Soulsavers
Broken
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1- The Seventh Proof / 2- Death Bells / 3- Unbalanced Pieces / 4- You Will Miss me When I Burn / 5- Some Misunderstanding / 6- All the Way Down / 7- Shadows Fall / 8- Can't Catch the Train / 9- Pharaos Chariot / 10- Praying Ground / 11- Rolling Sky / 12- Wise Blood / 13- By my Side / 14- Sunrise (bonus track)
Une nouvelle fois réunis, Mark Lanegan et les Soulsavers s'y sont engagés : avec Broken, les âmes sensibles ne seront pas épargnées. Le chanteur à la posture ténébreuse y imprègne de sa voix sublimement éraillée pas moins de neuf titres sur quatorze. Par laquelle, plus encore que pour It's not how far you fall, it's the way you land, il nous invite à partager un voyage electro, trip hop, americana auprès de ses amis.
Ce périple sur des terres sombres et poussiéreuses nous plonge de suite dans des atmosphères cinématographiques. Entre L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (musique de Nick Cave et Warren Ellis) et There Will be Blood (musique de Jonny Greenwood), "Seventh Proof" et "Wise Blood", les deux instrumentaux de l'album évoquent immanquablement les ambiances de ces deux westerns naturalistes. Une partie du décor est planté. Et qui d'autre de mieux que Mark Lanegan pour le magnifier ? Son nom est... personne. La preuve, même s'il est épaulé par d'autres chanteurs reconnus, ils ne sont réellement là que pour souligner sa voix. Sur "Death Bells", une chevauchée du diable, Gibby Haines des Butthole Surfers ne fait qu'une apparition sonore, tout comme le grand Mike Patton avec "Unbalanced Pieces". Ce dernier morceau, pleinement trip hop et au refrain complètement tripant, étant un must digne de "Revival". Le très americana Will Oldham est aussi de la partie puisque Mark Lanegan reprend "You Will Miss me When You Burn", superbe piano-voix, alors que Will lui rend la pareille en chantant son "Sunrise", le bonus track.
Si tout ce très lourd vaut son pesant d'or on regrette toutefois la longueur inutile qui étire d'autres morceaux alors que sur deux d'entre eux, l'unique présence d'une chanteuse inconnue, Rosa Agostina du groupe australien Red Ghost, souffre également de la comparaison. Exception faite de son duo avec Mark ("Rolling Sky"), un extraordinaire et apocalyptique jazz-blues au saxophone dissonant. Au long de cette traversée, on ne peut que se rendre à l'évidence du charisme de Mark Lanegan, à la voix immuable et aux chansons protées qui sait aussi bien personnifier un air de gospel ("All the Way Down") qu'un blues de saloon ("Can't Catch the Train").
Toutefois, on n'oubliera pas que Broken est avant tout un album des Soulsavers. Et si ces deux Britanniques ont trouvé le bon filon à l'ouest en confiant leur exploitation à d'autres c'est aussi parce qu'ils ont le talent de les mettre en avant avec leurs formidables arrangements. Avec quelques guitares en sus, cette étroite association de bienfaiteurs n'a pas fini de faire des heureux sur leur route...