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Critique d'album

Wolverine


Machina Viva


(08/07/2016 - Sensory Records - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par Wolverine

1- The Bedlam Overture / 2- Machina / 3- Pile Of Ash / 4- Our Last Goodbye / 5- Pledge / 6- When The Night Comes / 7- Nemesis / 8- Sheds
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le prog-rock habité des suédois est parvenu à sa pleine maturité. Une totale réussite."
Nicolas, le 06/09/2016
( mots)

Discrétion, un terme qui semble bien s’appliquer aux suédois de Wolverine, groupe qui fête tout de même cette année ses vingt-et-un ans de carrière (!) et ce dans un anonymat quasi-complet. Signés sur un label cryptique (Sensory Records, jamais entendu parler), les prog-rockers, initialement rattachés au death metal - ce qui explique sans doute ce patronyme “toutes griffes dehors” - ont très vit tourné le dos à la violence musicale, cantonnant le versant métallique de leur musique à sa portion congrue, paroxysme que l’on retrouve sur ce cinquième album (seulement) depuis 1995, cinq ans après le réussi Communication Lost. Remercions donc les ténors du créneau de s’être montrés si peu présents ces derniers temps, faute de quoi on aurait risqué de passer au travers des griffes du mutant.


On ne vous parle bien évidemment pas des cadors du metal progressif, tellement il est évident que cette formation, à l’instar d’Anathema voire même d’Opeth dans ses derniers émoluments, n’a désormais plus grand chose à voire avec l’étiquette metallique. Déjà, regardez un peu la tronche qu’ils ont. Pas un poil qui dépasse, contrairement à leur homologue Marvel plutôt hirsute. Pas un seul cheveu de plus de cinq centimètre, et encore la raie proprette de Marcus Lobjert apparaît comme la seule concession du groupe faite à la profession capillicole, pour paraphraser un certain Pierre Desproges. Non, on vous parle des autres, des gentils, sensibles et cérébraux prog-rockers suivant le sillage de Mr Steven Wilson. S’appuyant sur le chant très mélodieux de Stefan Zell - une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Mikael Ackerfeld, ce qui est un sacré compliment -, Wolverine développe des textures apaisées sur des structures rythmiques asymétriques telles celles qu’affectionnent Tool, que mettent en contraste quelques saillies de guitare acérées. Mais il y a aussi du Marillion dans leur façon de tisser des ambiances étranges et épiques, de surcroît dans leur parfaites utilisation des claviers. Tous ces éléments ne sont pas là pour déprécier la personnalité musicale des suédois, même si à l’évidence, on pense beaucoup aux acteurs pré-cités à l’écoute de Machina Viva. Mais cela ne signifie pas que cet alliage d’influences n’a pas été savamment dosé : un coup d’oreille insistant à cette galette vous en convaincra d’ailleurs.


Cependant, ce n’est probablement l’introductif “The Bedlam’s Overture” qui vous convertira tout de go, même si ce titre déploie toute la palette sonore et stylistique de Wolverine. Long - quatorze minutes d’entrée de jeu ! -, tortueux, éclaté, ce morceau de bravoure ne séduit pas dans l’immédiateté, eût égard sans doute à un petit défect mélodique, un manque d’air porteur que vient contrebalancer un foisonnement instrumental qui sait pourtant rester limpide. Toujours est-il que si “The Bedlam’s Overture” ne vous convainc pas (tout de suite), ne vous y arrêtez pas, poursuivez votre écoute : vous n’allez pas en revenir. “Machina” va vous entraîner en plein trip marillionesque, rappelant même par certains côtés les talentueux Gazpacho dans ce traitement sobre et traînant de la voix, par les montagnes russes que Zell déploie sur fond électronique rémanent, les guitares tenant de longues notes aiguës en toute pudeur. Plus loin, Pink Floyd se marie avec Opeth sur le jazzy “Our Last Goodpbye”, le chamanisme de Tool s’acoquine de samples vocaux et de claviers futuristes sur l’haletant “Pledge”, l’acoustique côtoie la pop song - miraculeuse mélodie -, le rock compact et les percussions claniques sur l’épatant “When The Night Comes”, pas du tout aussi sombre que le voudrait le thème vespéral qu’il porte, et le piano entraîne à sa suite de complexes arpèges de guitare métalliques s’aventurant dans une palpitant et tortueux voyage musical traversé de fulgurances Wrightiennes (“Nemesis”, aussi superbe que roboratif). Vous le voyez, il y a ici de la matière, de la réussite, et beaucoup, beaucoup de talent.


Mais ce que l’on retiendra surtout de Wolverine et de ce magnifique Machina Viva, ce qui risque de vous faire basculer dans les rangs de leurs défenseurs, c’est Stefan Zell, ou plutôt son chant. Les grandes voix, celles qui sont capable de sublimer une œuvre, voire de porter à elles seules tout un titre, sont rares, et le suédois en possède une. Écoutez donc le conclusif “Sheds”, petit trip synthétique béat à l’ancienne, tout entier articulé autour des couplets suaves de l’intéressé. Écoutez surtout “Piles Of Ash”, le meilleur morceau du disque. Et pourtant, sur ce dernier, il n’y a rien ou presque : Zell se retrouve quasiment à nu, tout juste soutenu par quelques arpèges cristallins de Jonas Jonsson, mais l’exaltation, la puissance émotionnelle que le chanteur met dans son interprétation est à couper le souffle. Oh certes, il y a de l’Ackerfeld en lui, on ne saurait le nier. Mais à ce rythme là, on se demande qui des deux sera cité en exemple de l’autre. En tout cas, nul doute que Wolverine vaut un sacré coup d’oreille, en particulier avec ce cinquième album particulièrement soigné et abouti. Si seulement ils pouvaient se montrer plus prolifiques, et s’ils arrivaient à signer sur un bon label, extra-métallique cela va sans dire - au choix : Kscope, Superball, Inside Out, voire même Roadrunner - ils pourraient enfin percer et surtout être reconnus par leurs pairs et par le public. Et c’est tout le mal qu’on leur souhaite.

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