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Grim Reaper : jusqu'en Enfer


François, le 16/02/2022

A l'occasion de la sortie d'un coffret rassemblant les trois premiers albums de Grim Reaper (The Grimm Chronicles 1983-1987, novembre 2021), il nous a semblé intéressant de revenir sur la carrière de ces seconds couteaux de la NWOBHM à travers une interview de Steve Grimmett et les chroniques des cinq albums en date. 

Interview de Steve Grimmett


Durant les années 1980, Grim Reaper était certes un groupe de second rang mais il a produit des choses assez intéressantes. En regardant en arrière, quel bilan tires-tu de votre carrière et de la soi-disant New Wave of British Heavy Metal ? 


Nous étions loin d’être ridicules au sein de la scène rock des années 1980, MTV diffusait nos vidéos avec cette question "Voulez-vous en voir davantage sur MTV" et ils ont été inondé de demandes, si bien qu’on a été diffusé au maximum après un seul passage. Nous ne savions rien de la NWOBHM à l’époque, nous pensions que c’était une simplement nouvelle étiquette. En définitive, nous avons vraiment pris du bon temps. 


See You in Hell, votre premier album, est désormais considéré comme un chef-d’œuvre (au moins dans les rangs des fans de Metal traditionnel). Quelles sont les qualités de l’album selon vous ? 


Nous n’avons rien fait de plus qu’enregistrer notre musique et produire un album. L’écho auprès des fans, tant de temps après, est complètement fou. 


Le morceau "The Show Must Go On" est très surprenant, presque comme un slow … Quelques mots à propos de ce titre ? 


Je ne l’ai pas composé mais je l’aime comme si c’était le cas. Nous ne le jouions plus sur scène avec le groupe actuel mais les fans l’ont tellement réclamé que nous avons fini par l’intégrer à la setlist.  


Les deux albums suivant, Fear No Evil et Rock You to Hell sont moins connus. Te rappelles-tu l’accueil qu’ils ont reçu à l’époque ? Peux-tu donner quelques arguments pour convaincre les lecteurs de les écouter ? 


Tu veux surement dire qu’ils ne sont pas aussi populaires … Dans les faits, nous avons mieux vendus ces albums que tous les autres. 


As-tu un projet pour le quatrième album non-publié (sinon sous une forme non-officielle Nothing Whatsoever To Do With Hell) ? 


Cet album a été composé par Nick et moi-même et n’a jamais été pensé comme devant être produit sous le nom de Grim Reaper car les autres membres (moi y compris d’ailleurs) n’aimaient pas le résultat. 


Que penses-tu du contexte à nouveau favorable aux anciens groupes de la NWOBHM ? Grim Reaper, tout comme Diamond Head, Angel Witch, Tygers of Pan Tang ou Tokyo Blade, semble connaître une seconde jeunesse depuis les années 2010, avec de nouveaux albums et sûrement de nouveaux fans. 


J’adore ce qui se passe. Nous avons plus de fans que jamais. Nous avions joué autour du monde dans les années 1980 et désormais nous ne sommes allées qu’aux US mais nous avons vu tant de sourires sur les visages que je sais que nous faisons du bon travail. Pour les deux derniers albums en date, ils sont la conséquence de notre reprise d’activité, et ils se sont bien vendus ; nous n’avons jamais lu de mauvaises critiques à leur propos. 


Que penses-tu du renouveau de la scène Heavy traditionnelle ? Ecoutes-tu des groupes issus de cette nouvelle vague ?


Je dois avouer que je n’écoute pas beaucoup de musique, je ne sais pas pourquoi. Mais il y a des nouveaux groupes qui sont très bons auxquels il faut donner une chance.  


Un nouvel album est-il prévu ? 


Oui, pour mars ou avril !


Pourrons-nous … vous voir en France  - "See you in France" - pour des concerts ou des festivals ? 


Nous adorerions ! N’hésite pas à demander aux programmateurs de me contacter. 


Merci !

See You in Hell - 1983


Que la New Wave of British Heavy Metal soit une invention journalistique, qu’elle cache une réalité bien plus diversifiée qu’il n’y parait et un manque de cohérence ou d’auto-identification, tout cela est désormais admis. Pour autant, il faut reconnaître que la première moitié des années 1980 a connu un véritable renouveau de ce qui s’appelait auparavant le Hard-rock (plus rarement le Heavy Metal), un renouveau en forme de radicalisation saturée, et par là une explosion de formations dont très peu connurent une carrière sur le long terme. 


Ainsi, nombreux furent les groupes qui périclitèrent après un seul album, ou, au mieux, ne dépassèrent pas les années 1980. Parmi eux, Grim Reaper constitue un représentant tout à fait respectable. Formé en 1979, le combo possède toutes les caractéristiques esthétiques typiques de l’époque : une iconographie recherchée avec une mascotte (la faucheuse en personne), un chanteur talentueux réussissant à monter puissamment dans les aigues (Steve Grimmett, le leader), des guitares acérées et une section rythmique intransigeante. Leur premier album, See You In Hell (1983, mais 1984 chez RCA), permet ainsi de mesurer la perspective dans laquelle s’inscrit Grim Reaper. 


Moins enclin aux amusements mélodiques et aux digressions épiques d’Iron Maiden, Grim Reaper propose avant tout des morceaux directs, efficaces, assez courts, très marqués par l’esprit du temps. Il ne sacrifie en rien les moments de gloire à la guitare, en témoigne les passages mélodiques et le solo enlevé de "Liar", mais la plupart du temps, le groupe en vient vite au cœur du propos. Le très bon "Dead on Arrival" propose des harmonies typiques de ces 1980’s britanniques et permet de mesurer la puissance de Grimmett ; puis les "Wrath of the Ripper" (avec ses emblématiques "uh"), le "Now or Never" ("Let’s Gooooooo"), "Run for Your Life" offrent un Heavy carré et fort plaisant. 


Evidemment, certains titres ont plus de relief que d’autres, mais le groupe parvient à briller : "See You In Hell" s’avère être l’hymne de l’album. Riff imparable, refrain mémorable, fioritures de guitare bienvenues, changement rythmique entre le couplet et le refrain pour mettre du relief, solo remarquable, et de belles montées dans les aigues au chant : "See You in Hell" a tout pour plaire pour qui aime le registre du Heavy anglais du début de la décennie. 


Grim Reaper sort un peu de ce registre pour une longue piste qui, contrairement à ce qu’on trouve chez leurs compatriotes, n’est pas une fresque épique. En effet, "The Show Must Go On" est davantage un slow heavy avec ses guitares plaintives et expressives, son rythme soutenu et son chant apaisé. Un titre dont la force vient avant tout de son originalité et de son côté inattendu. 


Devenu culte, Grim Reaper est un fier représentant de la scène Metal des premières 1980’s. On y retrouve les caractéristiques esthétiques propres à cette fameuse NWOBHM agencées avec un certain brio, ce qui justifie totalement le regain d’intérêt pour ce premier album très honorable.

Fear No Evil - 1985


Trouver un écho en queue de comète, comme Grim Reaper par rapport à la NWOBHM, permet de bénéficier de quelques avantages que n’avaient pas les défricheurs. On estime souvent qu’à partir de 1983/1984 (les plus radicaux diront 1981), le mouvement de renouveau du Heavy Metal britannique s’est essoufflé ou compromis : les nouvelles formations sont moins nombreuses, d’autres scènes émergent parfois dans son sillon (Thrash, Power, Black …), et quand les groupes anglais n’ont pas disparu, ils ont souvent fait des appels du pied un peu forcé au marché américain. 


Grim Reaper peut se targuer d’avoir obtenu les faveurs du public d’Outre-Atlantique sans avoir eu à sacrifier sa rage Heavy et son style incisif, et on parle là d’une petite popularité soignée allant jusqu’à des diffusions sur MTV ! Tout de même. 


Fidèle à la démarche de la NWOBHM, le groupe continue de faire vivre des aventures à sa mascotte, la faucheuse en personne, la menant dans une échappée motorisée que Saxon n’aurait pas reniée, quoique son "Crusader" n’aurait sûrement pas apprécié la destruction de vitraux un peu blasphématoire. 


Fear No Evil, second album, maintient donc le cap d’un Heavy traditionnel direct, servit par un jeu de guitare sans faille et un chant de grande qualité : bien qu’Ebony signe la formation, aucun réel penchant vers le Power-Metal n’est à noter. Ainsi, dans la continuité de See You In Hell, ce second opus a pour avantage de maintenir une esthétique plutôt séduisante, et pour défaut de risquer la redite ou de se maintenir dans un registre trop convenu. 


Du côté des morceaux tubesques, "Fear No Evil" ouvre le bal avec des refrains fédérateurs ("Come on Take My Hand") embellis de fioritures bien senties à la guitare. Le torrent de notes en introduction de "Never Coming Back" inaugure une piste d’une belle efficacité, de même que la voix caverneuse et démoniaque de "Lord of Darkness" permet de lancer un titre somme toute assez classique (avec un très beau solo virtuose). Il y a vraiment un côté Saxon première époque dans la façon d’appréhender le Metal : on imagine très bien Biff Byford chanter sur "Let the Thunder Roar". L’introduction cinématographique de "Final Scream" est une bonne idée, permettant d’enrichir un titre presque Thrash qui referme bien Fear No Evil


Le problème de l’album vient donc de son côté trop marqué "Heavy rentre-dedans au format intro-couplet-refrain-solo", avec des sonorités et des plans qui apportent un peu trop d’homogénéité à l’album, qui, bien qu’assez court (une grosse demi-heure) peut avoir tendance à se répéter. Jamais mauvais, Fear No Evil ne prend aucun risque et aligne des titres de la même trempe : "Matter of Time", le facile "Rock and Roll Tonight", l’énervé "Fight for the Last" … Il manque de la diversité ou de la densité dans la composition pour relever les défis qu’imposent la réalisation d’un second album afin de se sublimer. De ce point de vue, Grim Reaper demeure au milieu du chemin. 

Rock You to Hell - 1987


Souvent considéré comme le meilleur album du groupe, indubitablement le mieux produit, Rock You to Hell est également plus en phase avec son époque quoiqu’il fût éclipsé par l’essor des autres sous-genres du Metal (Thrash en tête). Grim Reaper bénéficiait du soutien d’un label solide (RCA) et d'un relais vidéo en prime avec MTV, dont le ridicule fut souligné assez rapidement. 


Le titre est un programme, quand il y a du "Rock" d’une part et du "Hell" d’autre part, on se doute qu’on ne fera pas vraiment dans la dentelle. En résumé, comme la pochette et le "Hell" renvoyant au premier opus l'indiquent, on se doute que ce troisième opus est assez classiquement inscrit dans l’esthétique typique de Grim Reaper. Ainsi, inutile de présenter trop longuement des titres comme "Night of the Vampire", "Waysted Love", le mid-tempo lubrique typé Scorpions "Suck It and See", le Grim Reaper pur-jus et réussi "You'll Wish That You Were Never Born" … Non qu’ils soient mauvais, mais il s’agit tout bonnement de morceaux Heavy efficaces comme le propose le combo depuis le début de la décennie. 


On remarquera peut-être un côté légèrement plus aguicheur sur "Rock You to Hell" (notamment les refrains martiaux), mais il est évident que le groupe ne comptait pas vraiment varier son approche,  en promouvant, comme toujours, un riff incisif et prenant associé au chant puissant (ici particulièrement remarquable) de Grimmett. Taillé pour les grandes arènes, "Lust for Freedom" pouvait faire son effet outre-Atlantique sans qu’on puisse parler de compromission, et "I Want More" joue aussi sur le refrain facile à mémoriser : on reste tout de même dans du Metal britannique classique. 


Dans une autre perspective, "When Heaven Comes Down" lorgne légèrement vers le Power-Metal dans certains plans de guitare ou dans la prestation de Grimmett (mais la pochette, assez fantasy, évoque Helloween avec lesquels ils ont d’ailleurs tourné). "Rock Me ‘Till I Die" semble également présenter quelques velléités du genre. De petites évolutions qu’on peut expliquer par l’esprit du temps ou les rencontres successives, mais rien de fondamentalement révolutionnaire dans l’esthétique du groupe. 


Pour autant, dans son genre, Rock You to Hell s’avère être un album convaincant. Hélas, Grim Reaper ne put pas poursuivre, dans un premier temps du moins, sa carrière au-delà de cette trilogie. En effet, un grave conflit avec Ebony coupe court à l’existence du groupe qui avait pourtant de projets dans son sac. Ils laissent derrière eux une discographie honorable et une illustration de la NWOBHM dans le temps long (au-delà de 1984, considérée comme l’extrême fin de la vague), avec ses difficultés et ses réussites. 

Walking into the Shadows - 2016


Comme Angel Witch et Satan un peu plus tôt en 2012, Grim Reaper fait en 2016 son grand retour discographique après des décennies de silence depuis les années 1980. Le regain d’enthousiasme pour le Heavy traditionnel dans les 2010’s se traduit aussi bien par l’apparition de nouveaux groupes qui renouvèlent la scène (la NWOTHM) ou par la reformation d’anciens combos disparus, grâce aux redécouvertes permises par internet. 


Menée par Steve Grimmett, cette résurrection porte en partie son nom (Steve Grimmett’s Grim Reaper) tout en étant clairement dans l’héritage de la trilogie initiale. Preuve en est de la pochette qui voit le retour de la mascotte du groupe (qui n’est autre que la faucheuse en personne), figure incontournable de sa discographie, au moins autant que le félin des Tygers of Pan Tang ou Eddie pour Iron Maiden


Malgré une production modernisée, notamment au niveau des sons de guitare, Grim Reaper demeure ancré dans un Heavy traditionnel qui mise sur l’efficacité. "Wings of Angels" ouvre l’opus avec un riff classique mais garni de belles idées à la guitare ; à partir de là, les titres saturés et plus ou moins inventifs défilent, toujours relativement prenant, notamment grâce à des refrains accrocheurs (contrairement aux couplets qui restent plus classiques), et aux interventions guitaristiques intelligentes, mélodieuses (les soli sont d’une belle qualité). Il est difficile de ne pas dresser un parallèle avec Saxon, dans sa version classique comme moderne ("Walking in the Shadows", "Call Me In the Morning" …), ce qui est loin d’être un défaut tant ce pilier de la NWOBHM a su insuffler une dynamique remarquable à son esthétique dans les années 2010. Le côté grand-public, toujours géré avec minutie par le groupe (c’est-à-dire sans tomber dans le FM) depuis les 1980’s, est également  de la partie sur le réussi "Thunder". 


On notera que Steve Grimmett, chanteur charismatique et assez marquant dans les années 1980, se maintient à un bon niveau, si ce n’est quand il surestime ses capacités à monter trop haut dans les aigues ; comme Icare, on peut se bruler les ailes ("Wings of Angels") à vouloir atteindre des sommets vocaux un peu trop élevés (on pourrait dire la même chose pour "I’m Coming for You", où le problème est doublé d’un souci d’accordage entre les deux guitares au moment du solo). De petites limites qui ne remettent pas en cause l’essentiel de l’opus. 


En effet, Steve Grimmett’s Grim Reaper redonne vie à une formation culte de la NWOBHM de manière tout à fait honorable avec une collection de titres certes homogène mais taillée dans un Heavy traditionnel de très bon goût. 

At the Gates - 2019


(Chronique initialement publiée le 11/10/2019)


Les vieilles institutions du heavy anglais ont été à l’avant-garde en 2019. Moins connu que d’autres, Grim Reaper est désormais mené – pour ce qui est des membres originaux - par son chanteur Steve Grimmett depuis deux albums. Troisième roue du carrosse, le groupe a trop souvent manqué d’originalité pour réellement percer. Pour autant, on aurait tort de négliger la bande, surtout avec ce nouvel opus fort sympathique. On retrouve toute l’imagerie gothique travaillée depuis les années 1980 et la fameuse faucheuse, ici bien fantomatique, en couverture. 


Bien sûr, il y a des titres quelconques, solides mais sans grand relief (typiquement, "What Lies Beneath" ou le saxonien "Only When I Sleep"), avec leur lot de riffs lourds et soli véloces. Bref, on est ici dans du heavy classique tout droit issu des écuries de la NWOBHM sauce 2019. Rien de bien neuf direz-vous, certes, mais quand même, l’équipage sait jouer et mener sa barque, tandis que Grimmett conserve du coffre. Quand le combo est plus inventif, cette recette peut faire mouche à l’image de "A Knock at the Door" : les plans y sont variés, les mélodies efficaces, bref, une belle tranche de Metal manufacturé avec savoir-faire. 


De même, on se laisse séduire par les refrains entraînants de l’énergique "Venom", des mélodies attachantes sur le pont de "The Hand that Rocks the Craddle" qui avait commencé par un mid tempo orientalisant bien amené. "At the Gates" qui ouvre le l’album annonçait déjà la couleur avec sa puissance jouissive. Les bonnes idées parsèment ainsi l’opus : "Breakneck Speed" possède un refrain calibré pour faire hurler la foule et un solo en litote. 


On notera une première partie d’album plus inspirée que la seconde moins surprenante, mais un ensemble plus qu’honorable et sans réel temps mort, dans une économie interne malgré tout bien pensée (le dernier morceau est parfaitement à sa place, concluant l’album avec le ton adéquat). 


Les connaisseurs trouveront ici de quoi se rassasier sans bouder leur plaisir, quand ceux qui veulent se mettre une petite pilule heavy dans le gosier pour passer le temps seront satisfaits. Que demande le peuple ? 

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