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Critique d'album

Riverside


Shrine Of New Generation Slaves


(21/01/2013 - Inside Out - Rock Progressif / New Prog - Genre : Rock)
Produit par

1- New Generation Slave / 2- The Depth of Self-Delusion / 3- Celebrity Touch / 4- We Got Used to Us / 5- Feel Like Falling / 6- Deprived (Irretrievably Lost Imagination) / 7- Escalator Shrine / 8- Coda
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Riverside s'émancipe de ses modèles habituels. Révolution convaincante !"
Nicolas, le 21/01/2013
( mots)

Vous l’avez sûrement remarqué si vous avez un tant soit peu suivi les dernières sorties estampillées progressives de ces deux dernières années : le metal n’a plus vraiment le vent en poupe dans le milieu. Alors que les distorsions violentes ont offert une seconde jeunesse à un mouvement moribond à la fin des années 90, elles ne sont désormais plus désirées... et les exemples ne manquent pas pour illustrer cette révolution. Porcupine Tree est en pause, mais d’ores et déjà Steven Wilson, au sein de son projet solo, a complètement tourné le dos aux guitares métalliques. Opeth a renié ses racines en sortant le superbe mais controversé Heritage à la tonalité romantique et 70’s. Oceansize a sombré corps et bien, mais ses subsistances, notamment au sein de British Theater, lorgnent plutôt vers l’électro. Anathema, pourtant d’ascendance doom - death, se refuse plus que jamais à faire cracher ses amplis alors que Weather Systems, son dernier et meilleur album en date, est également son disque le plus acoustique. Dans ce contexte, la tonalité extra-metal du nouveau Riverside n’a vraiment rien de surprenant. Mais attention ! S’il serait facile de réduire les polonais à une bande de (talentueux) suiveurs, eux qui ont parfaitement emboîté le pas de l’arbre à porc-épic depuis leurs débuts, ce cinquième essai marque également un tournant crucial dans leur discographie.

Second album d’une nouvelle trilogie initiée avec Anno Domini High Definition et traitant des relations humaines au sein d’un monde en pleine révolution technologique et numérique, Shrine Of New Generation Slaves, s’il tourne effectivement le dos au metal, prend surtout de très larges distances avec Porcupine Tree, et ça, c’est réellement nouveau. Jusque là, c’est effectivement le seul reproche que l’on pouvait formuler à l’égard de Mariusz Duda à la lumière d’une discographie par ailleurs parfaitement exemplaire : on retrouvait, en Riverside, trop de constructions rythmiques, trop d'enchaînements d’accords, trop de couleurs de synthés, trop de soli de guitares d’ascendance wilsonnienne. C’était une force, bien sûr, car l’exercice s’est souvent révélé juste et parfois même meilleur que l’original (Second Life Syndrome, impeccable), mais c’était aussi une faiblesse car, quel que soit le disque proposé, il possédait toujours un côté attendu et balisé. Or le chanteur - bassiste et âme de la bande de Varsovie apparaissait déjà bien plus qu’un habile pasticheur, il n’y a qu’à écouter un tant soit peu les deux réalisations solo de Lunatic Soul pour s’en convaincre. Néanmoins, il lui restait encore à couper les ponts et à s’émanciper complètement de cette filiation qui lui a permis de bâtir le succès de son projet principal afin de prendre complètement son envol : c’est désormais chose faite.

Si l’introduction laisse deviner à tort un disque aussi dur que son prédécesseur, enveloppé dans ses gros riffs solennels, "New Generation Slave" impressionne surtout par son swing et ses cavalcades d’orgue Hammond, parfaite introduction à un disque qui n’a pas fini de nous surprendre. Les amplis sont bien vite remis au placard au profit d’accompagnements acoustiques au rythme des lignes de basses tendues de Duda, culminant dès "The Depht Of Self-Delusion" en une spirale émotive captivante qui nous renvoie en pleine face des couleurs inattendues que l’on entendait jusqu’à maintenant plutôt chez des groupes comme Marillion ou Spock’s Beard. C’est encore une fois une révolution, car la fracture existant jusqu’à ce jour entre les tenants d’un new prog 00’s ostensiblement floydien et la vieille garde neo prog 80’s semblait strictement impossible à combler, et pourtant Riverside l’a fait. Tout le disque brasse ainsi les deux courants ennemis sans coup férir, allant de rêveries sombres en exaltations épiques au fil des notes et des morceaux. Ça swingue, encore, avec le percutant "Celebrity Touch" et ses atours balancés, ça souffle le calme et la beauté radieuse avec "We Got Used To Us" porté par un Mariusz Duda que l’on n’avait jamais connu aussi émouvant et impliqué, ça fricote avec l’électro massive et le songwriting altier de Steve Rothery and co avec "Fell Like Falling". Et c’est alors que l’on pensait que Riverside avait complètement viré de bord que surgit le sublime "Deprived", doux, triste, tout emprunt de la beauté nordique des pièces les plus apaisées d’Opeth tout en dégageant cette retenue et cette lente progression ascendante propre à Anathema, un petit miracle dont on a vraiment du mal à se remettre, surtout dans sa deuxième partie instrumentale blindée de pianos, de samples oniriques et de cordes tintantes en échos rassérénant. A peine s’est-on gargarisé de cette pièce de maître qu’il nous faut déjà arpenter les sentiers du colossal "Escalator Shrine", treize minutes et des poussières en compagnie d’une complainte gracile qui se fait très vitre rattraper par les bourasques d’orgue de Michal Lapaj. La partition de clavier impressionne, le polonais conviant tout à la fois la furie de John Lord et l’extravagance de Ryo Okumoto en un pont dévastateur qui laisse place à une conclusion perdue dans de sombres limbes portées par un héroïsme glacé, un peu comme si Steven Wilson était allé composer pour Gazpacho.

On le sait : plus une critique d’album étale de références, plus le style développé par l’album apparaît fort et personnel. Shrine Of New Generation Slaves ne possède qu’un seul inconvénient, qui n’en est pas vraiment un : son hétérogénéité, chaque morceau s’avérant drastiquement différent des autres. Mis à part ce point de détail, c’est du tout bon et même plus, car la bande de Varsovie signe ici l’un de ses meilleurs albums, même sans faire de metal, même en s’éloignant de Porcupine Tree, et surtout l’un des premiers disques à réconcilier à peu près toutes les essences du milieu prog, une gageure que l’on n’aurait jamais cru possible. Si les termes "polonais" et "progressif" n’ont en eux-même rien de très sexy, passer à côté de ce disque (et de ce groupe) serait une grossière erreur. Quant aux connaisseurs, ils seront, eux, bien vite sur les rangs  pour goûter dans les jours qui suivent à la première grande sensation progressive de 2013. N’hésitez pas à suivre leurs traces : vous pourriez, vous aussi, vous trouver positivement surpris par ce tombeau d'esclaves nouvelle génération.

 

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