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Critique d'album

Teramaze


Eli: A Wonderful Fall from Grace


(24/05/2024 - Wells Music - Metal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par Dean Wells

1- A Place Called Halo / 2- The Will of Eli / 3- Step Right Up / 4- I Mantissa / 5- Madam Roma / 6- Standing Ovation / 7- Hands are Tied / 8- A Wonderful fall from Grace
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Une pièce de choix dans l’imposante discographie des Australiens"
Franck, le 27/08/2024
( mots)

Particulièrement méconnu en France (et en Europe de manière générale), Teramaze est pourtant une formation qui œuvre de longue date du côté de l’Océanie. Formé à l’aube des années 1990 par le guitariste Dean Wells (alors que celui-ci était encore adolescent), Teramaze - anciennement Terrormaze - a su traverser les décennies, résistant à d’intempestifs changements d’effectif (on parle de plus de 25 musiciens depuis la création du groupe…), un passage à vide dans les années 2000, et des réorientations stylistiques plus ou moins radicales (le thrash metal des débuts laissant place à un metal prog alternant entre l’épique et le mélancolique). En résulte, une carrière avec ses hauts et ses bas (qui n'en reste pas moins exemplaire) et une discographie qui n’attend plus qu’à être découverte à plus grande échelle. 


Pour son dixième opus (hors EP et compilations), le groupe de Melbourne voit les choses en grand en proposant une préquelle aux albums Her Halo (2015) et Sorella Minore (2021). Ce nouveau concept-album revient ainsi sur la jeunesse du personnage d’Eli, déjà introduit dans les œuvres précédentes. Jeune homme vendu comme esclave, Eli est contraint de travailler sur un navire jusqu’à ce qu’un naufrage, auquel il survit miraculeusement, change le cours de son destin. Il trouve ensuite refuge dans le fameux cirque du Halo, où il devient peu à peu la vedette. Toutefois, son ascension ne sera pas sans conséquences, l’album explorant des thèmes tels que l’enchantement, l’amour, mais aussi la trahison…


Album-concept oblige, Eli: A Wonderful Fall from Grace est ponctué de petits interludes atmosphériques qui illustrent les différentes péripéties du personnage principal. L’introduction, par exemple, évoque de manière assez explicite le moment où Eli échappe à la noyade. 


Sur le plan musical, l’album se révèle dense et superbement produit. La technique y est présente sans jamais sombrer dans la démonstration, et le mélange des styles s’avère particulièrement réussi. Les riffs heavy se teintent parfois d’une touche orientalisante ("Step Right Up"), tandis que l’intégration régulière de violons renforce l’approche émotionnelle tout en dotant certaines compositions d’une dimension plus symphonique. Le groupe déploie une palette stylistique impressionnante, évoquant aussi bien TesseracT par la modernité de la production et la puissance de la section rythmique, que des formations plus anciennes comme Queensrÿche ou Dream Theater (période Images and Words). Puisant dans des éléments de heavy, de djent et de power metal, il est difficile de classer les Australiens dans un registre précis. Cette diversité est d'autant plus marquée lorsque le groupe intègre des influences plus accessibles et pop, comme en témoigne le très entraînant "Standing Ovation", dont le rythme dynamique et les envolées d'orgue rappelleraient presque Ghost.


Les amateurs de prog apprécieront également l'ampleur des compositions, qui, sans jamais en faire trop, se révèlent à la fois ambitieuses et audacieuses. Prenons l'exemple du redoutable "Madam Roma", un morceau aux riffs féroces et au refrain particulièrement ravageur. Le morceau se distingue par ses nombreux changements de rythme et de tonalité, incluant même un passage de growl particulièrement explosif. Le groupe se distingue surtout par ses ponts et breaks, souvent surprenants, qui constituent fréquemment le point culminant des morceaux.


Si la première partie de l'album s'avère assez irréprochable dans son genre, quelques réserves peuvent être émises sur la seconde moitié, où les arrangements perdent en subtilité. L'émotion y est parfois trop forcée ("Hands are Tied"), véhiculée par un power metal se voulant épique et mémorable pour son grand final. La conclusion de 14 minutes, "A Wonderful Fall" souffre inévitablement de ces écueils : bien que ponctuée de saisissants moments de bravoure, elle s'étire parfois de manière grandiloquente et verse dans une certaine mièvrerie, sans parler d’une partition de saxophone, qui au lieu d'apporter une touche originale, finit par sembler kitsch et peu pertinente.


Malgré ces quelques réserves (somme toute subjectives), Eli: A Wonderful Fall from Grace reste un album particulièrement solide et efficace qui saura convaincre les amateurs de metal prog par sa richesse et sa qualité de production. Il s’agit en outre d’une excellente porte d’entrée dans l’univers de Teramaze, un groupe qui semble se bonifier avec le temps.


 


A écouter : "Madam Roma" ; "Standing Ovation"


 

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