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Hellfest 2014, une journée en enfer


Nicolas, le 25/06/2014

Sabbath, Bloody Sunday


Alors que je me prépare impatiemment à aller voir Soundgarden, je commence déjà à pester sur une programmation qui fait jouer en même temps les natifs de Seattle et Paradise Lost, les doomeux anglais que j’aurais bien voulu écouter et qu’il va falloir que je sacrifie. Arrivé sur place, je jette un oeil aux écrans géants des mainstages, et tiens, mais on ne m’avait pas dit que Kiss jouait ce soir ? Ah non, c’est pas Kiss, ce sont des types qui, ouh là, se prennent vachement au sérieux. Maquillés comme des spectres, le visage du chanteur semblant éclaboussé de gouttes de sang et arborant un masque d’expressions allant du dégoût à la colère, ils délivrent un metal funéraire qui semble rassasier l’assemblée. Un coup d’oeil à mes fiches m’apprend que j’ai à faire à Behemoth, qu’ils sont polonais et qu’ils font du death-black metal. Bah oui, tant qu’à aller dans l'extrême, autant aller dans tous les extrêmes. Eh ben… heureusement, le set s’achève peu après mon arrivée. L’assemblée se dirige vers l’autre Mainstage, et j’entends un type demander derrière moi : “c’est quel genre de musique, Soundgarden ?” Nan, sans rire mec, tu es sûr qu’on vit sur la même planète ? Au vu de la prestation précédente, j’en doute de plus en plus sérieusement.


Sacré choc de culture, quand même. Soundgarden ne fait certes pas du rock de midinettes (quoique… “Black Hole Sun”, hein), mais on est quand même à des années lumières des olibrius précédents. Quand Chris Cornell arrive sur scène, les cris d’accueil ne semblent pas plus enthousiastes que ça, et nombre de festivaliers détalent dès les premiers coups de médiators. Pas assez heavy, sans doute. Pourtant, même si les américains ont pris de l’âge, même si Kim Thayil affiche maintenant la mine d’un charmant papy barbu à chapeau, autant dire que le son est là et bien là. Soundgarden n’a pas perdu la niaque, Cornell ridiculise tous les autres groupes sur le plan vocal, Ben Shepherd, dans le genre bassiste - colosse d’airain, se pose là, Matt Cameron est vraiment un fucking good drummer. Un concert relativement prévisible, puisant essentiellement dans Badmotorfinger et Superunknown, mais délivré avec classe et énergie. Pas un seul extrait du tout récent King Animal, en revanche, ce qui est assez étonnant. Chris Cornell, même s’il n’est pas toujours très démonstratif sur scène (par rapport à Eddie Vedder, notamment), est bien à son aise et n’hésite pas à nous dire qu’on a une mother fucking good soccer team vu qu’il semble avoir apprécié le récent France - Suisse du mondial avant que Soundgarden n’ouvre pour Sabbath à… Lausanne. Well, thank you les yankees d’avoir mis un peu de rock n’ roll dans cette soirée, même si on aurait souhaité une démonstration un peu plus incontestable.


Même si je sais que je risque d’hypothéquer une place de choix pour le concert de Sabbath à suivre, je ne peux m’empêcher d’aller voir de quoi il retourne au Temple avec Solstafir. L’un des groupes qui m’a le plus intrigué sur cette affiche. Inclassables, étiquetés Black Metal parce qu’il faut bien coller des étiquettes aux gens, ces islandais à l’allure de cow boys trompent leur monde avec un rock totalement inclassable, souvent contemplatif et apaisé, parfois plus viril, avec des vocaux plus scandés que dégueulés, voilà une découverte assurément plaisante et qui me donne envie de creuser un peu plus loin. Je préfère malgré tout m’éclipser avant la fin pour ne pas risquer de me retrouver au fin fond du champ et de ne pas pouvoir apercevoir Tony Iommi. Je suis venu pour lui, quand même. En me rendant jusqu’au mainstage, je constate que des feux follets ont été allumés partout sur les bars et restos de la place, histoire d’accueillir la nuit comme elle se doit. Visiblement, les organisateurs ont le soucis du détail. Arrivé sur les lieux, ouf, j’arrive à me trouver une place à peu près valable. Revers de la médaille, je dois me taper, car il n’y a pas d’autre mot, la moitié du concert d’Emperor. Du Black Metal norvégien considéré comme séminal et influentiel, si j’ai bien compris. L’intérêt aura au moins été de me faire savoir ce qu’est le black. Autre intérêt : me convaincre de ne plus jamais en écouter. Autant le death, ou disons le growl, ça passe à la limite (voyez comme je suis ouvert d’esprit), autant le black, c’est pas possible. Passer trente minutes à entendre un type, en l’occurrence Ishahn, brailler dans son micro comme un démon pervers tandis que Samoth, le guitariste à la tête de serial killer chevelu, lui répond par des growls lugubres, je ne sais pas, j’ai eu comme une léger blocage. D’autant plus quand, sur la dernière chanson, j’entends le fameux Ishahn chanter en voix claire de façon tout à fait convenable. What the fuck ? Ah oui, au cas où vous poseriez la question, le set est conclu par le titre non équivoque “Inno a Satana”. Bon, comme ça c’est clair.


Black Sabbath. Je n’aurais jamais pensé avoir l’occasion de les voir un jour “en vrai”, et ce soir, c’est chose faite. Bien sûr, je ne vais pas encore épiloguer sur les affres de cette dernière réunion ni sur l’absence de Bill Ward. Après tout, Ozzy, Iommi et Butler valent certainement autant que Plant, Page et Jones privés de Bonham (père) lors de l’ultime reformation de Led Zep à l’O2 Arena.Toujours est-il qu’avant même que les artistes n’entrent en scène, la voix taquine du Madman se fait entendre des coulisses, invectivant, faisant réagir. Oui, Ozzy est toujours un peu ridicule, oui il a vieilli, oui il ne chante plus comme avant - et s’il pouvait chanter juste sur tous les morceaux, ce serait déjà bien. Mais Ozzy reste Ozzy, et avant d’assister à l’un de ses concerts, je ne m’étais jamais rendu compte de ce qui faisait son charme. A présent, je pense avoir compris : Osbourne s’amuse, ne se prend pas la tête, a envie de prendre du plaisir et d’en donner. Le voir souriant, joyeux, en un mot heureux sur scène, ne peut qu’entrer en résonance avec les mines d’outre-tombe (au propre comme au figuré) des autres zicos qui se sont donnés en spectacle tout au long de la journée. Les métalleux pensent tout devoir à Sabbath, mais ce serait oublier qu’ils n’ont emprunté aux natifs de Birmingham que les aspects qui les arrangeaient. C’est d’autant plus risible quand d’un côté, on a des gus qui balancent très sérieusement des hymnes à Satan, et que de l’autre, Ozzy n’arrête pas de nous envoyer des “God bless you all” entre chaque chanson en rigolant comme pas permi. Bref, je me suis déjà étanché sur le sujet dans le dossier Sabbath, passons. Ce qui est certain, en revanche, c’est que les quatre hommes sur scène prennent du plaisir, beaucoup de plaisir. Même si Butler reste assez peu expansif, on ne peut qu’avoir la larme à l’oeil lorsque l’on voit Tony Iommi, très malade faut-il le rappeler, se fendre la poire avec son frontman et meilleur ennemi. Quant au son, là encore, c’est une leçon, une vraie leçon de rock, qui nous est apportée. Au cours d’un set d’une heure quarante (moins que les deux heures annoncées, mais quand même), Black Sabbath fait honneur à son statut de légende vivante. Des riffs en pagaille, un son gargantuesque, les solos si particuliers de Iommi, tout concourt à un très grand moment. On reste dans l’héritage métallique pur et dur, à savoir les classiques “Black Sabbath”, “N.I.B.” et la grande majorité de Paranoid, y compris l’excellent “Fairies Wear Boots” et ses changement de tempos en pagaille. Ajoutez-y “Snowblind” et deux titres du nouvel album, “God Is Dead” et “Age Of Reason”, et vous aurez peu ou prou l’idée du set (en rappelant par ailleurs que tous ces titres, s’ils peuvent paraître peu nombreux, sont tous très longs). “Rat Salad” voit l’intérimaire de la bande, Tommy Clufetos, effecteur un solo de batterie assez spectaculaire, alors que juste avant, c’est Geezer Butler qui nous avait gratifié d’un superbe solo de basse. Bref, vous l’avez compris, Black Sabbath n’a nullement démérité et a confirmé, s’il fallait encore en douter, qu’il demeurait l’un des plus grands groupes de rock n’ roll au monde.


Double énorme coup de gueule contre le festival en guise de conclusion : faire jouer Opeth à 1 heure du matin et de surcroît sous la tente Altar. Il faudra vraiment qu’on m’explique pourquoi on offre une mainstage à des gus comme Behemoth, Dark Angel ou Emperor et qu’on parque l’un des plus grands groupes de métal au monde, l’un de ceux qui s’est offert une tournée commune US avec Mastodon l’an passé, pas en tant que première partie mais bel et bien comme tête d’affiche partagée, dans une cage à lapins. Du coup, ça ne loupe pas : même si je me presse, dès la fin du set de Sabbath, pour essayer de me garantir une place décente, le verdict tombe immédiatement à l’arrivée : la tente est bondée, littéralement. Damned. Impossible d’avancer d’un pouce ou d’avoir le moindre point de vue dégagé sur la scène. Lorsque le set commence, bien sûr, la sono n’est pas à la hauteur de l’événement. Le temps d’écouter comme je peux “The Devil’s Orchard” puis “Heir Apparent”, de constater que Mickael Ackerfeldt n’a pas encore renoncé à growler (qu’est-ce que ça aurait fait la nique à 90 % des présents) et qu’il s’avère, c’est vrai, un frontman hyper à l’aise sur scène et n’hésitant pas à vanner tout le monde, je me vois au regret, la mort dans l’âme, de quitter les lieux et de renoncer à l’un des groupes pour lesquels j’avais vraiment voulu faire ce déplacement. Que ce soit dit clairement : Opeth, dans une tente, à 1 heure du matin, c’est une HONTE, ni plus ni moins.

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