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Critique d'album

Roger Waters


The Lockdown Sessions


(09/12/2022 - Kingfisher Sky - - Genre : Rock)
Produit par Roger Waters, Gus Seyffert

1- Mother / 2- Two Suns In The Sunset / 3- Vera / 4- The Gunner's Dream / 5- The Bravery Of Being Out Of Range / 6- Comfortably Numb 2022
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie (A. Camus)."
Jules, le 09/11/2023
( mots)

Oh qu'elle était dure cette année 2020... Mais si, souvenez-vous, "Nous sommes en guerre." Bon, vu l'état du monde à l'heure où j'écris ces lignes, à quel stade sommes-nous si nous étions en guerre lorsque le COVID-19 a pointé le bout de son nez ? Mais, je m'égare. Waters semble me contaminer. Cette période inédite pour le monde moderne a tout renversé sur son passage, y compris l'art et pour ce qui nous intéresse, la musique. Concerts annulés, sorties d'albums reportés, etc... Roger Waters a aussi subi les conséquences de cette épidémie. Sa nouvelle tournée aux Etats-Unis This Is Not A Drill prévue pour débuter à l'été 2020 a finalement été reportée à 2022. 


Que faire alors ? Lui qui était si fier de nous présenter un nouveau projet ? Et bien il va s'enfermer dans son studio et décider de réenregistrer à distance, avec les musiciens et choristes qui l'accompagnent en tournées, 6 morceaux de son cru. Il les diffusera au compte-goutte sur sa chaîne Youtube pendant le confinement pour finalement les assembler dans cet album sorti le 09 décembre 2022. Il s'agit davantage de morceaux watersiens que de morceaux floydiens car, parmi ces derniers, 3 sont issus de The Wall, 2 de The Final Cut et 1 d'Amused To Death. On est donc sur du 100 % Waters. Du pur jus. 


Certes, cet album d'auto-reprise ne propose rien de neuf, sur le papier. Mais, à y regarder de plus près, il mérite d'être chroniqué et apprécié comme n'importe quel autre album car l'approche est doublement intéressante. D'une part, à l'exception de "Comfortably Numb 2022", les morceaux présents sur cet opus ne sont pas des classiques, mais plutôt ceux que seuls les vrais fans connaissent par cœur. L'album nous permet donc de redécouvrir ces pépites oubliées. D'autre part, il n'est pas question de compilation ou de best-of comme on pourrait négativement le qualifier. Il y a ici une vraie cohérence dans le choix du thème principal (toujours le même) : la guerre et ses conséquences. Avec nostalgie, Waters nous rappelle quelle est sa pensée. La construction est donc, à mon sens, le fruit d'une vraie réflexion artistique.


Par ailleurs, sur le fond, la qualité des réinterprétations est vraiment à noter. Nous ne sommes pas face à des démos acoustiques faites à la va-vite ou à des copier-coller mais face à des morceaux bien différents des originaux sur le plan musical. Prenons pour exemple l'excellent "The Bravery Of Being Out Range". Ce qui était un moment de grandiloquence et d'énergie sur Amused To Death devient ici un poème chanté d'une voix rauque avec une orchestration plus discrète qui ne retirent en rien les qualités d'origine. 


Parmi les bonnes surprises de l'album, on notera le diptyque "Vera/Bring The Boys Back Home". Ces deux morceaux, généralement considérés comme des morceaux de remplissage sur The Wall, sonnent ici comme une madeleine de Proust. Ce diptyque est peut-être le passage le plus proche de l'original à première vue. Waters a conservé la délicatesse du chant et la légèreté de l'acoustique. Mais, là où "Bring The Boys Back Home" était peut-être trop chargée et trop grandiloquent en version originale, cette chanson trouve ici son juste milieu avec les voix sublimes des deux choristes de Roger Waters et la guitare qui nous surprend même avec de courts passages de shred ! Chapeau.


Bon, je vous voyais venir... Oui, oui, je vais en parler. Calmez-vous d'abord et j'en parle ensuite. "Comfortably Numb 2022" vient effectivement conclure cet album de reprises d'un peu moins de 40 minutes. Là, comparé aux autres morceaux, nous sommes face à un mastodonte sacré de l'histoire du rock. Et le point où les fans sont les plus intégristes est évidemment le solo de fin, classé souvent comme étant le meilleur du monde. Certains d'entre eux s'agacent ainsi de voir le solo original malmené ou modifié. Soyez rassurés, vous n'aurez pas à vous agacer car... il n'y a plus de solo les amis ! 


Déjà que Waters ne s'était pas fait que des amis en publiant la captation du live de la tournée Us + Them en 2020 sur laquelle ne figurait pas la chanson la plus iconique de Pink Floyd, mais là, il a déchaîné toutes les passions, entre colère et admiration. La seule chose que je peux dire au sujet de ce morceau réinterprété est que pour en apprécier pleinement la teneur, il est indispensable de l'écouter en visualisant le clip qui l'accompagne avec un système son de qualité. Il faut s'immerger totalement dans cette revisite qui est aussi bien audio que visuelle. 


Ledit clip, une animation de grande qualité, est l'image post-apocalyptique d'un centre ville en plein orage dans lequel errent les passants et au-dessus duquel trône une gigantesque tour, un cochon volant lui tournant autour, où les "puissants" ont trouvé refuge. Le morceau est descendu d'un ton, le tempo est ralenti, la batterie est quasiment imperceptible, les bruitages sont angoissants (les mêmes que ceux présents sur "Echoes") et la voix de Waters est calme, menaçante, tiraillée entre douleur et désespoir. C'est donc un changement clair et net. Aucun solo de guitare mais, à la place, le chant crié d'une des choristes dont la beauté rivalise avec celle de Clare Torry sur "The Great Gig In The Sky"...


On ressort de là bluffés. Complètement bluffés. C'est une réussite totale, un véritable coup de maître. Il fallait quand même oser ! Amputer ce morceau de ses soli était comparable à couper la tête du penseur de Rodin. A la place, Waters nous livre un vrai travail de création dont lui seul est capable. On comprendra ceux qui se sont sentis trahis et scandalisés par cette version mais il semble bien que ceux-là soient les mêmes qui préfèrent les talents de Gilmour sans comprendre ceux de Waters. Et, si c'est cela, on ne pourra jamais les faire changer d'avis... 


Pour tous les nostalgiques des anciens textes de Roger Waters ou pour tous les agacés de ses apitoiements politiques, prenez 40 minutes de votre temps et écoutez cette galette. Vous y retrouverez ce que vous avez aimé, vous apprécierez peut-être ce à quoi vous n'aviez pas adhéré et prendrez plaisir à être désarçonnés par la nouveauté qui prend naissance dans le passé. 

Commentaires
DanielAR, le 01/12/2023 à 20:04
C'est très exact. Et c'est cette critique qui m'a fait comprendre où se trouvaient les racines de "Redux". La démarche me semble plus claire aujourd'hui. Ce n'est pas une "génération spontanée" mais le résultat d'un cheminement. J'aime bien ces échanges.
JulesAR, le 01/12/2023 à 16:58
Merci Daniel. Magnifique oui, le choix des morceaux considérés comme de "second rang" aurait pu être casse-gueule. Pourtant, il les a sublimés. Très beau résultat.
DanielAR, le 29/11/2023 à 14:53
J'avais zappé la sortie de cet album et c'est cette chronique qui m'a donné l'envie d'y jeter un petit coup d'oreille. C'est un disque simplement magnifique. Respect et remerciements !