a de la matière), leur disque le plus abouti, le plus savamment réalisé, le plus quintessentiel, tout comme il redéfinit la face du metal à forte charge émotionnelle. On a beau songer encore et toujours à un Alice In Chains moins morbide (et même parfois à un Dead Can Dance caricaturalement plus robuste), arrive un moment où ces influences s’effacent pour ne laisser qu’un seul univers, celui de Klone et de lui seul. Une nouvelle référence, en quelque sorte, et qui plus française (ce qui ne gâche rien). Chapeau bas, messieurs les poitevins.


À écouter : tout, du début à la fin

Commentaires
Quentin, le 27/02/2023 à 09:44
Une bien belle chronique pour un bien bel album Nicolas ! Les poitevins assurent une nouvelle fois même si pour ma part je garde une préférence pour l'album Here Comes the Sun que je trouve plus immédiat et accessible.