Meredith

Les méandres de l'auto-production charrient bien plus de musique de qualité qu’on ne le pense et bon nombre de groupes cantonnés à l’anonymat par la force des choses gagnent pourtant vraiment à être découverts au plus vite. Tel un orpailleur, l’auditeur curieux se doit d’être patient et d’attendre le coup de chance, à savoir tomber sur la petite pépite qui saura éveiller ses sens et lui titiller joyeusement les tympans. C'est le cas du duo parisien Meredith, et de son EP 4 titres éponyme sorti récemment et téléchargeable gratuitement sur Bandcamp.

Sur papier, Meredith n'a, en soi, pas grand chose de révolutionnaire: une biographie énigmatique signée par un étrange chanteur de variété pour un énième duo batterie-guitare? Pas de quoi fouetter un chat se diront sans doute certains. Et ce serait-là une grave erreur. Car si le duo français ne se démarque pas d'emblée par une technique hors du commun, force est de constater que nos deux larrons bénéficient d'un réel talent d'écriture. Les quatre compositions offertes ici évoluent dans un registre oscillant entre post punk et math rock, tout en réussissant à couvrir bon nombres d'influences déjà bien digérées. Ou, pour reprendre leurs propres termes, un audacieux mélange de Fugazi, de Shannon Wright, de Dave Grohl et de (...And You Will Know Us by the) Trail of Dead.  

Quatre titres alléchants qui posent en un temps record une ambiance sombre et pesante du meilleur acabit. Passé l'instrumental "Intro" à l'ambiance atmosphérique, ce premier EP enchaîne directement avec "Ocean", de loin le plus mélodique des titres ici proposés. Le plus sauvage "Sister" démontre le talent bien réel du duo, et fricote du côté de la noise la plus pure tout en évitant savamment l'écueil trop souvent reproché à ce genre de duos: l'absence de bassiste. Pas de manquements en vue ici, tant les deux musiciens se suffisent à eux-mêmes en se répondant à coups d'envolées nerveuses, porté par un chant sec et efficace. Ce mini-album décidément trop court se clôt sur l'excellent "Keep Breathing", morceau mid-tempo sombre et renfrogné qui fleure bon les années 80.

Un cocktail détonant et intelligent, mêlant allègrement influences éthérées et envolées hystériques. Mais surtout une fameuse carte de visite pour les Parisiens dont on ne peut qu'espérer qu'ils prolongeront au plus vite leurs aventures musicales. Une affaire à suivre de près donc, et un EP dont tout amateur de post-rock, de noise ou de math rock serait bien stupide de se passer.