Saxon
The Inner Sanctum
Produit par Charlie Bauerfeind
1- State of Grace / 2- Need For Speed / 3- Let Me Feel Your Power / 4- Red Star Falling / 5- I've Got To Rock (to Stay Alive) / 6- If I Was You / 7- Going Nowhere Fast / 8- Ashes To Ashes / 9- Empire Rising / 10- Atila The Hun
En 2004, Lionheart avait été la pierre de touche du renouveau esthétique de Saxon : le nouvel édifice avait déjà bénéficié de bases solides, le voici auréolé d’une majestueuse coupole. Le XXIème siècle devait donc poursuivre les pérégrinations de la plus productive des formations de la NWOBHM, seul vestige de cette scène prometteuse, aux côtés du mythique Iron Maiden et du pseudo-yankee Def Leppard, à pouvoir revendiquer une véritable carrière.
Trois ans plus tard, The Inner Sanctum prolonge la quête Power-Metallique et le retour à la batterie du membre historique Nigel Glocker ne change en rien cette direction. Au contraire, l’album choisit de commencer par sa pièce la plus épique, l’excellent "State of Grace", qui renoue avec les introductions instrumentales (ici intégrée au titre) pour bâtir une cathédrale gothique (pour les chœurs, la solennité des arpèges, les orgues) et metallique (pour les guitares). De même, le mid-tempo "The Red Star Falling", célébration de la chute de l’URSS, installe la profondeur historique de l’événement par des arpèges émouvants, des riffs intenses et surtout, un Biff Byford décidemment au sommet de son art en termes de puissance et de modulations. En outre, c’est sur cet album que se trouve le titre le plus long de l’histoire du combo, "Attila the Hun" qui, avec son introduction "Empire Rising", avoisine les neuf minutes. Passé le prélude évidemment lyrique, le titre est moins grandiloquent que dévastateur, à l’image du fléau de Dieu sous les pas duquel l’herbe de repousse pas – on parle de riffs véloces et d’un pont doomesque qui annonce le solo.
Comme sur Lionheart, Saxon confirme être devenu un groupe beaucoup plus agressif, en témoigne le speed et brutal "Let Me Feel Your Power", imparable sur scène. Hélas, la plupart des titres est moins inspirée que sur le précédent opus et on qualifiera d’honorable – et pas plus – le travail réalisé sur "Need for Speed" ou sur le vaguement moderne "If I Was You".
En outre, les Anglais semblent essayer de rassurer leur public originel avec des morceaux plus calibrés, plus proches du Saxon canonique, et peut-être plus fainéants dans la composition. Ainsi, "Going to Nowhere" hybride le Saxon originel avec Accept de même qu’"Ashes to Ashes", mi-épique mi-bas du front, s’essaye aux chœurs virils et germaniques. Quant au sympathique "I’ve Got to Rock to Stay Alive", il suinte son ACDC du riff jusqu’aux paroles, mais on notera tout de même, pour la version single, les invitations adressées à Lemmy, Andi Derris d’Helloween et au plus australien Angry Anderson de Rose Tattoo.
Ces petites facilités dans l’écriture empêchent The Inner Sanctum d’atteindre la qualité de Lionheart, dont les titres secondaires (pour ne pas dire de remplissage, ce serait leur enlever toute qualité intrinsèque) étaient plus pertinents. C’est regrettable car il y a des moments magistraux ("State of Grace", "Attila the Hun") qui en font un grand album.
À écouter : "State of Grace", "Let Me Feel Your Power", "The Red Star Falling", "Attila the Hun"