Midlake
The Trials Of Van Occupanther
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1- Roscoe / 2- Bandits / 3- Head Home / 4- Van Occupanther / 5- Young Bride / 6- Branches / 7- In This Camp / 8- We Gathered In Spring / 9- It Covers The Hillsides / 10- Chasing After Deer / 11- You Never Arrived
Il y a des disques qui font l'effet d'une petite bombe, car on ne les entend pas venir. Et pour cause, lorsqu'ils avaient sorti leur premier album Bamnan And Slivercork en 2004, les texans de Midlake n'avait pas réussi à convaincre en dehors des frontières fermées de l'indie folk, proposant une dose de pop psychédélique à la sauce Flaming Lips, Grandaddy ou Mercury Rev satisfaisante mais déjà entendue en mieux.
Alors quand sort deux ans plus tard The Trials of Van Occupanther, avec sa pochette improbable, on ne s'attend pas à se prendre la claque qui va suivre. Ni à en redemander en tendant bien volontiers l'autre joue. C'est bien simple, la première fois qu'on entend "Roscoe", le temps se fige autour de cette ritournelle au piano qui allume la mèche d'une mélodie gracieuse et limpide. Le chant élégiaque de Tim Smith (forcément, un morceau pareil ne peut être que mélancolique) nous sert sur un plateau un refrain irrésistible avec ces chœurs addictifs qui nous font chavirer d'entrée pour nous emprisonner à jamais dans l'univers des Texans. En termes de songwriting c’est un coup de génie.
Mais la force de cet album c’est de ne pas s'arrêter à ce seul morceau de bravoure. Pensé comme un recueil de balades narrant les tranches de vie des habitants d'un petit village paumé au milieu des montagnes ("Roscoe") en temps de guerre ("In This Camp") qui se livrent à diverses occupations comme la chasse au cerf ("Chasing After Deer") ou la vie dans la forêt ("Branches"), l'album est résolument tourné vers la nature et propose une musique évocatrice des grands espaces isolés du monde moderne. Pour raconter ces histoires, les gars de Denton ont délaissé les synthétiseurs et puisé dans les racines acoustiques des années 1970 pour parfaire une formule old-school (mais pas vieillotte) de folk-rock à la Fleetwood Mac teintée de ces allants pop irrésistibles qui font la part belle aux harmonies vocales mélancoliques, à une instrumentation riche (piano, flûte, guitares, cuivres) et surtout une incroyable puissance mélodique.
Que ce soit sur la balade forestière "Bandits", magnifiée par son dialogue réussi entre les arpèges d'une 12 cordes, un piano et une flûte traversière, la torpeur nonchalante de "Van Occupanther", les soubresauts électriques épiques de "In This Camp", la ballade majestueuse au piano "Branches", que l'on croirait signée Rufus Wrainwright ou les claviers analogiques un peu cheap qui apportent un charme suranné à "We Gathered in Spring", Midlake fait toujours preuve d'une grande richesse d'écriture avec des arrangements subtils qui ne forcent jamais la porte de l'émotion mais l'entrouvrent en douceur. Des morceaux qui n’ont l’air de rien comme ça mais qui sont finement ciselés pour servir la mélodie dans le plus bel écrin possible, toujours avec une forme de légèreté dans la mélancolie.
A ce jeu, "Head Home" et "Young Bride" sont des petits joyaux qui brillent de mille feux. Sœur jumelle de "Roscoe", "Head Home" vient nous servir des chœurs lumineux sur une mélodie entraînante au piano, fissurée à mi-parcours par le jaillissement d'une guitare fuzz du plus bel éclat tandis que "Young Bride" s'ouvre sur un bel air de violon poursuivi par une cavalcade de batterie qui nous amène jusqu’à l’explosion lyrique du refrain. Imparable.
Soyons clair, Midlake ne révolutionne rien avec The Trials of Van Occupanther mais met en boitier une petite perle malgré une légère baisse de régime sur le dernier quart de l’album. Un disque à la saveur automnale que l’on se plait à réécouter – 17 ans après ! - pour retomber une fois encore sous le charme immédiat de compositions pop-folk qui font toujours mouche. Soyez averti et conscient d’où vous mettez les pieds, écouter "Roscoe" pour la première fois peut vous plonger dans une profonde addiction… on vous aura prévenu.