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Aerosmith
Toys in the Attic
Produit par Jack Douglas
1- Toys in the Attic / 2- Uncle Salty / 3- Adam's Apple / 4- Walk This Way / 5- Big Ten Inch Record / 6- Sweet Emotion / 7- No More No More / 8- Round and Round / 9- You See Me Crying
![Note de 5/5](graph/notes/5.png)
![Note de 5.0/5 pour cet album](graph/notes/5.png)
Soyons honnête, le chroniqueur musical aime se sentir original, déambuler en dehors des sentiers battus et s’extraire de l’avis du commun des mortels. Avant d’être un dégoût (Nom de Bourdieu !), le bon goût – celui des prescripteurs auto-institués (donc auto-risés) que nous sommes - est un moyen de distinction : il permet d’afficher un capital culturel dont la plus-value est relative au niveau d’érudition et à sa singularité.
Venons-en à Aerosmith. Je pourrais me montrer iconoclaste, et en l’occurrence puriste, en promouvant au-delà de toute mesure le premier album du groupe de Boston qui est effectivement (et soyez assurés de mon honnêteté) mon préféré. Néanmoins, la force des choses m’oblige à faire preuve d’un peu d’objectivité : le chef-d’œuvre d’Aerosmith n’est autre que Toys in the Attic, album parfait et immaculé, aussi culte qu’historique, puisqu’il vient à la fois couronner leur carrière et l’essor du hard-rock américain.
Il n’y a aucune originalité à affirmer cela puisqu’avant 1975, le combo n’avait pas réussi à trouver son public malgré ses deux premiers et excellents albums, et qu’il avait justement besoin de Toys in the Attic pour que lui soit ouvertes les portes de la gloire. Carrière qui décolle (Aero-Smith), redécouverte de "Dream On" qui reparait en single (et devient un tube par la même occasion) ainsi que des opus précédents, album désormais neuf fois disque de platine : la success story commence véritablement à ce moment pour les bad boys.
Il est certain que le succès de Toys in the Attic doit beaucoup à ses deux singles promotionnels, deux titres qui demeurent indétrônables au sein du panthéon du rock. Nous parlons évidemment de "Walk This Way", un funk-hard-rock inspiré par The Meters, certes excellent mais rendu indigeste à force de surmédiatisation (sans compter le sabordage que constitue la version plus tardive opportuniste avec Run D.-M.-C.). À ses côtés, "Sweet Emotion" est un des autres piliers du répertoire du groupe sur lequel il est inutile de s’étendre tant il sera plus tard réutilisé ad nauseum dans des œuvres plus ou moins méritoires de la pop culture.
Un mot tout de même, au-delà de son introduction sublime et de son riff imparable, "Sweet Emotion" laisse voir la richesse instrumentale dont est dotée l’opus (marimba à la basse, talk box), que l’on remarque également sur le slow canonique "You See Me Crying" qui se voit doter d’un orchestre symphonique. L’expérience acquise au cours des années précédentes, un long travail d’écriture (dont deux mois en studio) et l’aide du producteur Jack Douglas ici plus investi que jamais, expliquent le raffinement du résultat.
Maintenant, soyons un peu original. Selon nous, les meilleures pièces de l’album sont "Toys in the Attic" et "Adam’s Apple", le premier pour sa fougue de rouleau compresseur et pour la communion impressionnante entre le chant et la guitare, le second pour le groove de son riff et sa montée en puissance sur les couplets – et ses cors ! En outre, nous ne saurions négliger le prenant "No More No More", entre slow et rock’n’roll, sorte d’hymne ultime du rock américain - et tellement en avance sur son temps. À l’avant-garde du (futur) Metal cette fois-ci, le Heavy zeppelin-ien "Round and Round" qui écrase presque toute la concurrence dans ce registre. Même le vagabondage "Uncle Salty" ou le rock’n’roll de cabaret "Big Ten Inch Record", il est vrai moins exceptionnels, parviennent à convaincre.
Alors qu’Aersomith a parfois mauvaise presse parmi les puristes, il faut que ces derniers se rappellent qu’avant d’être une attraction Disney ou une caricature de rock US mainstream dans les années 1990 (une critique que nous comprenons même si nous apprécions aussi cette période du groupe), le groupe de Boston avait été une des plus grandes gloires du hard-rock des 70s. Un petit tour dans le grenier devrait suffire à les convaincre.
À écouter : "Toys in the Attic", "Adam’s Apple", "Walk This Way", "Sweet Emotion"