Saxon
Rock the Nations
Produit par Gary Lyons
1- Rock the Nations / 2- Battle Cry / 3- Waiting For The Night / 4- We Came Here to Rock / 5- You Ain't No Angel / 6- Running Hot / 7- Party Til You Puke / 8- Empty Promises / 9- Northern Lady
Dans la discographie abondante de Saxon, il y a des albums complètement ignorés (comme Forever Free par exemple), d’autres justement méprisés (Destiny), et un qui ne mérite pas sa mauvaise réputation, Rock the Nations. Loin d’être leur chef-d’œuvre, c'est pourtant un album honorable avec des titres vraiment très bons, et à ce titre, il devrait être redécouvert.
Après Innocence Is No Excuse, marqué à la fois par une musique FM et un succès en deçà des espérances, Saxon ne meurt pas pour autant et produit l'année suivante un nouvel album. Entre temps, Steve Dawson quitte le navire pour être plus tard remplacé par Paul Johnson (pour une courte période), mais pour ce nouvel opus, c'est Biff qui doit assurer les parties de basse. C’est dans ce contexte pour le moins difficile qu’est concocté Rock the Nations, leur huitième album, à la triste réputation.
En effet, le groupe tente de retourner à la source, sans tout de même oublier les deux derniers albums, et le résultat fut assez mal reçu. D’autant que la participation sur deux morceaux d'un invité un peu étranger au style du groupe, Elton John, pouvait inquiéter de prime abord. Il apparaît sur "Northern Lady", une pseudo-ballade agréable, et sur "Party Til' You Puke" un bon rock'n'roll sorti tout droit des années 1950. Mais la présence du claviériste n'influence en rien la direction des morceaux ou de l'album. Soyons honnêtes, la seule façon de s'apercevoir de la présence d'Elton John est de la savoir en lisant le livret.
Pour ce qui est du reste de l'album, il s'ouvre sur deux excellentes surprises. "Rock the Nations", bien heavy dès son solo d’ouverture, rappelle les vertes années sans pour autant être nostalgique. Il y a une évolution dans la production faisant que ce morceau n'aurait pas pu apparaître sur les albums précédents, mais il représente exactement la direction qu'on aurait pu espérer pour Saxon, en lieu et place du mauvais hard FM. Un très bon passage en twin guitars est d'ailleurs à noter. Vient ensuite "Battle Cry" dans lequel Glockler prouve sa virtuosité derrière ses fûts pour une ambiance martiale. L'influence de Judas Priest se fait particulièrement sentir. Ces deux morceaux sont les bases du troisième âge de Saxon, celui du début des années 1990. Enfin, le très heavy "Empty Promises" avec ses guitares acérées et l'utilisation de la talkbox (la première fois chez Saxon), est un autre moment réussi.
Hélas, la cadence n'est pas tenue avec un "Waiting for the Night" (rien qu'au titre...) qui est un sommet du kitch. Plus anecdotiques sont "We Came Here to Rock" qui comporte quelques bonnes idées, ou "You Ain't No Angel" qui s'écoute bien mais laisse une drôle d'impression (on dirait du Whitesnake, et le chant de Biff semble surjoué …). "Running Hot" à la sauce Ted Nugent est dans cette dynamique : un bon titre peu original qui s'oubliera inévitablement assez vite.
Rock the Nations a une très mauvaise réputation, et doit être réhabilité dans une certaine mesure. S’il n'est pas à la hauteur des premiers albums, il est bien au-dessus des deux albums qui l'entourent dans la chronologie du groupe. A partir de là, on pouvait se dire que le groupe était enfin en train de remonter la pente avec cette première étape. C’est sans compter sur la capacité de Saxon pour jouer contre son destin dans cette deuxième partie des années 1980.
A écouter : "Rock the Nations", "Battle Cry"