Saxon
Lionheart
Produit par Charlie Bauerfeind
1- Witchfinder General / 2- Man and Machine / 3- The Return / 4- Lionheart / 5- Beyond the Grave / 6- Justice / 7- To Live by the Sword / 8- Jack Tars / 9- English Man'o'War / 10- Searching for Atlantis / 11- Flying on the Edge
Depuis Unleash the Beast (voire Dogs of War - 1995), Saxon remodèle son approche du Metal afin de regagner les cœurs du public. Le groupe se montre plus moderne donc plus brutal – l’excellent Doug Scarratt, arrivé en 1996, et Nibbs Carter avant lui, y sont pour beaucoup. Il faut ajouter à cela le contexte germanique derrière Lionheart, c’est-à-dire l’arrivée de Jörg Michaels à la batterie (ancien membre, entre autres, de Grave Digger, Rage, Running Wild et Startovarius) et la supervision du producteur Charlie Bauerfeind, chaperon de toute la scène Power germanique – et en particulier des proches de Saxon que sont Blind Guardian. D'ailleurs, ces derniers ont peut-être inspiré l’idée de la courte ballade acoustique "Jack Tars".
En parallèle, Byford gagne en maturité dans l’écriture des textes qui abordent de plus en plus régulièrement des thèmes historiques et colorent les compositions d’un propos épique, comme en témoignait déjà Killing Ground (2001). Plus brutal dans sa musique, plus épique dans ses thèmes : Saxon se mue petit-à-petit en groupe de Power Metal et signe avec Lionheart son album le plus violent et le plus héroïque de sa discographie - jusqu’alors, puisqu'Into the Labyrinth (2009) sera presque symphonique.
L’ouverture osée qu’est "Witchfinder General" bouscule l’auditoire avec une musique qui, bien loin du proto-Doom de la formation de la NWOBHM du même nom, impose un Power Metal au riff bouillonnant, à la batterie tonitruante et au solo véloce. Très puissants, l'anecdotique "Man and Machine" et l’excellent "Justice" alternent un riff simple et plutôt musclé avec des refrains plus éthérés dotés d’arpèges – un nouveau gimmick de composition du groupe qui vise à complexifier les titres. Dans un autre registre, le moderne "Beyond the Grave" use aussi de ce stratagème et même les morceaux plus proches du Saxon canonique ("English Man’o’War", "Flying on the Edge") se parent des attributs destinés à apporter cette cure de jouvence.
Preuve d’une maîtrise de plus en plus aboutie de l’esthétique Power Metal, les pièces inscrites dans ce registre sont aussi nombreuses que louables - le très recommandable "To Live by the Sword", "Searching for Atlantis". Mais c’est l’épique "Lionheart", ode à la gloire du célèbre roi anglais, qui atteint des sommets : si Saxon comptait renouer avec "Crusader", il fait plus qu’y parvenir - oserait-on affirmer que ce titre dépasse son prédécesseur pourtant devenu classique ? Cérémonieusement introduit par "The Return", "Lionheart" réunit toutes les caractéristiques de la geste power-metallique : refrain hymnique, pont épique, variations rythmiques, solo expressif. Il n’en fallait pas moins pour que les guerriers des Midlands reviennent sur le devant de la scène et soient convaincus du chemin à suivre.
Difficile de déterminer quel album marque véritablement le tournant esthétique de Saxon entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, entendre cette direction Power Metal qu’ils conservent encore aujourd’hui : sans aucun doute par contre, Lionheart en constitue le premier aboutissement.
À écouter : "Lionheart", "Justice", "To Live by the Sword"