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Critique d'album

Kylesa


Static Tensions


(17/03/2009 - Prosthetic - Hardcore / Sludge / Psyché - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Scapegoat / 2- Insomnia For Months / 3- Said And Done / 4- Unknown Awareness / 5- Running Red / 6- Nature's Predators / 7- Almost Lost / 8- Only One / 9- Perception / 10- To Walk Alone
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Le summum du crust-sludge made in Savannah. Oreilles sensibles s'abstenir."
Nicolas, le 13/02/2012
( mots)

Ne vous fiez surtout pas à l'introduction en trompe-l'oeil laissant s'exprimer une double batterie joueuse : avec Static Tensions, il n'y a aucune place pour la plaisanterie. Riffs colossaux, groove de folie, hurlements furieux (mais curieusement harmonisés, c'est très fort), "Scapegoat" se révèle une salve introductrice d'une puissance tout bonnement dévastatrice. Ainsi en est-il de Kylesa, véritable OVNI métallique qui puise la source de sa musique au sein des scènes heavy les plus hétéroclites, à cheval entre le punk-hardcore-crust, le sludge géorgien, le stoner sous acide et le rock psychédélique de camé. Un cocktail détonnant qui confère au groupe de Savannah un statut à part au sein de la musique heavy et qui trouve ici un équilibre assez génial entre lourdeur de son insensée, ire extrême et shoot d'héroïne.

Static Tensions réalise en effet une sorte de quintessence de ce que Philip Coppe et Laura Pleasants voulaient exprimer sur bande depuis le crash de Damad au début des années 2000. Plus varié et surtout infiniment plus subtil que les premiers tabassages studio du groupe qui restent à ce jour pratiquement inécoutables, ce quatrième album allie la férocité démente de Time Will Fuse Its Worth et le psychédélisme lourd de To Walk A Middle Course en y élargissant la palette du chant (ou plutôt des gueulantes) et surtout en exploitant enfin l'apport très particulier de la double batterie, petite originalité formelle du quintette. Les deux cogneurs (à l'époque Eric Hernandez et Carl McGinely, équipe de nouveau rassemblée aujourd'hui) créent ici un écho percussif guerrier qui favorise au choix le passage à tabac des guitares ou l'élévation hypnotique de l'esprit de par leur rémanence. Plus fort encore, chaque morceau de Static Tensions développe une vie propre et un style différent, au sein desquels les subtilités assez effarantes n'affleurent qu'au bout de nombreuses écoutes enfiévrées.

C'est d'ailleurs un peu ici que le triage se fera entre ceux qui accrocheront à Kylesa et ceux qui se barreront en courant. Si vous voulez vraiment retirer toute la substantifique moëlle de Static Tensions, il vous faudra d'abord vous habituer à l’extrême violence du chant et à la férocité de la boucherie instrumentale. D'autant que l'album démarre véritablement en trombe, tel un rouleau compresseur qui se met en tête de massacrer tout ce qui passe à sa portée. Ca gueule à s'en faire claquer les cordes vocales ("Said And Done", ou quand Laura Pleasants se transforme en braillarde incendiaire tandis que Philip Coppe scande sa douleur comme un aliéné) et ça balance du riff à la tronçonneuse ("Insomnia For Months", succesion de crochets et d'uppercuts en accéléré). C'est une fois vos oreilles rincées à la sulfateuse que commencent à poindre l'inventivité et l'intelligence sonore du groupe, un peu comme si vous vous étiez fait brutaliser par un gang de barbares urbains et que ceux-ci vous filaient contre toute attente un énorme bang de Marie-Jeanne afin que vous vous requinquiez et que vous puissiez planer à dix mille pieds. Ca commence déjà avec "Unknown Awareness" quand la batterie se met à marteler une rythmique haletante pendant que les cordes lâchent leurs échos sur une incantation d'outre-monde ; et ça se poursuit ensuite avec "Running Red" ou la rencontre des délires orientaux du proto Pink Floyd ("Set The Controls...") et de l'artillerie bestiale de Slayer. A partir de là, la messe est dite : tout le reste de l'album oscille sans cesse entre poutrage facial burné ("Almost Lost" et ses graves sous Ecstasy), colère confinant à la souffrance ("Nature's Predators avec un Coppe maladif au possible encadrant un rush metal belliqueux) et trips costauds qui vous fichent en transe. La fin de l'album met d'ailleurs un peu le frein sur la violence et permet même quelques lignes de chant réellement chantées (si si, il y en a) qui préfigurent le tournant beaucoup plus accessible de Spiral Shadow. Là, pas besoin de vous faire un dessin : Kylesa connaît son affaire. Boucle de guitares hypnotiques lentement accélérées ("Only One"), alternances de riffs punching-ball et de litanies planantes ("Perception") ou délires arabisants avec pédales de guitare massacrées, les natifs de Savannah déroulent le très grand jeu en toute circonstance.

Un bon conseil si vous ne connaissez pas Kylesa et si les moeurs en vigueur dans le milieu crust vous sont étrangères : ne débutez pas votre approche du groupe par Static Tensions et préférez-lui le plus tempéré Spiral Shadow. Une fois ce pré-requis effectué, vous serez alors libre de succomber à ce monument du sludge, aussi hystérique en apparence que trippant en profondeur. Une fascination décuplée par l'artwork dérangeant de John Baizley (le frontman graphiste de Baroness) qui contribue à faire de ce manifeste un album parfaitement culte et une galette rigoureusement indispensable à toute discothèque musclée qui se respecte.

 

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