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Critique d'album

Ok Goodnight


The Fox & The Bird


(02/06/2023 - Autoproduction - Rock / metal progressif - Genre : Rock)
Produit par Ok Goodnight

1- The Drought / 2- The Fox and the Bird / 3- The Raccoon (and the Myth) / 4- The Journey / 5- The Snake / 6- The Nightmare / 7- The Falcon / 8- The Dream / 9- The Bear / 10- The Crocodile / 11- The Bird / 12- The Mountain / 13- The Rain
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le Bois de Quat’sous dans tous ses états"
Franck, le 15/12/2023
( mots)

Ok Goodnight est une découverte complètement fortuite survenue en farfouillant dans les abîmes de Bandcamp, dans la filandreuse catégorie "metal progressif" pour être précis. Rencontre d’autant plus fortuite que c’est l’élégante pochette rappelant les Animaux du Bois Quat’sous qui a attiré mon attention; une illustration dénotant quelque peu avec l’esthétique générale de ladite catégorie: trop innocente pour coller aux codes d’un obscur groupe de metal, trop élaborée pour une formation estampillée "indie" (une pique - complètement gratuite - lancée à l’attention de mes collègues de la rédaction) … Finalement, c’est cette ambiguïté qui semble la plus appropriée pour décrire la musique de Ok Goodnight, groupe américain basé à Boston. 


Car sous cette imagerie édulcorée évoquant par moment les pérégrinations enchantées de The Dear Hunter, on trouvera un groupe capable de concilier des registres aux antipodes : l’indie folk paisible de Big Thief associé aux riffs métalliques et autres folies rythmiques de Haken. Une association des genres peu commune, mais loin d’être incompatible. L’an dernier par exemple, nous tombions sous le charme de Soledad, une formation française qui avait su nuancer son metal prog avec des balades aussi touchantes qu’épurées. Une bien belle manière de prouver qu’un artiste ne se résume jamais à un seul visage… 


Dans le cas présent, cette ambivalence esthétique est mise au service d’un album-concept doté d’une structure romancée (tant dans les textes que dans l’approche mélodique), chaque titre de The Fox & The Bird constituant le chapitre du récit qui est conté. Nous y suivons des animaux (le renard et l’oiseau) dans une quête initiatique visant à ramener la pluie dans une forêt gravement touchée par la sècheresse. Pour cela, les deux protagonistes devront réaliser un rituel magique au sommet d’une montagne enneigée, en veillant au préalable à récupérer différents artefacts tout au long de leur voyage (une peau de serpent, un plume d’aigle, une griffe d’ours et une dent de crocodile). 


Si certains albums-concept restent évasifs et suggestifs - pour ne pas dire hermétiques - et usent généralement d’un story-telling imagé destiné à évoquer une ambiance générale, le récit de The Fox & The Bird constitue à n’en pas douter un véritable attrait. D’une part, le récit - bien qu’ouvert à la métaphore et à la double lecture - reste largement accessible ("The Raccoon" définit de manière assez claire en quoi consiste cette fameuse quête); d’autre part, cette segmentation du récit justifie en partie le caractère progressif et changeant de la musique du combo américain. 


Alors bien sûr, tout le monde n’adhérera pas à une telle variation de ton et fluctuation d’intensité, et ceci malgré une entame d’album plutôt abordable. Les premiers chapitres optent en effet pour une approche épurée, quasi acoustique, enrobée d’une mélancolie bienveillante ("The Fox and the Bird", "The Raccoon"). Le groupe y installe une atmosphère apaisante entre indie folk et math rock dans laquelle émerge le timbre de voix légèrement feutré de la chanteuse Casey Lee Williams. Rapidement, l’ambiance se fait nettement plus électrique, à l’image de l’instrumental "The Journey" qui amorce une première rupture de ton avec sa rythmique complexe et la férocité de ses riffs. A partir de cet instant, nous assistons à de véritables montagnes russes, à la manière d’une épopée aux multiples revirements de situations. "The Snake" nous plonge un peu plus dans le chaos, avec un chant qui monte dans les tours, des sections mélodiques qui s’entremêlent et des virevoltes rythmiques débouchant sur une véritable frénésie. "The Nightmare", quant à lui, surprend par son caractère déstructuré et imprévisible, s’autorisant quelques associations audacieuses à l’image de cette rythmique électronique ouvrant la voie à une section plus symphonique. 


Si le groupe fait part d’une impressionnante maitrise technique et d’un sens aigu de la mélodie ("The Crocodile"), il se perd parfois dans des structures bien trop alambiquées pour susciter une adhésion complète. On reste ainsi pantois – si ce n’est démuni – face à la brutalité de certains breaks, étourdi par l’enchaînement de rafales rythmiques furieuses, avec en prime cette sensation d’ingurgiter un amalgame plutôt dissonant à la première approche ("The Mountain"). 


Vous l’aurez compris, The Fox & the Bird est une œuvre qui s’appréhende dans sa globalité. Et si vous êtes en mesure de voir au-delà des facettes les plus extrêmes du groupe, vous serez en mesure de profiter pleinement des pépites dont recèle l’album. Il serait en effet dommage de passer à côté des deux joyaux que sont les titres "The Falcon" et "The Bear". Plein de surprises, le premier évoquera Haken dans sa façon de gérer les transitions et dans sa dimension quasi cinématographique. "The Bear" constitue quant à lui le clou du spectacle, se distinguant avec un refrain d’une beauté évidente tout en constituant une parfaite synthèse des différentes aspirations du groupe. Invitée pour l’occasion, la chanteuse Elizabeth Hull apporte une profondeur d’écoute supplémentaire en formant un duo vocal très complémentaire et en apportant une touche de folie à l’occasion de quelques passages de chant guttural. 


The Fox & the Bird constitue à n’en pas douter un album-concept des plus ambitieux ; une œuvre aux multiples visages qui révèle un groupe doté d’une véritable aisance technique, mais aussi d’un sens aigu de la mélodie. Le groupe américain dispose encore d’une marge de progrès et gagnera certainement à recentrer son propos à l’avenir. En attendant, jetez-vous sur cet opus (le deuxième du groupe) et prenez le temps de découvrir l’univers si étonnant de Ok Goodnight. Et même si vous n’adhérez pas à tout ce qui est proposé, il y a de grandes chances que vous y trouviez votre compte, et ceci que vous soyez amateur d’indie rock solaire, ou de metal progressif furieux et exigeant... 


 


A écouter: "The Bear", "The Falcon", "The Fox and the Bird"

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