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Un dimanche au Main Square 2023


Mathilde, le 09/07/2023

Interview de Gang Clouds

Le gang du second degré


Bonjour Gang Clouds pouvez-vous vous présenter et nous dire d'où vous venez?


Pierre (basse): Moi je suis lensois exilé à Arras.


Stéphane (chant, guitare acoustique): Moi j'habite dans un petit village du côté de St Pol sur Ternoise.


Enguerran (claviers et choeurs): Je suis originaire d'Arras.


Elodie (violons et choeurs): Moi je suis douaisienne.


Laury (guitare électrique): Pareil entre Arras et Lens.


 


Et c'est votre proximité géographique qui fait que vous vous êtes rencontrés ?


Stéphane: Non, une boite échangiste.


Elodie: Ça commence bien ! Evidemment hein !


Stéphane: Avec Pierre on se connaissait déjà d'un précédent groupe.


Pierre: Moi j'étais fan de lui...


 


Vous étiez des fans respectifs...


Stéphane: Non il n'y que lui qui était fan de moi.


Pierre: Vous avez deviné que j'étais plus jeune donc il a ce privilège d'avoir pu me guider.


Stéphane: J'ai monté un autre groupe, j'ai pensé à Pierre qui était bassiste, il a tout de suite dit oui évidemment puisque ça lui permettait de jouer avec son idole, et on a passé des annonces pour Enguerran et Laury. Pour Elodie c'est via des petites annonces et des connaissances...


Elodie: Oui et sur annonce, sur Easyzik


Enguerran: Easyzik.net (comme Albumrock) aussi, vu l'époque...


 


Et ça a marché alors que vous ne vous connaissiez pas?


Le groupe: Oui comme Meetic, c'est assez étrange ça a pris comme ça.


Enguerran: Il y avait pas mal de lillois aussi, et ça a changé au fil du temps.


Stéphane: Là la formule est stabilisée depuis huit ans. On a démarré en 2012.


 


Vous êtes beaucoup, ça doit être un challenge de s'organiser entre vous...


Elodie: Pour répéter c'est compliqué oui.


Pierre: Pour programmer c'est un frein, car les programmateurs préfèrent les formules plus réduites.


Enguerran: Pour les tickets boissons ça leur plait pas.


Pierre: C'est bien sur scène car c'est vivant, mais voilà on coûte très cher...


 


Sur votre bandcamp ça dit que votre musique pourrait être symbolisée par une cabane "A frame", pourquoi ça ?


Stéphane: On a commencé avec une violoniste qui était américaine, c'est elle qui écrit notre bio. Comme on répétait dans le grenier de la maman d'Enguerran, avec du bazar joyeux dedans, elle a pris cette image, et ça résume bien ce qu'on est, un foutraque ordonné mais qui ne se prend pas la tête.


 


Mais au delà du lieu, il y a quelque chose d'américain chez vous, on peut penser aux New Pornographers en vous écoutant...


Le groupe: Ah oui, c'est vrai. Le côté collectif...


Elodie: Hééé, t'es pas là pour vendre du muguet !


 


Beh évidemment vous avez cru quoi ?


Stéphane: On a pas le même âge mais on a tous écouté les mêmes choses, de la pop indé anglosaxonne, comme on aime les mélodies. Mais on ne se limite pas dans ce qu'on écoute. Mais oui il y a du Arcade Fire, Belle and Sebastian...


Pierre: Des classiques aussi, je pense qu'on a pas mal d'influences des années 60. Mais ça reste très pop.


 


Un peu de The Bewitched Hands aussi ?


Stéphane: Oui, à l'époque de Myspace... 


Pierre: Ils ont dû arrêter à cause du même problème que nous, il devait y avoir un quota...


 


Est-ce que c'est difficile d'être la seule femme dans un groupe d'hommes ?


Elodie: Je sais pas... Je ne joue qu'avec eux, et depuis huit ans j'ai un projet solo, mais je préfère jouer avec les autres, si je pouvais choisir je ne ferai que ça. 


Enguerran: Mais tu supportes pas les autres nanas, c'est surtout ça...


Elodie: Tais-toi, tu ne me coupes pas la parole s'il te plait ! Ils sont un peu chiants, ils en jouent, sur scène ils me présentent comme la fille mais je ne l'ai jamais vécu comme quelque chose de problématique, sinon je ne serai pas restée.


Le groupe: Après, un peu d'harcèlement sexuel, c'est pas grand chose. Une fois t'as porté plainte d'ailleurs ?


Elodie: Oui, j'ai deux plaintes en cours mais je ne m'étendrai pas la dessus. En tous cas c'est des questions importantes, le T-shirt "More Women on Stage" (qu'elle porte) car on est que 14% de musiciennes sur scène, je parle pas des chanteuses, qui en plus la plupart du temps ne sont accompagnées que par des mecs. Où sont passées les gamines et les filles qui ont appris à jouer d'un instrument de musique et qu'est ce qui se passe à un moment donné pour que sur scène ça ne soit pas représentatif ? Même dans les backstages, au niveau technique. C'est important car à force ça modifie la perception des choses et la manière dont on est accueillies, c'est réel. Avec Gang Clouds, c'est pas le cas mais il y a ds situations où c'est problématique.


Stéphane: C'était des annonces, donc tu aurais été un garçon c'était pareil.


Elodie: Non, c'était écrit "cherche violoniste chanteuse".


Pierre: Parce qu'on voulait faire du Wap Do Wap, on cherchait une voix féminine.


Stéphane: On s'est toujours adaptés aux personnes et aux ressources dont on disposait. C'est parce que t'avais ton violon mais on était aussi partis sur de la trompette, de la flûte traversière.


Enguerran: On est ouverts à tous si les accor... les accordéonistes veulent venir, pas de problème. Les dyslexiques aussi. On vire la fille et puis voilà.


Stéphane: Non, mais on ne se pose pas de question en fait.


Pierre: Après on dit que les femmes entre elles sont mauvaises, tu peux le dire hein Elodie ?


Elodie: Ahlala, voilà c'est comme ça tout le temps.


Pierre: En fait on perd aussi énormément de temps avec le second, le troisième, le quatrième degré.


Elodie: Heureusement que je le comprends. Le premier jour où je suis arrivée en répèt, Stéphane m'a dit: "Tu me tutoies pas et tu me regardes pas dans les yeux".


Stéphane: On fonctionne que comme ça, par dérision, ça peut être rude pour certains, surtout quand on se connait pas.


Enguerran: C'est enregistré tout ce qu'on dit là?


 


Oui, tout sera retranscrit par écrit. Et sortir des singles de Noël c'est second degré et encore une fois très américain aussi...


Pierre: Musicalement, on a très peu de culture française...


Stéphane: On fonctionne par période d'enregistrement, des fois c'est prolifique, des fois un peu moins. On était au moment de Noël donc on a fait ça en 15 jours, on a fait un clip dans un lit, on a refait un autre morceau du même type et puis on s'est arrêtés de peur qu'on nous identifie à un groupe de Noël.


Pierre: Oui t'es fan de Noël toi...


Stéphane: J'adore Noël, on peut manger des gâteaux.


Enguerran: Moi j'adore les singles de Noël mais je déteste Noël.


Elodie: Moi je m'en fous.


Pierre: En tous cas c'est pour ces singles qu'on a eu le plus de retours, on a atterri sur des fanzines aux Etats-Unis... On a eu peur qu'ils nous prennent pour un groupe chrétien...


Stéphane: Notre meilleur enregistrement concerne justement une des deux chansons de Noël.


 


Vous avez sorti beaucoup de singles récemment, mais à quand l'album ?


Pierre: On sait pas trop. On veut faire un disque bientôt.


Stéphane: Malheureusement, l'offre aujourd'hui elle est à consommer en streaming, et le concept d'album perd un peu de son essence. On a grandi pourtant là-dedans... On veut montrer qu'on a une actualité et que l'on ne nous oublie pas, donc dès qu'on enregistre un morceau on le partage. Même si c'est pas mon rêve premier de sortir un album, on pense à louer un studio, car pour l'instant on enregistre tout nous-même...


Pierre: Et puis toi, tu sais ce que tu veux...Et pour faire un album faudrait déléguer, on a déjà essayé de bosser avec des ingé sons mais le rendu final ne nous a pas vraiment plu.


 


Au-delà de la dérision vous avez quand même alors un degré d'exigence ?


Stéphane: Oui mais même sur ce que l'on sort, avec le recul il nous arrive d'être un peu déçus. Mais c'est vrai que quand on produit quelque chose, je ne le prends pas à la rigolade.


Elodie: T'es tatillon même...


Enguerran: Ouais, il est chiant.


Stéphane: Oui je suis chiant car je coupe s'il y a trop de guitares, etc... Un morceau peut attendre six mois car il n'est pas assez abouti...


Pierre : Notre musique c'est fait maison, mais ça reste très produit. Il y a trente six mille couches d'instruments.


Stéphane: Comme on est beaucoup, ça fait beaucoup de pistes de voix et d'instruments, des claps, des effets... On se retrouve avec des morceaux de cinquante pistes, qu'il faut mixer, ça prend du temps.


Elodie: Et des fois, ils ne sortent pas.


Stéphane: C'est très long, des fois ça vaut le coup, des fois cette rigueur peut être contre productive.


 


Quel était votre "plan d'attaque "pour jouer sur la scène du Bastion au Main Square?


Elodie: C'était d'avoir une setlist qui nous convienne, et d'être confort car on voulait passer un bon moment, on vient pas ici pour se mettre en danger. Concrètement, les trois quarts des gens qui vont nous voir ils ne nous connaissent pas. Et ceux qui nous connaissent sont contents quoi qu'il arrive.


Pierre : On a fait un set classique, plan plan.


Stéphane: On voulait pas se tirer une balle dans le pied.


 


Et est-ce que vous écoutez des artistes français?


Stéphane: Pierre c'est une mine là-dessus...


Laury: Deportivo mais ça n'a rien à voir...


Pierre: Feu!Chatterton, Thousand j'adore. François & The Atlas Mountains pour ce qu'il faisait au début, Bertrand Belin...


Stéphane: On a joué aussi avec Gaspard Royant avec qui on a des points communs


Elodie: Moi j'adore Jeanne Added


 


Oui elle est super technique avec sa formation classique et c'est une force, comme elle tu as fait le conservatoire?


Elodie: Oui. Alors je précise que les compos c'est Stéphane, mais l'avantage c'est que je peux rapidement m'intégrer dans ce qu'il présente. Il suffit qu'il chante un air. Après le désavantage c'est que je suis plus timide dans les impros.


Pierre: On a quatre-vingt dix pourcents du boulot qui est pré-mâché quand on arrive, et ça va super vite, sauf pour Laury pour qui c'est laborieux...


Elodie: Je sens qu'on va splitter à la fin de cette interview.


Enguerran: En vrai Laury propose toujours des sons inattendus, c'est le plus indépendant, et c'est un guitariste qui sait ne pas jouer, c'est rare.


Elodie: Oui, il apporte de la couleur par petits points lumineux.


Stéphane: On nous l'envie Laury !


Enguerran: En fait, être beaucoup c'est du boulot, mais le plus compliqué surtout c'est de trouver sa place. Stéphane compose des démos avec une tablette mais on a un morceau en attente pour lequel il faut plus de liberté qu'en apporte le numérique, et du coup on ne parvient pas à l'enregistrer. Retranscrire le live c'est difficile.


 


Ayant un emploi du temps très serré sur le Main Square, je n'ai pas vu la fin de votre set, qu'est-ce qu'il s'y est passé ?


Le groupe: Ouhhh, t'étais pas là alors que c'était les meilleures titres !


Elodie: Franchement, j'ai eu les poils, c'est la première fois que ça m'arrivait sur un des morceaux, c'est un titre qui monte en puissance. La dernière c'est celle qui est la plus énergique et festive.


 


Et sinon, vos impressions de votre passage ici ? Vous aviez des attentes?


Pierre: Absolument aucune.


Stéphane: On le voit même pas comme un tremplin, c'est une opportunité. Personne ne s'est mis de pression.


Enguerran: Comme c'est près de chez nous et que c'est un festival qu'on connait, on savait comment ça allait se passer.


Elodie: Le fait qu'on soit venus nous le proposer, ça change la donne aussi. Si on nous fait confiance c'est qu'on est capables de faire le job. 


Pierre: On avait peur de la grandeur de la scène, surtout qu'on a des gros égos qui prennent de la place.


Enguerran: Ils ont fait un environnement qui donnait l'impression qu'on était sur une petite scène.


Stéphane: Etant un groupe invité et un groupe local, on avait peur qu'il n'y ait personne.. Mais les gens se sont installés...


 


Et le nord en général encourage-t-il les groupes locaux selon vous?


Elodie: On ne cherche pas à tous prix à se faire connaitre, mais je trouve ça difficile quand même. Je bosse moi-même dans une boite de prod', et je constate le fait que c'est devenu compliqué. Il y a une scène lilloise mais on en est pas du tout à s'y raccrocher pour le moment... 


Enguerran: Il y a des endroits à Lille qui préfèrent qu'il y ait un lillois dans le groupe pour pouvoir le produire...


Pierre: Après on est pas trop dans le réseau, on vient de la campagne. Il y a un moment où on eu des articles dans Magic, on avait été à L'Aéronef, on a travaillé avec Dynamo aussi.


Elodie: On en revient au problème de la programmation à six.


Le groupe: Après on aime rester indépendants, si on peut jouer tant mieux, sinon tant pis.


Pierre: Tant pis pour eux !


Stéphane: On prendra les opportunités sympas qui se présentent, mais on n'a pas de frustrations par rapport à ça. On a passé l'âge !


Pierre: On est contents de jouer ensemble déjà !


 


Les projets à venir, quels sont-ils ?


Stéphane: Sortir un disque. On a eu une période creuse autour du covid. On a sorti deux morceaux cette année. Il faudrait sortir six à dix morceau par an, et produire un album l'an prochain. Trouver le bon studio avec le bon producteur pour déléguer. 


 


Merci au groupe pour cette interview !


 


 

Commentaires
MathildeAR, le 15/07/2023 à 15:18
@Walter White: on a la discrétion qu'on mérite ;)
Walter White , le 10/07/2023 à 21:52
Stephane m a payé pour venir supporter le groupe au Main Square, ma fille a même fait une pancarte de soutien au groupe, resultat: on est passé sur BFM LILLE ,super la discrétion ;
DanielAR, le 09/07/2023 à 19:44
La formule définitive : c'est du "seventies contemporain" ! Depuis le temps que je cherchais des termes appropriés... Génial.