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Critique d'album

7 Weeks


Carnivora


(01/03/2013 - Klonosphere/F2m Planet - Stoner rock/Metal - Genre : Rock)
Produit par

1- Bones & Flowers / 2- Acid Rain / 3- Carnivora / 4- Ghosts On The Seaside Road / 5- Diary-Day 7 / 6- Year Zero / 7- You Are So Special / 8- Let Me Drown / 9- Shadow Rider / 10- High In Heavenly Places
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"7 Weeks déballe son western post-apocalyptique et renouvelle son heavy rock."
Maxime, le 25/03/2013
( mots)

C'est armé d'une grandissante réputation de fer de lance du heavy rock à la française que 7 Weeks amorce l'étape du (toujours difficile, parait-il) deuxième album. Pas bégueules, les Limougeauds avaient bien prévu le coup. Aussi, plutôt que de surenchérir dans le sillage d'un premier album prometteur (All Channels Off, 2009), c'est sur d'autres terrains que les musiciens ont renouvelé leur inspiration, mêlant leurs guitares corrodées à la pellicule crâmée du film Dead Of Night pour composer une B\.O\. inédite, exportant la formule en cinémascope et en 5.1 lors de ciné-concerts. Un exercice de style, très en vogue chez les artistes contemporains (voir le projet Microfilm), qu'on aurait pu croire sans lendemain s'il ne constituait pour le groupe une étape décisive de son évolution, au point de le voir intégrer officiellement le claviériste Manu Costa dans ses rangs. Un examen du packaging servant d'écrin à ce nouvel opus studio entérine ce constat : parking de centre commercial vidé de toute vie humaine, filtres sépias dans le plus pur style grindhouse, lettrage sanguinolent, pas de doute, les zombies putréfiés du métrage de Bob Clark hantent encore visiblement l'imaginaire du quartette. Si le terme de concept album paraît ici abusif, le disque se déploie dans une ambiance de western post-apocalyptique assumée, avec ses paysages urbains désolés à la Walking Dead et ses morts-vivants détalant sous la caméra affolée du Danny Boyle de 28 jours plus tard.

Cette dimension narrative nourrit la mutation stylistique amorcée aujourd'hui par le groupe, discrète mais bien réelle, qui ne se repose plus uniquement sur des séquences d'action alignées en jump-cut mais ose également s'attarder en de longs panoramiques où la menace est tapie dans la pénombre, prête à surgir. En clair, le rock puissant et efficace d'hier se trouve réduit à portion congrue, entrecoupant des pistes à l'ambiance lourde et à l'atmosphère pesante, jonglant entre climats plombés et éclairs de violence. Les textes se sont également mis au diapason et le tracklisting semble s'articuler comme autant de scènes, chacune développant sa propre intrigue. Errant entre arpèges désenchantés et brusques rasades de power chords en fusion, "Ghosts On The Seaside Road" illustre parfaitement cette tendance. All Channels Off bastonnait dans le rouge de la première à la dernière seconde, son successeur se complait à varier les climats.

Pourtant, lorsque Carnivora plante ses canines sur les deux titres introductifs, on retrouve avec jubilation le 7 Weeks tel qu'on l'a connu, avec son stoner explosif tout en riffs compacts et rythmique de plomb, couplé à un sens très sûr de la rengaine efficace et du refrain catchy. "Acid Rain", comme plus tard "You Are So Special", rue dans les brancards comme un bon vieux "Loaded", dopé à l'énergie du Fu Manchu de la grande époque. C'est alors que la morsure fait son effet. Le poison se diffuse, les breaks s'élargissent, le clavier carillonne lugubrement en arrière-plan et le disque prend alors son rythme de croisière sur le morceau-titre, impitoyable rouleau compresseur déboulant à travers la brume, frayant son chemin parmi les hordes monstrueuses à coup de shotgun le long du refrain avant de contempler les monceaux de cadavres sur son pont presque apaisé. Le reste est à l'avenant, et le combo administre avec un appétit vorace de sanglants mid-tempos aux guitares cisaillées et à la batterie trépanée ("Year Zero", "Diary – Day 7"). Ailleurs, Julien Bernard se la joue shérif d'une bourgade esseulée, laissant trainer son timbre désabusé sur le très bluesy "Shadow Rider". Si l'on suit avec plaisir les différentes séquences que le groupe nous projette à travers les esgourdes, on commence à franchement regarder sa montre sur ce "Let Me Drown" s'étirant en langueurs superflues. Le titre fait songer à ces B\.O\. qui ne prennent sens qu'accompagnées des images originales. C'est le revers de la médaille lorsque l'on pense trop la musique en termes cinématographiques, car parfois la longueur n'est pas toujours synonyme de puissance évocatrice.

Les stoners risquent quant à eux de grincer des dents devant tant de libertés prises avec l'orthodoxie de leur genre favori, et certains regretteront de ne retrouver que par éclairs l'énergie décapante qui a fait la renommée de leur poulain. Ils auraient bien tort, tant leur heavy rock conserve son caractère et son immédiat pouvoir d'attraction. On déplorera tout au plus une production professionnelle mais au son sage, un peu trop policé quand on connait le mordant dont les lascars font preuve en live (comme on a pu le vérifier encore récemment lors du Stoner Rise). De l'autre côté, on ne pourra plus taxer 7 Weeks de simple ersatz des Queens Of The Stone Age, tant Carnivora les voit élargir leur spectre d'influences autour des deux dernières décennies de rock alternatif américain, embrassant aussi bien le grunge que le néo-metal le moins écervelé. A l'instar de leur compatriotes de Rescue Rangers, c'est autour de l'alliance entre des guitares grondantes et un chant clair que le collectif puise sa force héritée des manifestes de Josh Homme, et non en copiant les codes d'un desert rock qui n'a aucun sens en Hexagone. L'ombre de Pearl Jam et du Metallica des Loads plane sur ce disque, tout comme celle d'Audioslave, Deftones, voire Stone Sour, quand ce n'est pas celle du Soundgarden de la belle époque sur le "High In Heavenly Places" final, le genre de charge tourmentée sur laquelle Chris Cornell serait ravi de s'époumoner, les cheveux au vent. Que les mélomanes à l'esprit étriqué fassent la fine bouche, les amateurs de hard rock racé et mélodique rogneront la carcasse de cet addictif album jusqu'à l'os.

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