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Critique d'album

Bandit Bandit


11:11


(29/09/2023 - Backdoor Records - Indépendant - Genre : Rock)
Produit par Azzedine Djelil

1- Toxique Exit / 2- Des Fois / 3- Si J'Avais Su / 4- Pyromane / 5- La Montagne / 6- La Marée / 7- Curseur / 8- Point De Suture / 9- L'Orage Est Passé / 10- Lucky Luke / 11- Méchant Garçon
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La couleur des sentiments"
Julien, le 09/10/2023
( mots)

Deux ans, deux longues années à tenir dans nos mains la grenade incendiaire Bandit Bandit. Vingt-quatre mois d'attente après la publication de l'EP Tachycardie : préambule d'une déflagration attendue, espérée, avant que le premier "vrai" album du duo français ne voie le jour. Car les deux précédentes publications de la chanteuse Maëva Nicolas et du guitariste Hugo Herleman ont fait naitre une forme d'engouement -devenue malheureusement bien trop rare- autour d'un groupe de rock indé français.
Sortis respectivement en 2019 puis 2021, Maux et Tachycardie proposaient une alliance détonante entre guitare saignante, chant captivant et plume subtile, tous rassemblés dans une atmosphère délicieusement lugubre. Des compositions, bâties comme des montagnes de russes, qui jouaient magnifiquement leur jeu de montées angoissantes avant de dévaler des pentes vertigineuses. Un manège qui, par son architecture, renvoyait inévitablement au duo britannique The Kills. Une affiliation flatteuse mais qui semble vouée à être inévitablement greffée au duo montpelliérain à l'heure de sortir leur premier album. Alors Maëva Nicolas et Hugo Herleman prennent leur temps, osent des paris souvent gagnants : les concerts donnés en Corée du Sud, la première partie en acoustique de la chanteuse Clara Luciani ; d'autres moins à l'image de leur participation dans l'éphémère émission "The Artist" diffusée sur France 2.
Autant d'aventures qui ont apporté un surplus de substance à l'histoire de Bandit Bandit lesquelles, alliées à la moelle du passé, conduisent à leur déclaration identitaire dévoilée sur ce disque 11:11.


Simple hasard d'un coup d'œil jeté hasardement sur l'horloge du studio d'enregistrement ou heure miroir métaphorique du contenu de l'album. Et si finalement 11:11 n'était pas les deux à la fois ?
La rencontre de l'urgence et du secret.
Un panorama dans lequel on évolue tout du long des trente-quatre minutes de l'album où le terme variation est inscrit dans chacun des composants : les sons, les forment d'écritures, les ambiances diffusées… Tous se métamorphosent et donnent un aspect unique à chacun des titres. Un éclectisme exacerbé qui serait dépourvu de cohérence ? Clairement non. Si la diversité est le mantra du disque, la logique est solidement portée sur deux piliers inamovibles : la voix envoutante de Maëva Nicolas et les riffs pénétrants de Hugo Herleman.


On retrouve Bandit Bandit là où les avait laissés, sur leurs précédentes publications, avec "Point De Suture" et une plongée dans les sonorités oppressantes couplées à un chant carnassier. Le duo semble vouloir appuyer ce registre en nous écrasant sous l'impressionnante lourdeur instrumentale de "Curseur" avant d’être balayée par l'imparable fraicheur de son refrain. Le single "Toxique Exit" sera la synthèse explicite de ce rock immédiat et organique sur lequel le duo montpelliérain réussi à imposer sa signature propre avec une étreinte directe incarnée jusque dans les textes.
Si il élude les paroles proposées dans la langue de Shakespeare, 11:11 voit ses auteurs distiller toute la panoplie d'une écriture tantôt poétique : "car je sais mieux que toi-même comment t'aimer" ("Mauvais Garçon"), souvent métaphorique ("La Marée", "La Montagne"). Puis il semblerait que derrière son carnet de textes, la plume de Maëva Nicolas se soit transformée en un poignard aiguisé, taillé pour transpercer les morceaux d'un passé décomposé par des rencontres nocives : "tu as trop de vices, t'es comme un feu de Bengale sans artifices" ("Toxique Exit"). Une écriture frontale mise au service des combats sociétaux et politiques menés par le groupe : féminicides, place de la femme, dictat machiste à l'image de l'angoissant "Pyromane" ("T'es le pire pyromane, le pire du pire des pires des hommes. Si tu m'embrases, moi je te grille"). Des paroles poignantes chantées au travers du prisme des émotions abordées. Déshabillée de toute pudeur, la voix de Maëva Nicolas se diffuse tel un sortilège d'enchantement. Un charisme envoutant dont l'incarnation la plus forte se trouve peut-être sur la balade mid-tempo "L'Orage Est Passé".
L'odyssée des registres se poursuit entre la rythmique funkie de "La Montagne" et les expérimentations, moins convaincantes, dans une approche plus hip-hop ("Des Fois").
Des virages stylistiques incessant qui mènent le groupe sur les routes de la pop où l'évolution de Bandit Bandit est des plus pertinentes à l'image de l'efficacité minimaliste des quatre accords autour desquels est construite "La Marée". Une recette qui devient infaillible sur le single "Si J'Avais Su" : dans une ambiance rétro futuriste captivante sur l'introduction qui laisse place à un refrain dansant proposé au gré d'une ligne de basse imparable qui font de ce titre le morceau incontournable de l'album. 


A l’origine prédateur carnivore évoluant dans les terres du rock indé, Bandit Bandit devient une créature omnivore. Un régime qui n'altère en rien la férocité musicale du duo. Bien ancré sur des fondations faites d'une voix captivante mariée à une guitare saisissante, Maeva Nicolas et Hugo Herleman lèvent les barrières supposées de ce que devait être l'orientation musicale de ce premier album.
De la mélancolie à l'espoir, de la colère à l'amour, 11:11 est joué au gré des sentiments de ses protagonistes. Il en résulte un disque où les émotions, croisées à l'alchimie technique de ses créateurs, révèlent la personnalité musicale d'un groupe brassé de nombreux courants stylistiques. Armé de singles taillés pour les ondes FM, on comprend que cet opus doit propulser le duo dans une autre sphère d'un point de vue médiatique.
C'est tout le mal qu'on leur souhaite au gré de leurs combats comme la promotion du mouvement "More Women On Stage" et leur propension à mettre en avant la scène rock française actuelle. 


A écouter : "Si J'Avais Su" ; "Point De Suture" ; "Toxique Exit"

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Commentaires
MaximeLAR, le 19/10/2023 à 10:45
Un de mes coups de coeur de cet automne, et la chronique y a grandement participé. Merci Julien !
FranckAR, le 14/10/2023 à 13:22
Très bon album ! Dès la première écoute j'ai su que j'allais accrocher. La chant est captivant, les textes en français fonctionnent à merveille, et le groupe sait lancer des bons gros riffs au bon moment. Merci pour la chronique !