Motörhead
Motörhead
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1- Motörhead / 2- Vibrator / 3- Lost Johnny / 4- Iron Horse/Born to Lose / 5- White Line Fever / 6- Keep Us on the Road / 7- The Watcher / 8- Train Kept A-Rollin'
Remis de la fin de non-recevoir d’United Artists, Motörhead continue, bon an mal an, son bonhomme de chemin en parcourant les pubs et rode son répertoire dont une première version enregistrée dort toujours dans les tiroirs (avant d’être publiée en 1979 sous le nom d’On Parole). En 1977, le groupe s’était armé d’un second guitariste, le fameux "Fast" Eddie Clarke, qui fut rapidement appelé à devenir le seul à ce poste, lorsque Larry Wallis se décide à quitter le navire déjà à moitié sous l’eau. En effet, en plus d’avoir essuyé un refus du label, Motörhead ne rencontre pas le succès escompté auprès du public et s’apprête à donner un dernier concert au Marquee avant de mettre fin à sa carrière.
Heureusement, l’histoire pourra retenir que l’erreur du gros label United Artists fut compensée par la générosité de l’indépendant Chiswick Records, spécialisé dans la scène punk. Ce dernier offre au groupe l’opportunité d’une session d’enregistrement éclair (en deux jours seulement) pour mettre en boite leur premier album. Mais le trio sait s’adapter : la plupart des titres étaient déjà présents sur On Parole à l’exception de deux titres inédits, "Keep Us on the Road" et "White Line Fever".
Souvent laissé de côté, ce premier opus possède pourtant deux éléments décisifs pour l’histoire du groupe. Premièrement, il est le fruit de la formation de l’âge d’or de Motörhead – soit Lemmy, Fast Eddie Clarke et Philthy Animal. Deuxièmement, il affiche déjà le snaggletooth, la mascotte du groupe qui ne les quittera plus jusqu’à la fin de leur carrière (et ne sera absente sur deux pochettes seulement). Il est vrai par contre que Motörhead n’a pas encore trouvé sa patte, si ce n’est bien sûr sur le très bon "Motörhead", plein de promesses (quelle intro à la basse !), ainsi que sur le nouveau venu "White Line Fever". Les titres gagnent quand même en énergie et en brutalité par rapport à leur première version sur On Parole : "Lost Johnny" est plus lourd, "Iron Horse / Born to Lose" sonne un peu moins 1960’s et dispose d’un meilleur solo.
L’album ne dépareille pas au sein de son écurie, Chiswick Records, puisqu’il propose des morceaux typés pub-rock dans la lignée de l’inspiration rock’n’roll 1950’s revendiquée par Lemmy ("The Watcher" et la reprise "The Train Kept a Rollin’") voire presque punk ("Vibrator"). Sauf que le Motörhead est tout sauf monolithique, en témoigne "Keep Us on the Road" où il semble affirmer son identité tout en jouant sur le bourdon, comme un lointain souvenir du space-rock, avec un excellent pont à la basse de la part de Lemmy.
Avec la carrière de Motörhead en tête, il est difficile d’imaginer que cet opus était presqu’un baroud d’honneur. Alors dites-vous bien que plus encore que n’importe quel autre premier album, si celui-ci n’avait pas pu être enregistré, l’histoire du rock aurait peut-être pris un tout autre cours. Mais avec son apparition dans les bacs, le monde sait alors qu’ils sont Motörhead et qu’ils jouent du rock’n’roll.
À écouter : "Motörhead", "Keep Us on the Road"