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Critique d'album

Richard Wright


Wet Dream


(15/09/1978 - Harvest (Royaume-Uni) / Columbia (Etats-Unis) - Rock Progressif - Genre : Rock)
Produit par Richard Wright

1- Mediterranean C / 2- Against The Odds / 3- Cat Cruise / 4- Summer Elegy / 5- Waves / 6- Holiday / 7- Mad Yannis Dance / 8- Drop In From The Top / 9- Pink's Song / 10- Funky Deux
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Quand le chaos collectif participe à la naissance d'un chef d'oeuvre solo."
Jules, le 14/09/2023
( mots)

"Et toi ? Tu es team Gilmour ou team Waters ?" Qui n'a jamais entendu cette question au milieu d'une conversation portant sur l'un des groupes les plus mythiques de l'histoire du rock ? Combien fois a-t-elle été posée ? Bien trop souvent à n'en pas douter. Outre le fait que cette question ne permette pas réellement de cerner la spécificité de Pink Floyd, elle a également pour conséquence d'évincer l'un de ses fondateurs les plus influents et l'un des clavéristes les plus doués de sa génération. Cela tombe bien, pour changer des éternels débats, il est temps d'aborder Wet Dream, le premier album solo de Richard Wright, clavériste et fondateur de Pink Floyd, donc.


Un peu de contexte. En 1978, Pink Floyd sort d'une tournée épuisante, fruit de tous les superlatifs. Le groupe expérimental underground de Cambridge s'est transformé, en l'espace de 10 ans, en un groupe de rock planétaire aux millions d'albums vendus et dont les tournées de promotion se déroulent dans des stades bondés de fans hystériques en quête des tubes les plus fameux. Le groupe est à son apogée, son succès est unique, les caisses sont remplies mais... le climat est délétère. Depuis la sortie d'Animals en 1977, Roger Waters a définitivement pris le contrôle du groupe et les autres membres - plus très motivés à passer des heures en studio, il faut bien l'avouer - préfèrent se tourner vers leurs propres projets solo. C'est le cas de David Gilmour qui sortira son premier album éponyme en 1978 également. 


Richard Wright est la bête noire de Roger Waters. Le bassiste mégalo ne supporte plus le manque d'investissement de "son" clavériste, autrefois si inspiré pour créer les œuvres floydiennes les plus marquantes. Les tensions sont vives, les querelles récurrentes et la rupture en deviendra inévitable. Elle interviendra finalement en 1979 au cours de l'enregistrement de The Wall. Viré par Waters et lâché par les autres, Richard Wright ne reviendra en tant que membre qu'en 1994. Mais avant ce point de non-retour, Richard Wright a trouvé le temps nécessaire pour écrire, composer et enregistrer, son premier album solo sorti il y a tout juste 45 ans, le 15 septembre 1978. Le récent remixage de cet album par Steven Wilson sorti le 28 juillet dernier nous permet donc de revenir sur chef d'oeuvre de délicatesse.


Il ressort de cet album dans son ensemble une singulière mélancolie, dont seul Richard Wright a le secret. Cette mélancolie s'exprime aussi bien au travers des paroles que de la musique, largement inspirée du jazz, le premier amour de Richard et dont les variations de tonalité récurrentes éveillent systématiquement l'attention de l'auditeur. On retrouve là le vrai Richard Wright, celui qui composait il y a quelques années les pépites discrètes des premiers albums de Pink Floyd où sa fibre créatrice ne s'était pas encore heurtée aux poussées totalitaires du créateur de The Wall


L'album comprend 6 pistes instrumentales pour 4 chantées. Côté instrumental, nous vibrons à l'écoute de morceaux qui nous rappellent les belles heures de Pink Floyd, qu'il s'agisse de la présence parfaitement dosée du saxophone qui règne sur "Cat Cruise" ou encore de l'orgue, péché mignon de Wright, dont les nappes nous transportent au temps béni des expérimentations live pré-Dark Side Of The Moon ("Drop In From The Top"). Sur ce dernier morceau, on apprécie le sentiment d'improvisation contrôlée que Wright maîtrise on ne peut mieux. 


Parlons évidemment de la guitare et de la place qu'elle occupe sur cet opus. L'homme qui a été recruté pour cette noble tâche est loin d'être un inconnu puisqu'il s'agît de Snowy White qui vient lui aussi d'achever la tournée Animals avec Pink Floyd en tant que guitariste additionnel. Son jeu est très expressif, livre sa propre pâte tout en nous rappelant de bons souvenirs, notamment sur "Summer Elegy" où l'ambiance fait écho à "Breathe". Nostalgie on vous dit ! Et lorsque la guitare classique est de sortie, la poésie se présente alors dans un écrin de velours des plus agréables, surtout lorsqu'elle s'exprime par la voix de Richard ("Against The Odds").


Et quelle voix... Une infinie sensibilité, une grande délicatesse se dégagent du timbre de Richard Wright sur les morceaux qu'il interprète. La mélancolie de l'album ne peut mieux s'exprimer. Les déceptions amoureuses et les difficultés du couple y sont abordés avec des textes subtils et écrits avec la juste pudeur qui convient ("Against The Odds", "Summer Elegy"). C'est le Richard Wright parolier d'amour que l'on retrouve avec plaisir après "Summer 68", présente sur Atom Heart Mother, seule chanson d'amour de Pink Floyd de l'époque qu'il avait écrite et composée. 


Et puis, "Pink's Song" arrive. Tout simplement le sommet de l'album. Tout y est parfait, justement exprimé, parfaitement composé. Le changement de tonalité couplet/refrain et la mélodie des couplets sont une merveille dont on ne pourrait jamais se lasser. Mais une question subsiste au vu du titre du morceau et de ses paroles. Richard fait-il référence au groupe qu'il sait quitter dans quelques mois ? Si tel est le cas, les fans les plus intégristes de Pink Floyd auront le cœur serré à n'en pas douter. On se laisse en effet émouvoir par ce dernier morceau chanté de l'album, d'autant plus lorsque l'histoire et le contexte nous sont familiers. 


On ne saurait que trop recommander cet opus injustement méconnu et mésestimé... comme l'a été trop souvent Richard Wright, véritable monument de la musique rock du XXe siècle. Ce génie musical continuera à vivre pour Pink Floyd après sa réintégration en 1987, et aux côtés de son ami David Gilmour, en studio et en tournée, qui ne cessera d'ailleurs de militer pour sa réhabilitation de son vivant comme à titre posthume. Car la vie est ainsi faite, Richard Wright a disparu le 15 septembre 2008 à 65 ans, d'un cancer du poumon. Il tira ainsi sa révérence en laissant derrière lui un héritage monumental et ce... 30 ans après la sortie de Wet Dream, un 15 septembre 1978. Merci Richard.

Commentaires
DanielAR, le 16/09/2023 à 10:25
C’est effectivement une chouette idée (même si paradoxale) que de réhabiliter un album qui n’a jamais été habilité. Une œuvre d’art vaut par ses qualités intrinsèques mais aussi par sa connexion avec son temps. Rick Wright était un claviériste compétent sans être un prodige, un musicien réservé sans capacité de leadership et un compositeur moyen qui a néanmoins inspiré quelques titres remarquables. Mais, en 1978, l’époque ne se prêtait guère à cet exercice de style en solo d’un artiste fortuné (et un peu paresseux) en vacances de « son » groupe. La crise économique frappait de plein fouet une Grande-Bretagne qui découvrait le cauchemar de l’économie capitalistique. Les rues de Londres se peuplaient de punks à chiens, de punks à rats ou de punks à crêtes. Mais aussi de paumés et de laissés pour compte. Une ère bénie pour Stranglers, Clash, Jam, Damned. Pas pour des rêves humides sous un soleil tropical. Mauvaise pioche…
DjangoNero, le 14/09/2023 à 18:43
Content de voir cet album quelque peu réhabilité, le nombre de chroniques lues qui le descendait en flèche frise l'indécence. Perso, je l'ai toujours considéré comme le meilleur des Floyd solos.