
Interview : Charlie Winston
- En Rendez-vous avec lui même

Charlie Winston : Ahh oui ! Mais en fait je crois qu'il n'y pas vraiment 270 sons différents, je pense qu'ils ont un petit peu exagéré (rires) On doit être dans la centaine, et je suis content que ce ne soit pas 270 en fait (rires) c'est trop.
Je trouve cet album beaucoup plus épuré, en tout cas moins fourni que le précédent. Il y a moins d'instruments par exemple ..
(rires) C'est très rigolo car la personne juste avant toi m'a dit l'inverse ! Dans l'interview elle me disait l'opposé parfait de ce que tu me dis ! Donc je ne sais pas, je pense que tout dépend des personnes et des façons d'écouter l'album. En fait il n'y a pas plus d'instruments, pas moins non plus ils sont juste un peu différents, du coup je ne sais pas quoi dire !!
Mais tu en penses quoi personnellement ?
Ma seule opinion est que c'est basé sur des faits, c'est pas vraiment un avis du coup. Quand j'ai fait Hobo, la seule règle que je me suis fixé est que je voulais tous les instruments en acoustique excepté une ou deux guitares. Mais pour celui là j'ai oublié cette idée mais j'ai utilisé autant d'instruments mais de manière un peu plus live. Mais on n'a pas utilisé de cordes, je n'en voulais pas, par contre je voulais vraiment jouer avec mon groupe. Donc le côté ''moins fourni'' vient peut être du fait qu'il y avait moins de personnes. Mais sur la quantité d'instruments je crois que c'était bien la même.
D'accord ! Et au niveau des textes, ils semblent beaucoup plus sensibles, on dirait presque une rendez-vous intime avec toi même
Oui c'est vrai, je crois que c'est un album un peu plus personnel, je crois que j'étais un peu plus dans l’introspection. Et je pense que le succès de Hobo est une expérience que peu de personne ont eu, j'ai relevé des contrastes entre beaucoup de gens et c'est vraiment ce que j'ai voulu exprimer dans cet album. Tu vois, toutes ces oxymores, tous ces opposés qu'il peut y avoir.
Tu abordes aussi beaucoup la mort, l'absence en tout cas et ce dans les deux albums. Que ce soit ''Calling me'' ou ''Lift me gently'', ''She went quietly'' .. C'est un sujet important pour toi ?
Oui oui .. Pour moi c'est vraiment une part de la vie, toutes les attitudes à propos vont pourtant contre ça. On parle beaucoup de la vie, les gens n'aiment pas parler de la mort donc si quelqu'un parle de la mort c'est toute une affaire pourtant je ne trouve pas que ce soit une grosse question. Je pense sincèrement que c'est une étape de la vie.
- Une énergie différente

Oui oui c'était très important pour moi car sur la tournée de Hobo, on n'avait que les morceaux de cet album, et .. c'est pas qu'il n'est pas énergétique car il y a beaucoup d'énergie dedans, mais c'est pas rock'n'roll, c'est une énergie cool tu vois, groovy. Mais pendant nos concerts avec le groupe on était plutôt ''waaahh'' enfin tu vois ce que je veux dire, et je voulais vraiment exprimer ça sur l'album qui allait suivre. Nos concerts étaient dans l'ambiance de l'enregistrement de l'album, donc je voulais vraiment avoir des morceaux qui ressemblaient à des morceaux de groupe sur scène.
Un vrai lâché prise quoi
Oui exactement un vrai lâché prise, laissez un peu de folie ! ''Wild Ones'' et ''Rock in the suburbs'' sont deux bons morceaux pour ça.
Sur la tournée de Hobo vous faisiez quelque chose de très vif. Que ce soit par des moments de beat box ou par des parties instrumentales. Vous continuez dans le même esprit ?
Oui, non, enfin disons que c'est d'une manière différente, la présentation est différente. J'essaye de ne pas refaire le même spectacle, je ne veux pas me répéter. Du coup j'essaye de faire quelque chose de nouveau et unique de nouveau
Et justement, est ce que ça a été difficile de présenter quelque chose de nouveau ?
Euh … (long moment de réflexion). Je ne sais pas vraiment. D'un côté oui et d'un autre non. Oui car je pense que c'est toujours un peu difficile de faire quelque chose de nouveau, c'est un vrai processus de découverte. Tu es plusieurs mois à ne pas trouver de réponse à ce que tu cherches mais d'un autre côté ça vient tout seul assez naturellement et facilement. C'est en balance.
Une balance entre deux albums aussi peut être. Car d'un côté on reconnaît facilement le Charlie Winston que l'on a découvert avec Hobo, on retrouve la couleur de cet album, mais on a aussi de la nouveauté et l'on découvre quelque chose d'inconnu
Je pense que la couleur de l'album vient de ma voix essentiellement. C'est vraiment quelque chose que les gens identifient en premier. Ensuite peut être que depuis Hobo la guitare acoustique reste, et un petit peu le beat box, et c'est ce que les gens reconnaissent. C'est pourquoi sur la première chanson, ''Hello alone'', j'ai mis de la guitare acoustique et du beat box. C'était comme une invitation au nouvel album.
Et le petit côté jazzy, pop
Oui aussi, exactement. Et ce petit côté sera toujours présent
- Le magnétisme de la vie
L'oxymore du titre de l'album ''running still'' et ''still running'' c'est un peu comme une mélodie vive versus émotionnelle. Cet opposé de termes étaient désiré ou c'est arrivé par hasard ?
Euh …. (long moment) Oui. Non en fait j'ai pas compris la question (rires).
Il y a deux couleurs dans cet album, dans le titre premièrement, mais aussi dans le contenu. Un aspect émotionnel face à quelque chose de très vif
Ah oui oui ! Tout repose sur des opposés. La joie, la tristesse, la vie, la mort, l'énergie, le calme. C'est vraiment autour du magnétisme de la vie, on a un ''plus'' et un ''moins'' et tout fonctionne par rapport à ça en allant de l'un à l'autre. Et c'est la vie ! C'est vraiment ce que je voulais illustrer. Et aussi par ça je voulais montrer que le long de cette traversée, tout n'est pas parfait. Le ''plus'' n'est pas parfait, le ''moins'' n'est pas parfait, mais ils doivent fonctionner ensemble.
Vous avez enregistré l'album sur la route ?
Quelques morceaux. Pour être honnête c'est assez difficile d'écrire sur la route, la majorité des morceaux je les ai écrit quand j'avais du temps libre, chez moi ou ailleurs.
C'est pour ça qu'il semble moins ''précis'', moins ''parfait'', plus spontané ?
Peut être, je ne sais pas vraiment. Ça me plaît cette idée de ''moins précis''. Il l'est probablement parce que j'avais moins de temps pour y penser, je l'ai enregistré en seulement quatre semaines, c'était très rapide tu sais, mon premier album je l'ai enregistré pendant cinq ans ! Donc ça faisait beaucoup d'enregistrements à écouter, garder, jeter ..
Tu as travaillé de nouveau avec Mark Plati pour Running Still ?
Non. Tony Berg. Tu connais Medi ?
Oui oui
Eh bien il a produit son album !
D'accord ! En parlant de Medi, je reviens à vos prestations sur scène. Il y avait beaucoup d'improvisations sur la tournée précédente, c'est toujours pareil ? Que ce soit danse, beat box …
C'est un mélange des deux. Mais je pense que je n'en fais pas autant que ce que je faisais. J'ai le sentiment que mes concerts aujourd'hui sont un peu plus .. ''mes'' concerts (rires). Dans le sens où l'énergie libérée est un peu plus contrôlée, je n'ai plus le sentiment de devoir libérer de l'énergie folle sans cesse sur scène. Sur le premier album je le faisais j'avais besoin de l'exprimer, mais mon moi personnel était différent, j'étais plus insolent tu vois, ''malicieux'' (il tente de me le dire en français voyant ma grimace pour ''insolent''), un peu comme un petit cartoon. Là je me sens plus en introspection que ce que j'étais avant, moins d'émotions profondes. J'essaye juste de me connecter à moi même. Et pour faire cela, je tente de présenter tout doucement un autre côté de moi même.
-Merci beaucoup à Charlie Winston bien sûr, mais également Cécile L. d'Atmosphérique et l'équipe du Printemps de Bourges-
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Photos : JP Robin