Parabellum

"Allez viens gamin, faut qu'on cause..." Dès l'entame d'un "Comme Un Héros" chargé d'ouvrir les hostilités, Schultz nous interpelle de sa voix rauque. Comme pour mieux attirer notre attention. Il est vrai qu'après 25 ans de carrière, une reformation et une heure de gloire située plutôt du côté de la fin des années 80, on peut se demander ce que ce combo peut bien encore nous réserver. Car les plus jeunes ne s'en souviennent sûrement pas (le savent-ils seulement ?), mais la France a bel et bien connu un de ses courants musicaux les plus intéressants à cette époque, quand les groupes pouvaient encore squatter les bars et n'hésitaient pas à partager plus qu'une ou deux heures avec leur public. Aux côtés des Béruriers Noirs, Ludwig Von 88 et autres Sheriff, Parabellum représentait le punk de "chez nous", passait son temps sur la route histoire de mieux revendiquer ses idées. "Anarchie en Chiraquie" ne vous rappelle rien ?

Si tu veux la paix, prépare la guerre (Si Vis Pacem, Parabellum). Autant dire que le message de cet album est clair et que le groupe ne semble pas encore avoir remisé sa verve au placard. Portée par la production de Bruno Preynat (Mickey 3D), le son du groupe gagne en finesse sans forcément perdre en impact. Plus lisses qu'à leurs débuts, les guitares continuent de rayer les pistes de leurs riffs saturés ("Tant Qu'il Y Aura Des Watts") en alternant estocades précises et rapides ("Le Boxon", "Mission Démago") et décrassages saccadés de pavillons auditifs ("J'ai Ramassé"). Mais la plus grande surprise de l'album se trouve dans cette cohésion trouvée au court des pistes moins agitées. "Noir Sur Bleu" permet du coup d'apprécier une autre facette du groupe, avec un Schultz versant dans une poésie nostalgique de son chant rappelant parfois Brassens.

Avant tout, Parabellum s'éclate et ça s'entend. "C'est Pas Gagné" et sa touche jazzy mené de mains de maître avec la participation de Sanseverino, la reprise en version plus musclée de "Bang Bang", titre à l’origine interprété par Nina Simone, ou encore le très rythmé "Pourquoi Tu T'inquiètes", diatribe version hard rock contre les médias, le groupe se frotte à tous sans aucun état d'âme. De quoi faire rougir certains revenants... Et comme ils l'ont si bien dit lors de leurs retrouvailles en 97 : On Serait Des Cons De Ne Pas Continuer. Visiblement, à l'écoute de ce Si Vis Pacem, on ne peut qu'acquiescer dans leur sens.