↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

King's X


Ear Candy


(20/05/1996 - Atlantic Records - Rock alternatif / Grunge / Har - Genre : Rock)
Produit par Arnold Lanni, Ty Tabor & King's X

1- The Train / 2- (Thinking and Wondering) What I'm Gonna Do / 3- Sometime / 4- A Box / 5- Looking for Love / 6- Mississippi Moon / 7- 67 / 8- Lies in the Sand (The Ballad Of...) / 9- Run / 10- Fathers / 11- American Cheese (Jerry's Pianto) / 12- Picture / 13- Life Going By
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (7 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 5.0/5 pour cet album
"King's X ou les rois maudits du rock US"
Maxime L, le 05/08/2019
( mots)

Dans la liste longue comme le bras des groupes injustement reconnus à leur vraie valeur, King's X apparaît malheureusement toujours comme l'une des inamovibles têtes de gondoles. Vantés par toute la presse spécialisée depuis leurs débuts il y a plus de 30 ans, ainsi que par bon nombres de leurs comparses musiciens, les américains n'ont jamais réussi à vraiment percer au plus haut niveau, la faute au destin sûrement, et peut être aussi à des choix parfois malheureux.


Difficile de résumer une carrière longue de 30 ans et riche de plus de dix albums, mais il convient pour les besoins de cette chronique de refaire un rapide historique afin d'être plus enclins à "comprendre" l'histoire de King's X.


Le trio se forme au Texas, au milieu des années 80, et gardera sans interruption les trois mêmes membres : Doug Pinnick à la basse et au chant, Ty Tabor à la guitare (aux choeurs, et parfois au chant lead également) et enfin Jerry Gaskill à la batterie (et dont on trouve trace de sa voix aussi sur quelques titres). Leur premier album Out of the silent planet voit le jour en 1988 et s'il est plutôt bien considéré par la critique (album de l'année pour Kerrang!), il passe complètement inaperçu auprès du public. Le groupe, fort de son mentor Sam Taylor, producteur et manager du groupe, enfonce le clou dès l'année suivante avec Gretchen goes to Nebraska, adulé par la critique, adoré par les fans, mais aux chiffres de ventes aussi faméliques que l’effort précédent. 


Les deux disques précités ne manquent pourtant pas d'arguments (écoutez le génial "Over my Head" sur Gretchen goes to Nebraska pour vous en convaincre), enregistrés et sortis à une période charnière pour la musique rock : entre la fin des groupes "Hair-métal" et l'avènement du grunge, King's X fait office de réel passeur de témoin, et la réécoute de ces albums laisse aujourd'hui une impression bizarre : il y a cette "couleur" très connotée Eighties, pouvant parfois rappeler Extreme tout en laissant pointer un potentiel dingue, grâce notamment à la chaleureuse voix de son leader Doug Pinnick.


Alors oui, leurs albums de cette période souffrent du même mal que beaucoup de sorties de l'époque : une production très typée 80s forcément, et qui passe difficilement l'épreuve du temps si l'on commence à s'intéresser à King's X par cette face là. Mais les années 90 arrivent et feront, comme nous le savons tous, beaucoup de bien à la planète rock. Faith, hope, love, leur troisième album se classant enfin dans le billboard US, va permettre au groupe de tourner aux côtés de Living Colour et ACDC.  C'est à cette période que nos Texans se séparent de Sam Taylor, gourou sans doute trop présent jusque là et empêchant nos 3 musiciens de se laisser aller à plus de liberté quant à l'expression de leur musique et de leur talent.


Car du talent, il y en a à revendre chez King's X, et il serait temps désormais de parler "musique". S'il est parfois vain de catégoriser la musique, à plus forte raison dans le monde du rock/métal, c'est encore plus casse-gueule de le faire avec King's X, tant le spectre est large. Métal alternatif, rock, soul, influences gospel, blues, pop, fusion, hard rock fm, tous ces qualificatifs ont été de mise à un moment donné de leur discographie.


Cette avalanche de styles nous amène tranquillement à l'album dont il question aujourd'hui, Ear Candy, sorti donc en 1996, en pleine effervescence grunge, et qui porte délicieusement son nom tant cet album est une régalade pour les oreilles.


A la liste impossible des 10-20-50 albums essentiels des années 90, Ear Candy aurait pour l'auteur de ces lignes une place de choix. Oubliez les sonorités "hair-métal" et autres tentatives Hard Fm, nous sommes ici face à un disque en phase avec son époque et qui passe foutrement bien l'épreuve du temps pour un album de 23 ans.


Si pour beaucoup de fans des Texans, le point d'orgue discographique du groupe se situe sur Dogman en 1994, Ear Candy possède lui un atout que n'a pas son prédécesseur : il est gorgé de soleil et de bonnes vibrations, là où Dogman proposait un son certes efficace mais plus brut et de facto plus sombre.


ll y a une vraie chaleur qui se dégage tout au long de ces 50 minutes de musique. Une chaleur rassurante, parsemée tantôt de douceur, tantôt de fun, et qui transmet une bonne énergie très communicative.


La presse les a d'ailleurs souvent taxé de groupe de Rock "chrétien", invoquant le fait que beaucoup de leurs paroles traitaient de religion, et d'auto-acceptation, ce qu'à démenti le groupe à plusieurs reprises.


Certes cette auto-acceptation est un thème cher au charismatique Doug Pinnick, qui rappelons le est Texan, métisse et gay. On comprend donc facilement la volonté du bassiste-chanteur à aborder ces thèmes, à plus forte raison dans un milieu pas toujours réputé pour son ouverture d'esprit.


Et quand bien même le groupe s'auto-proclamerait "chrétien" cela ne poserait pas le moindre problème tant la qualité est au rendez-vous. Dès le premier titre "The Train" et son riff massif, nous voilà happés pour un long voyage sans temps faible avec pour dénominateur commun à tous les titres : le sens du groove.


Pinnick, encore lui, y est pour beaucoup, entre son jeu de basse et sa voix soul/funk très reconnaissable. Ça n'est sans doute pas pour rien que ce gars là a joué avec la planète entière (Dream Theater, Richie Rotten, Jeff Arment, Tribe after Tribe, George Lynch, Thomas Pridgen, Alain Johannes, Ray Luzier et j'en oublie des dizaines).


Après le gros riff du morceau d'ouverture, le groupe nous balance un premier petit chef d'œuvre "what l'm gonna do," ses arpèges ciselés, ses percussions douces et raffinées et déjà ce refrain imparable où nos oreilles repèrent un début d'harmonies vocales, discrètes mais prometteuses. Après cette première vraie réussite, le power-trio nous assène un "Sometime" aussi simple que groovy, puissant, avec une ligne de basse rugueuse, et une voix qui n'est pas sans nous rappeler, osons le dire, celle de Jimi Hendrix. Le genre de titre qu'on semble connaitre depuis toujours tant l'efficacité est au service de la sobriété. 


3 titres, 3 tubes pour l'instant, c'est un vrai sans-faute de la part des Texans, et ça ne vas pas aller en ramollissant avec "A Box" où les américains inventent la parfaite synthèse entre des riffs grunges très "Seattle", des harmonies vocales typiquement Beatlesiennes, le tout avec la voix chaude de Doug Pinnick.  


Mais le grand échalas n'est pas seul sur cet album, loin de là. Ty Tabor, outre toutes les secondes voix et les nombreux choeurs, parvient à moduler parfaitement son jeu de guitare, entre arpèges mélodiques et riffs puissants, bien ancrés dans l'époque et dans nos têtes par la même occasion. Il prend même le micro principal sur certains titres, comme sur l'excellent Mississipi Moon et ses chauds relents sudistes et dont le potentiel radio est absolument immense. Le guitariste possède à l'instar de Pinnick un CV bien garni également (Derek Sherinian, Rod Morgenstein, John Muyng, Carmine Appice etc).


Jerry Gaskill, s'il est peut être le musicien le moins reconnu des trois, n'en est pas moins un excellent batteur, au jeu toujours très varié, et un chanteur plutôt correct, comme le prouve "American Cheese".


Les titres défilent et pas l'ombre d'un raté, entre l'incandescent "67" et un "Looking for Love" furieux mais indispensable, King's X distribue les gifles. Le son global de l'album est excellent, aux antipodes des productions froides de la période Sam Taylor. Chaque instrument est parfaitement enregistré, avec ce grain "grungy" présent sur toutes les compositions. Même la traditionnelle ballade, souvent décriée sur les albums de ce genre, constitue un des très grands moments du disque. Tabor au chant sur les couplets accompagnant la batterie sèche et lourde de Gaskill, avant un refrain mémorable avec ses lignes vocales harmoniques juste impossibles à reproduire (essayez de chanter la ligne de Pinnick sur le refrain vous comprendrez).


Bref, vous l'aurez compris, Ear Candy est un vrai pur moment de Musique, un témoignage en forme de kaléidoscope de tout cet âge d'or que représentent les nineties, et si le groupe n'a pas fait fortune à l'époque, il a souvent été considéré comme l'un des instigateurs du grunge. Ils l'auraient même inventé selon certains (c'est ce que disait notamment Jeff Ament de Pearl Jam). Force est de constater qu'ils étaient là bien avant en tout cas, mais qu'ils n'ont pas eu la "chance" d'être originaire de Seattle, sans quoi leur carrière aurait peut-être été bien différente...

Commentaires
Dragovan, le 23/08/2019 à 12:15
Merci pour cette chouette chronique. J'avoue que je ne connaissais pas King's X, je vais découvrir, ça a l'air pas mal du tout.
MaximeL, le 05/08/2019 à 08:30
J'ai oublié de citer le titre de la ballade en question (avant-dernier paragraphe) : "Lies in the Sand (The ballad of)".