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Critique d'album

Louis Bertignac


Grizzly (ça, c'est vraiment moi)


(14/03/2011 - Universal Music Division Polydor - Rock Français - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- 22m² / 2- Pro / 3- Costards / 4- Tes bonnes choses / 5- Grand Ordinateur / 6- Tsiganes et grizzlis / 7- Mouettes et rhinos / 8- Chaud / 9- Bloody Mary Tabasco / 10- Simulations / 11- Les filles comme toi / 12- Fais pas mes malles / 13- Frayer...
Note de 3/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Grizzly, le nouveau bébé de Bertignac : le nounours sort les riffs."
Louis N, le 18/02/2012
( mots)

Disciple avoué des guitar heroes d'outre-manche, membre de l'odyssée Téléphone, Louis Bertignac semblait pourtant s'être assagi. Exception faite du live Power trio, démonstration rock franche et massive, le guitariste hirsute s'était cantonné à des albums softs, versant dans un registre plus pop, voire franchement variété. Son retour tout riffs dehors, dans un album assumant clairement une identité musicale seventies est donc, en soi, un soulagement et une satisfaction. Le titre de l'album, Grizzly (ça, c'est vraiment moi ), résume parfaitement le contenu de cette galette de 13 titres : à la fois nounours et bête sauvage, Bertignac oscille entre des ballades amoureuses et mélancoliques et des morceaux agressifs à souhait.

Balayant un spectre de tonalités très large, le soliste étale sa maîtrise technique en compagnie de deux mercenaires de choc : Cyril Atef et Hilaire Panda (le bien nommé). Une section rythmique de luxe, qui soutient avec efficacité et sobriété les mélodies et les riffs de l'éternel Gibson SG du grizzly. Discrets, mais loin d'être pauvres, les plans du batteur de Mathieu Chedid manquent peut-être du brin de folie qui aurait magnifiquement convenu aux compositions les plus zeppeliniennes de l'album, à l'image de "Fais pas mes malles". Sauf pendant le solo du "Grand Ordinateur", la basse reste elle aussi plutôt en retrait. Tout est propre, carré et pertinent, l'ensemble groove et ronronne, mais rien ne brille véritablement. On ne trouve pas dans le jeu des deux musiciens l'énergie qui anime la six cordes accrocheuse de Bertignac. Ce dernier nous offre en effet des solos virtuoses, soit à l'occasion d'envolées lyriques teintées de sonorités blues, telles que "Bloody Mary Tabasco" et "Tziganes et Grizzly", soit comme point d'orgue de compositions mordantes, à l'instar de "Pro" ou de "Chaud". Néanmoins, la posture de passeur et d'héritier du rock anglais qu'adopte le guitariste fait parfois souffrir l'album d'un manque d'originalité. Plusieurs morceaux laissent ainsi une impression de déjà-vu. A ce titre, "Simulations" est un exemple édifiant : tandis que le pont entretient un lien flagrant avec le motif de "Black Night" de Deep Purple, le solo semble pour sa part directement importé d'un album de ZZ Top. On devine dans certains morceaux, toujours grâce aux solos, le culte que voue le quinquagénaire à Jimi Hendrix. On peut ainsi penser  à "Costards" et "Les Filles comme Toi". "Fais pas mes malles" et "Le grand Ordinateur", deux des meilleurs morceaux de l'opus, n'en sont pas moins des redites de Led Zeppelin. Au demeurant, ces pistes valent le détour, tant Bertignac est imprégné de l'esprit de ses idoles, mais on peut déplorer que l'ex-Téléphone se laisse enfermer par ses influences. Passé ce cap, Grizzly nous donne néanmoins un véritable plaisir. Avoué, affiché et revendiqué, l'ancrage dans les classiques du rock fait de l'album un recueil de citations qu'on parcourt sans surprise, mais avec la joie de constater que la tradition des distorsions déchaînées et des grattes rugissantes ne s'est pas complètement perdue. On sent l'authenticité de la passion de Louis Bertignac, et cela suffit pour accepter de ne pas faire l'expérience d'une révolution musicale. Le musicien ne triche pas avec son public, et on ne peut que saluer la qualité générale du travail de l'élève, qui ne prétend jamais dépasser ses maîtres.

Pourtant, toutes les compositions ne sont pas de si bonne facture. On se sent rapidement à l'étroit dans les 22m² du single inaugural. Malgré des parties d'harmonica sympathiques, on tourne en rond dans un rock étriqué et sans envergure. Dans un registre plus torturé, "Frayer" manque également le coche. Son thème interminable sombre dans la lourdeur, alors que la voix de Louis Bertignac se révèle mal adaptée, faute de coffre, à ce type de morceau. Le domaine vocal reste la principale faiblesse de l'apprenti chanteur : à la limite de la rupture, on le voit contraint d'utiliser des effets synthétiques sur le "Grand Ordinateur" pour camoufler ses manques. Le soutien des chœurs se révèle par ailleurs salutaire, notamment sur "Costards". Fort heureusement, la qualité d'écriture du parolier Boris Bergman fait souvent oublier les défauts d'un instrumentiste qui, rappelons-le, n'est pas chanteur de formation. Les thèmes abordés sont variés, avec une légère préférence pour la déception et la rancœur amoureuse. Ses textes sont particulièrement mis en valeur dans les morceaux les plus doux de l'album, où la voix fragile et cassée de Bertignac prend une dimension touchante. Vacillant et loin d'être un modèle de justesse ou de puissance, l'organe du rocker laisse pourtant transparaître la poésie, l'humour ("Mouettes et Rhinos") et l'équivocité des mots du compagnon de route d'Alain Bashung. L'ours mal léché, parfois irrévérencieux, nous attendrit à coups de ballades délicieusement naïves, dont on fait cependant le tour en une ou deux écoutes. C'est le cas de "Tes Bonnes Choses" ou de "Mouettes et Rhinos". Ces intermèdes acoustiques représentent cependant des pièces importantes dans l'économie générale de l'album. On apprécie, au cours d'une lecture complète, la légèreté de ces chansons qui constituent des pauses évasives dans le flux continu de rock "basique et velu", selon les mots de Bertignac lui-même.

Parfois un peu trop gourmand, sans véritable originalité, le dernier bébé de notre guitariste national conserve toutefois une valeur, ne serait-ce que sur le plan technique, qui en fait une référence solide dans le rock hexagonale. Louis Bertignac endosse encore davantage le rôle de dépositaire légitime de la première génération rock dans le paysage musical français. Le grizzly respire le rock et atteint une virtuosité rarement égalée de ce côté de la manche et de l'Atlantique. Sans qu'il nous laisse de souvenirs impérissables, on retiendra surtout de cet album son énergie et ses couleurs sixties/seventies, que Bertignac parvient à faire revivre assez fidèlement. Cette orientation résolument rock présage en outre de quelques performances live alléchantes.

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