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Joy Division : le point culminant de la vague froide


Collectif, le 12/10/2017

Still

 


8 octobre 1981


Suite à la mort inattendue d’Ian Curtis en 1980, c’est toute une nouvelle scène alternative qui s’est retrouvée touchée en plein cœur : le Post-Punk.


De Siouxsie et ses Banshees à l’ex-Sex Pistols Johnny Rotten (devenu John Lydon) à la tête de Public Image Ltd, la simplicité glaçante de la Division a su marquer les esprits et engendrer une vague froide sur laquelle ont longtemps surfé de nombreuses formations à la durée de vie plus ou moins longue. En parvenant à refléter en seulement deux albums et une pognée de singles tout le désespoir d’une génération désenchantée dans un contexte  post-industriel se remettant à peine du séisme Punk dans un pays toujours en crise.


Après l’anarchie dans le UK, on reconstruit, on expérimente, on assemble, on crée un nouveau son et cela on le doit en grande partie à Joy Division.


Déchirés par le suicide de leur leader à l’aube d’une tournée américaine qui allait faire décoller leur carrière, la bande de Manchester change d’identité et surtout de nom en formant New Order, patronyme un tantinet provocateur au vu de la situation politique de l’époque.  Ils sortiront dans la foulée un premier essai, Movement, dont ils peineront à se remettre tant l’accueil mitigé les poussera à se remettre en question et à reconsidérer leur place sur la scène musicale de ce début des années 80.


Perçu comme une tentative désespérée de marcher dans les traces de leur meneur charismatique avec des morceaux relativement simples et un Peter Hook aux fraises, le disque divise et l’on commence à se tourner vers un autre groupe qui commence de plus en plus à faire parler de lui : The Cure. Un rival que les New Order auront du mal à accepter tant ils se sentiront dépossédés de leur style. Pour l’anecdote, on raconte même que le tout jeune Robert Smith aurait été trouver Bernard Sumner dans un bar à la sortie du dernier NO pour lui conseiller d’apprendre à chanter. La véracité de l’histoire laisse à désirer mais, comme l’eut dit John Ford (paraphrasé dans 24 Hour Party People) :  « Si vous devez choisir entre la vérité et la légende, publiez la légende ».


Ainsi et c’est bien connu, lorsque l’on ne parvient pas à faire du neuf, on édite de l’ancien. Le 9 Octobre 1981 parait donc dans les bacs Still, une compilation posthume réunissant sur le premier disque 10 morceaux jamais parus sur album. Le second disque ne comportant qu’un inédit à savoir "Ceremony" bientôt repris par New Order et dont la qualité du mixage gâche le plaisir, c’est plutôt le disque numéro 1 que l’on retiendra dans la discographie du groupe.


Au programme, des inédits avec des ajouts en post-production par les autres membres du groupe, une nouvelle version de « Walked in Line » et une version live de « Sister Ray », reprise du Velvet Underground enregistrée lors de leur ultime concert au High Hall University de Birmimgham. La boucle est bouclée.


Alors que vaut ce Still ? Est-il bien nécessaire ? Force est de constater que certains titres sont incroyables notamment « Dead Souls » et son introduction de plus d’une minute que le groupe avait composé pour servir d’ouverture à leurs concerts, histoire de laisser le temps à Ian de se préparer à une potentielle crise. Une ligne de basse entêtante, la frappe de Morris puissante et un Curtis à fleur de peau, les nerfs à vif, prêt à perdre le contrôle. Le chanteur de Macclesfield sera justement au centre de cette compilation qui tend à lui rendre hommage ce qui se ressent dans le mixage où il n’a jamais autant été mis en avant.


Ian Curtis qui introduit Still avec « Exercise One » et ces mots « When You Look at Life/In a Strange New Room/Maybe Drowning Soon/Is This the Star of it All ?” précédés par la guitare glaçante de Bernard Sumner. Des paroles lourdes de sens, une question écrasante comme laissant présager le suicide à venir d’un Curtis alors sujet à l’isolement et à la dépression. Plus qu’un hommage, Still sonnerait donc comme un testament et possèderait par conséquent plusieurs degrés de lecture.


Still. Encore, toujours. Le fantôme d’un poète moderne. Le génie d’un être torturé sublimé par un mixage froid et complexe. Certes, les puristes jugeront le bousin comme un bricolage de vieilles maquettes, mais sans cela, l’on aurait probablement jamais entendu des morceaux pleins d’inventivité notamment « Ice Age » et son énergie Punk électrisante, « Glass » et sa descente aux enfers, « The Kill » (homonyme d’un autre titre de Warsaw) dans lequel on se débat sur une guitare à la Buzzcocks et surtout la nouvelle version de « Walked in Line » et sa basse incisive, sa batterie réverbérée, ses trois notes de synthé entêtantes et le chant nonchalant d’Ian comme narrateur des atrocités de guerre dépeintes en deux couplets et demi. Still reste cohérent et mérite sa place dans la discographie du groupe.


Enfin, l’ultime morceau, « Sister Ray », la reprise du Velvet qu’avait l’habitude de jouer les Joy Division en conclusion de certains de leurs concerts. Une version qu’ils se sont réappropriés, raccourcie, plus agressive, plus Punk encore une fois. Anecdotique diront certains. Cela dit, ce « Have a Good Night » répété inlassablement de plus en plus fort conclut plutôt bien l’album. Vous en vouliez encore ? Still ou Pour en Finir avec Joy Division. La fête est finie. Un poète s’en est allé.


Ultime vague froide du combo de Manchester, Still possède un style encore plus froid et torturé que ses prédécesseurs. Notamment du fait de son contexte et de son mixage toujours confié à l’architecte du groupe Martin Hannett qui lâche les ballons et s’éclate pour l’ultime production de son groupe fétiche au son unique. Un son qui inspirera par la suite pléthore de groupes de l’époque tels les Sisters of Mercy , Bauhaus et surtout The Cure qui s’apprête à l’époque à sortir sa trilogie gothique comprenant, entre autres,  un monument de la Cold Wave : Pornography.


Still marque donc la rupture définitive de Bernard Sumner, Stephen Morris et Peter Hook avec Joy Division. La dernière valse avant de révolutionner la musique électronique avec New Order qui est sur le point de pondre son Lundi Bleu qui lui ouvrira les portes du succès. Il  y aura bien Substance en 1988 et les John Peel Sessions éditées en 1990 mais sans la participation de NO dont la popularité ne sera alors plus à prouver, surpassant celle de Joy Division. Aujourd’hui encore, certaines personnes ignorent encore que les deux groupes sont liés.


Avec le temps, la Division de la Joie a ainsi acquit un statut de légende dans l’histoire du rock et continue encore aujourd’hui d’inspirer de nombreux artistes. Ian Curtis, quant à lui, demeure cet être si particulier, fascinant et terrifiant à la fois, ayant rejoint le panthéon des poètes partis trop tôt de Rimbaud à Kurt Cobain. Un homme qui ne pouvait échapper à son destin, qui a changé le rock sans le vouloir, sans le savoir et qui continue d’intriguer plus de 30 ans après sa mort.


En cela réside probablement tout ce qui fait le sel de Joy Division, le mystère perdure et participe ainsi à rendre leur œuvre immortelle. Still ou la conclusion, le baroud d’honneur d’un groupe culte. La lie d’une époque. Une page qui se tourne. La transition vers les années 80 qui apporteront elles aussi leur lot de nouveautés et de petites révolutions avec ce qu’on appellera par la suite la New Wave sur laquelle surfera le label Factory dans un Manchester en pleine effervescence.


Joy Division, le son d’une ville, le son d’une époque, le son d’un mouvement.


Arthur

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