The Stranglers
Giants
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1- Another Camden Afternoon / 2- Freedom Is Insane / 3- Giants / 4- Lowlands / 5- Boom Boom / 6- My Fickle Resolve / 7- Time Was Once On My Side / 8- Mercury Rising / 9- Adios (Tango) / 10- 15 Steps
Après une longue traversée du désert sur le plan de l’inspiration, les Stranglers sont revenus à un niveau honorable avec le satisfaisant Norfolk Coast (2004) et le très bon Suite XVI (2006) qui comportait plusieurs pépites en son sein. L’arrivée de Baz Warne à la guitare et au chant est désormais acquise, n’en déplaise aux inconditionnels d’Hugh Cornwell. Au point que sur la pochette de Giants, le dix-septième album du combo, les Stranglers sont enfin représentés dans la forme que leur nom suggère : des gibiers de potence auxquels le destin promis finit par advenir. La photographie a un côté punk et sarcastique indéniable, promettant un retour aux sources salutaire.
Car s’il fallut attendre six ans pour voir arriver un successeur à Suite XVI, il ne faudrait pas pour autant attendre quelque chose de particulièrement élaboré en raison de cette longue gestation : Giants se veut être un album épuré, raffiné, et proche du son orignal, ou des sons originaux, des Stranglers. La fougue de "Lowlands", le tube de l’opus qui demeure toujours des années plus tard dans les setlists, répond ainsi à l’introduction de "Freedom Is Insane" qui rejoint l’ambiance éthérée des années 1980 avec tout de même une attaque plus agressive. On retrouvera même des aspérités de Feline sur "Adios (Tango)", un tango revisité et chanté en espagnol, qui muscle par une guitare bruyante les lignes de synthés dignes d’"Always the Sun". Assez varié pourtant, l’album passe du bluesy instrumental à la basse agressive "Another Camden Afternoon" au rap électro-cajun "Mercury Rising", et se termine dans un style plus connu et maitrisé avec le typique "15 Steps".
Tout est bon ? Non, bien sûr, mais le groupe n’a jamais été capable du sans faute (sauf peut-être dans ses trois premiers albums), trop punk qu’il était pour cela. Punk dans l’esprit bien sûr, parce que les dérapages donnent plutôt dans le domaine du kitsch, avec légèreté en ce qui concerne "Boom Boom" ou avec des gimmicks caricaturaux pour l’insupportable "Time Was Once On My Side". Nous pourrons aussi regretter un petit manque d’énergie dans l’interprétation de certains titres ("Giants", "My Fickle Resolve"), mais les années commencent peut-être à se faire sentir.
Parmi les nombreuses formations des 70’s encore actives dans les années 2010, les Stranglers font indubitablement partie de celles qui continuent de satisfaire le public sur scène et en studio. Cette nouvelle production est loin d’atteindre le sublime de leur âge d’or, mais elle ne lui fait pas non plus affront.
À écouter : "Lowlands", "15 Steps", "Adios (Tango)"