ZZ Top
Fandango!
Produit par
1- Thunderbird / 2- Jailhouse Rock / 3- Backdoor Medley / 4- Nasty Dogs And Funky Kings / 5- Blue Jean Blues / 6- Balinese / 7- Mexican Blackbird / 8- Heard It On The X / 9- Tush
Ayant affronté les boues du Rio Grande à la recherche d’une radio pirate frontalière pour diffuser leur blues-rock groovy, los tres hombres finissent leur course dans un saloon de La Nouvelle Orléans pour danser le fandango sur un mode saturé. Cela aurait pu être l’histoire de ZZ Top si l’on avait suivi le cycle de ses productions comme fil conducteur – en espagnol dans le texte. Si l’on s’en tient à l’étude de leur discographie sur le seul plan musical, Rio Grande Mud était une montée en puissance nécessaire pour atteindre des sommets sur Tres Hombres, une ascension si vertigineuse que la descente, soit Fandango!, risquait d’être périlleuse sans inspiration en guise d’assurance.
Ce manque d’inspiration est d’abord sensible dans le choix de proposer un album à moitié studio et à moitié live, une mauvaise idée propre aux années 1970 dont nous avions déjà eu l’occasion de nous plaindre (mentionnons les essais du Marshall Tucker Band et des Allman Brothers Band, pour ne signaler que des groupes du Sud des États-Unis). En l’occurrence, Fandango! comporte une première face enregistrée à la Workhouse de La Nouvelle Orléans (Louisiane), dont l’extrait le plus connu est la reprise saturée de "Jailhouse Rock", titre célèbre dans la version d’Elvis Presley (bien qu’il n’en soit pas le compositeur, le mérite revenant à Jerry Leiber et Mark Stoller).
L’album commence donc par les cris du public et quelques ultimes balances du trio qui se met en place avant de lancer "Thunderbird", un titre de rock’n’roll sans grande inventivité (mais sans aucun doute très efficace sur scène) qui vaudra des déboires judicaires avec ses compositeurs non crédités, The Nightcaps, un groupe de rockabilly fameux au Texas depuis les années 1950 (mais obscur partout ailleurs). Cette première face est surtout occupée par un long medley bien nommé "Backdoor Medley", qui s’ouvre sur une envolé très rude ("Backdoor Love Affair"), et se poursuit par une reprise de "Mellow Down Easy" de Willie Dixon qui permet des jeux vocaux inattendus de la part du groupe. L’enregistrement est plus ou moins bon et le tout s'apparente à un jam un peu long pour le graver sur sillon – ce qui vient consolider notre perplexité face à ce type de procédé.
Mais le manque d’inspiration se fait également sentir dans la qualité des compositions proposées sur la seconde face, qui restent un style blues-rock solide mais très convenu : certaines sont même carrément anecdotiques et manquent d’entrain ("Balinese", "Mexican Blackbird"), d’autres ont le mérite d’être un peu plus survoltées ("Nasty Dogs and Funky Kings" ou "Heard It on the X", un hommage aux radios de la frontière qui sera prolongé sur Antenna en 1994). La belle interprétation de "Blue Jean Blues" relève un peu ce slow-blues à la composition facile, mais c’est surtout "Tush" qui donne tout son sens à l’album dans la postérité tant ce hard-blues est devenu mythique grâce à son riff imparable.
Vous l’aurez compris, Fandango! est un bon album de blues-rock… Mais il n’est guère plus que cela. C’est un peu décevant de la part du plus grand trio texan qui s’est ici limité au service minimum.
À écouter : "Tush", "Nasty Dogs and Funky Kings", "Blue Jean Blues"