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Critique d'album

Johnny Cash


Walking the Line : The Legendary Sun Recordings


(25/10/2005 - Pias - Folk/Country - Genre : Autres)
Produit par

1- I Walk the Line / 2- Get Rhythm / 3- There You Go / 4- Train of Love / 5- Cry! Cry! Cry! / 6- Hey Porter / 7- So Doggone Lonesome / 8- Ballad of a Teenage Queen / 9- Big River / 10- Guess Things Happen That Way / 11- The Ways of a Woman In Love / 12- I Forgot to Remember to Forget / 13- Sugartime / 14- It's Just About Time / 15- Katy Too / 16- Belshazzar / 17- Life Goes On / 18- You're the Nearest Thing to heaven / 1- Folsom Prison Blues / 2- Luther Played The Boogie / 3- Straight As In Love / 4- Home Of The Blues / 5- Port Of Lonely Hearts / 6- Come In Stranger / 7- Country Boy / 8- Wide Open Road / 9- Don't Make Me Go / 10- Leave That Junk Alone / 11- Mean Eyed Cat / 12- Next In Line / 13- Give My Love To Rose / 14- Cold Cold Heart / 15- Hey Good Lookin' / 16- I Could Never Be Ashamed Of You / 17- I Can't Help It (If I'm Still In Love With You) / 18- You Win Again
Note de 4/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Un coffret indispensable à petit prix traçant les débuts du géant de la country"
Maxime, le 23/03/2006
( mots)

Le grand mérite du film Walk The Line (correct, sans plus) reste d’avoir stimulé la réédition discographique des travaux de l’homme en noir. Entre autres merveilles trône ce coffret sorti en Octobre dernier, lequel compile la quasi-intégralité des enregistrements livrés chez Sun Records (soit les trois premières années de sa carrière de 1955 à 1958) sur trois CD pour à peine le prix d’un. Dans un monde musicalement parfait, une telle annonce vous aurait aussitôt fait bondir pour aller vous précipiter chez votre disquaire afin de lui soutirer le précieux bien. Ça n’est manifestement pas le cas (ou alors vous avez quitté votre siège afin de vous ouvrir une bière, ce qui n’est pas un mal en soi). Des explications s’imposent donc.

Lorsqu’il contacte le légendaire producteur Sam Phillips, propriétaire du non moins légendaire studio Sun de Memphis, Cash a alors 22 ans et végète comme médiocre vendeur au porte-à-porte. Une seule obsession l’anime : le gospel et la country, genres auxquels il s’essaye avec deux compères sous les yeux réprobateurs de sa première femme. Mais du gospel blanc, Phillips ne veut pas en entendre parler, estimant que le public ne s’y intéresse guère. Cash s’entête pourtant et la première audition tourne au désastre. Sur le point de le jeter manu militari des portes de son studio, le producteur demande au postulant s’il n’a pas des compositions à lui, histoire de l’entendre enfin "chanter avec ses tripes". Le musicien lui joue alors "Hey Porter" qu’il avait écrit cinq ans plus tôt, alors qu’il effectuait son service dans l’US Air Force. Bingo, Phillips le signe illico. Accompagné de ses compères de jeu, Luther Perkins à la guitare et Marshall Grant à la contrebasse, Cash enregistre "Hey Porter" en une prise. Suivra "Cry, Cry, Cry", pour garnir la face B, nécessitant quant à elle plusieurs séances, le temps pour les musiciens débutants de parfaire leur jeu hésitant. Dès le départ, Cash et son backing band, rebaptisé les Tennessee Two, connaîtront le succès, partant dans d’infinies tournées avec les artistes Sun de l’époque tels que Jerry Lee Lewis, Ray Orbinson ou Elvis Presley, qui vient de sortir son premier titre "That’s All Right Mama".

Musicalement, cette première période se caractérise par une austérité absolue qui tranche radicalement avec les autres productions, très rock’n’roll, de Sun Records. Les morceaux ne reposent, semble-t-il, sur rien : un rythme monocorde qui évoque un cheval au trot, deux accords faméliques et une voix profonde et froide. Le titre du coffret prend ici tout son sens. Cash et ses comparses restent dignes, droits dans leurs bottes. Rien ne semble perturber la mécanique qu’ils mettent en place, tandis que leurs confrères font du déhanché obscène et des cris primitifs leur fond de commerce. Fatalement, leur musique reste assez unique et marginale par rapport à ce paysage : au carrefour de la country, du folk et du rockabilly sans jamais vraiment être l’un ou l’autre. C’est cette formule aussi floue que singulière qui assurera la postérité de Cash. Début 1956 paraît "Folsom Prison Blues" avec ses mots célèbres," I shot a man in Reno, just to watch him die", que le chanteur déclame avec détachement comme s’il causait de sa première cuite. Puis ce sera "I Walk The Line", merveilleuse promesse de fidélité à son épouse d’alors, Vivian (la réalité fut tout autre), qui consacrera définitivement le natif de l’Arkansas. Cash parle à tout le monde, adolescents, pères de famille, repris de justice. Alors que les fifties célèbrent à pleins tubes l’american way of life, la vie douce et facile, les party et les bals de fin d’années, le grand Johnny parle de meurtres, de désespoir, de solitude et de rédemption. Sa voix grave et caverneuse sonde les âmes et les cœurs, ouvrant des plaies béantes avec une espèce d’humilité emprunte de compassion. Une sincérité désarmante, des mots tranchants, des mélodies brutes et hantées qui feront du songwriting de l’homme en noir un griffe reconnaissable entre mille, marquant de son empreinte le patrimoine de la musique américaine et s’attirant l’admiration de tous les gratouilleurs ayant un peu de goût et de sensibilité, de Dylan à Trent Reznor, en passant par Bono.

Alors, certes, ce coffret constitue pour le néophyte une entrée en matière un peu rude, justement à cause de ce minimalisme sonore. Surtout que le livret, riquiqui (d’où le prix modéré), ne fournit aucune explication et n’enrichit pas l’expérience auditive. Certes, les coups d’éclats suivants de Cash seront on ne peut plus géniaux et autrement plus attractifs, ses deux concerts indispensables à la prison de Folsom et de San Quentin, certains albums réalisés chez Columbia, ses derniers exploits orchestrés par Rick Rubin... Ces trois disques se dégustent par bouchée, religieusement, à l’abri du monde extérieur, comme lové contre l’épaule solide et chaleureuse de l’homme en noir. Certaines chansons sont déchirantes de beauté et de poésie décharnée et viennent sérieusement relativiser le soit disant génie des pompeux folkeux contemporains, style Jack Johnson ou Ben Harper, lesquels tentent péniblement d’évoquer avec une production élaborée ce que Cash parvenait à décrire en grattant deux cordes dans un cagibi. Ceux qui passeront sciemment à côté de telles pépites seront maudits jusqu’à la septième génération. Vous ne pourrez plus dire que vous n’avez pas été prévenus.

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