Bandit Bandit
Salle : Maroquinerie (Paris)
Première partie :
Si l’on devait choisir un groupe pour illustrer le retour en force du rock hexagonal, ce serait à n’en pas douter Bandit Bandit ! Soutenu depuis un moment déjà par Albumrock (par l’intermédiaire de chroniques pour le moins élogieuses de Julien : Tachycardie et 11:11), le groupe mené par Maëva Nicolas et Hugo Herleman a su se distinguer en 2023 - une année pourtant riche sur le plan musical - grâce à un album à la hauteur des attentes (si ce n’est plus !). A l’heure où les membres de la rédaction commencent à user de stratégies pour placer leurs coups de cœur parmi le classement annuel des Albumrock Awards, il paraissait opportun de profiter d’une soirée à La Maroquinerie (Paris) en ce mardi 28 novembre pour voir ce que le duo montpelliérain avait dans le ventre.
Plutôt bon signe (et loin d’être anodin), la salle parisienne affiche complet ! Nous débutons la soirée en compagnie de Michelle & les Garçons, un trio pratiquant une pop dansante et fougueuse, riche en paillettes et en énergie 80’s. Armé d’un enthousiasme contagieux et profitant de paroles en français facilement assimilables, le combo angevin ne tarde pas à se mettre le public dans la poche, déroulant de manière convaincante un set à l’intensité variable et aux mélodies accrocheuses. La chanteuse et ses deux acolytes concluent leur tournée de fort belle manière, laissant espérer de belles choses pour la suite.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Bandit Bandit débute son show pied au plancher avec le très rythmé "Curseur", marquant son territoire avec la lourdeur de ses riffs, son groove et la mélodie imparable de son refrain. Radieuse et virevoltante, Maëva Nicolas irradie la scène de son charisme et de sa prestance, n’ayant de toute évidence pas l’intention de se ménager durant la soirée. De l’autre côté, Hugo Herleman s’impose avec classe et panache à l’aide d’un jeu de guitare nuancé et enrichi de multiples influences, permettant notamment au groupe de brouiller les pistes à l’image d’un "Néant" (Tachycardie, EP, 2021) qui sous ses allures de pop ombrageuse dissimule des riffs acérés à la limite du stoner. Accompagné de Anthony Avril (batterie) et Ari Moitier (basse), le binôme restitue de manière tout à fait limpide la plupart des titres présents sur son dernier opus, des compositions qui s’avèrent taillées pour la scène.
Le groupe semble disposer d’une solide fanbase, entre des amis proches qui donnent de la voix et une foule qui reprend avec entrain les plus fameuses paroles de nos bandits. A ce titre, Bandit Bandit fait indéniablement partie de ces formations qui parviennent à manier toutes les subtilités de la langue française, aboutissant à des textes à la musicalité naturelle, accessibles mais aussi terriblement pertinents de par leur portée critique et lyrique.
Si un groupe comme The Kills vient naturellement à l’esprit à l’écoute de "Siamese Love" (un des rares titres interprétés en anglais durant la soirée), force est de constater que les Français disposent de sérieux arguments d’émancipation, démontrant - après seulement 2 EP et 1 album - une multitude de visages, soit d’autant de pistes permettant d'entrevoir l’avenir artistique de Bandit Bandit : la variété désinvolte de "Des Fois", les élans disco de "Si j’avais su", le pop-rock carnassier de "Pyromane" ou encore les sonorités indie de "La Marée"...
Varié, rythmé et parfaitement exécuté, le set des Français ne laisse apparaître aucune baisse de régime jusqu’à son dénouement. Le public en redemande, et le groupe donne tout ce qu’il a pour assurer le spectacle. On pensera notamment à cette séquence voyant Maëva Nicolas poursuivre sa prestation, portée par la foule et flottant d’un bout à l’autre de la fosse. Nous avons également droit à de savoureuses et inattendues reprises (plus ou moins revisitées) : "Ring of Fire" de Johnny Cash - démontrant encore une fois la complicité entre les deux artistes -, "Ballade de Jim" d'Alain Souchon, ou encore une intense revisite de "Bonnie and Clyde" (Serge Gainsbourg).
Le concert se conclut avec un étincelant bouquet final : tout d’abord avec le plus déstructuré et progressif "Nyctalope" (issu du tout premier EP du groupe), l’occasion de mettre en lumière la belle prestation de la section rythmique (basse et batterie) qui dispose tout au long de la soirée d’une belle latitude pour s’illustrer techniquement ; puis avec le remuant et sautillant "Toxique Exit" qui embrase définitivement le public de la Maroquinerie avec ses faux-airs de "Louxor j’adore" de Philippe Katherine.
Quelle soirée ! Me voilà entièrement acquis à la cause de Bandit Bandit ! Le rock français tient désormais son Bonnie and Clyde national. Plus que ça, le duo se positionne plus que jamais comme l’étendard d’un rock populaire, audacieux et chanté en français !
PS : curieux de voir si la 39ème édition des Victoires de la Musique (en février sur France 2 / France Inter) va réussir à passer à côté d’un tel phénomène... #ContreVictoiresdelaMusique (bientôt sur Albumrock)
Setlist :
1. Curseur
2. Néant
3. Des fois
4. Si j’avais su
5. Méchant garçon
6. Pyromane
7. Point de Suture
8. Siamese Love
9. Ring of Fire (Johnny Cash cover)
10. La Marée
11. Ballade de Jim (Alain Souchon cover)
12. Les Maux
13. La Montagne
14. Lucky Luke
15. Nyctalope
Rappel :
16. Bonnie and Clyde (Serge Gainsbourg cover)
17. Toxique Exit