Saxon
Thunderbolt
Produit par Andy Sneap
1- Olympus Rising / 2- Thunderbolt / 3- The Secret of Flight / 4- Nosferatu (The Vampire's Waltz) / 5- They Played Rock'n'Roll / 6- Predator / 7- Sons of Odin / 8- Sniper / 9- A Wizard's Tale / 10- Speed Merchants / 11- Roadie's Song / 12- Nosferatu (The Vampire's Waltz) Raw Version
"Je n’aime pas trop la nouvelle direction prise par le groupe", telle fut la remarque ironique d’un ami lors de la parution du morceau "Thunderbolt" qui faisait office de single pour la promotion de l’album éponyme. Ce genre d’accusation est un marronnier pour moquer de nombreuses formations ayant de la bouteille : écriture en roue libre, manque d’inspiration et d’originalité, répétitivité … Mais comme le dit avec humour et justesse Biff Byford (le chanteur), Saxon ne va pas se mettre à faire du Lady Gaga ni du U2 ; par ailleurs, s’il essayait, ceux-là même qui leur reprochent un manque d’originalité les voueraient aux gémonies pour hérésie.
Certes, cette vingt-deuxième pierre à l’édifice du groupe reprend les vieilles recettes : références mythologiques à la pelle (Zeus, Icare, Odin …), ode aux deux-roues ("Speed Merchants", qui s’offre le luxe d’un ronronnement introductif), des citations flagrantes (sur l’hommage à Lemmy bien sûr, "They Played Rock’n’Roll", mais également sur "Sons of Odin" rappelant Dio), et disons-le, un titre dispensable ("Sniper"). De même, la pochette renvoie à l’imagerie et à l’esthétique NWOBHM. Est-il surprenant de dire que Saxon joue la musique qu’il aime, et, que tout amateur du groupe – et a fortiori, tout fan – trouvera dans Thunderbolt ce qu’il attendait ? Rien d’inattendu, d’accord, mais pas de radotage non plus.
En effet, cette continuité - intégrité - musicale n’exclut pas de réelles innovations, bien dosées, ne dénaturant pas le propos du groupe : du growl sur "Predator" (effectué par Hegg d’Amon Amarth) superposé au chant de Biff, une ambiance gothique sur "Nosferatu" servie par une orchestration puissante, et une production résolument moderne grâce au travail d’orfèvre d’Andy Sneap.
Mais ce qui fait la force de Saxon depuis au moins The Inner Sanctum (2007), c’est la construction des titres. Si la structure globale demeure plutôt simple, avec des riffs efficaces, les mélodies sont toujours – et cela même dans l’écriture des solos – forgées avec un grand soin, et les détails ont été traités avec une attention donnant tout leur relief aux morceaux. Le pont de "Predator" durant lequel un solo est joué, tranchant avec l’atmosphère du titre, les variations épiques dans le solo de "Sons of Odin", le refrain de "A Wizard’s Tale" … On se laisse surprendre, au fil des écoutes, par des détails passés inaperçus. Avec un groupe aussi rentre-dedans que Saxon, il peut sembler étrange, de prime abord, de parler de subtilité et de la nécessité d’approfondir les écoutes pour apprécier l’album à sa juste valeur : c’est pourtant le cas, du moins pour les derniers albums, si on veut en goûter la substantifique moelle.
L’autre force de Saxon, c’est son frontman et chanteur Biff Byford à la voix d’or et au charisme inébranlable : tout nous fait dire que Thunderbolt n’est pas un testament, ni leur dernier essai.
C’est une injustice que de prétendre Saxon en roue libre : contrairement à bien des formations, le groupe ne sort pas des albums parce que cela fait partie du métier, pour finalement se contenter du même set poncé depuis des décennies. Chaque nouvel opus est considéré comme un joyau sur la couronne de sa discographie, mis en valeur lors des tournées successives : six morceaux (sept si on compte l’intro) de Thunderbolt ont été testés en public lors de la tournée 2018. Cela en plus des quatre clips – certes rudimentaires – pour illustrer certains titres.
Seulement, le groupe reste confronté à sa malédiction qui le laisse perpétuellement au second plan depuis le milieu des années 1980 : non content d’avoir sorti leur opus précédent en même temps que The Book of Souls d’Iron Maiden, ils font paraître Thunderbolt parallèlement à Firepower de Judas Priest … Aux auditeurs de mettre à profit la découverte du "Secret of Flight" (un des meilleurs titres de l’album) pour donner des ailes à l’aigle Saxon afin qu’il rejoigne les astres du Heavy Metal, et pourquoi pas, les sommets des charts.
A écouter : "Secret of Flight", "Sons of Odin"