Jag Panzer
Ample Destruction
Produit par
1- Licensed To Kill / 2- Warfare / 3- Symphony Of Terror / 4- Harder Than Steel / 5- Generally Hostile / 6- The Watching / 7- Interlude / 8- Reign Of The Tyrants / 9- Cardiac Arrest / 10- The Crucifix / 11- Black Sunday
Wichita (Kansas) pour Manilla Road, Colorado Springs (Colorado) pour Jag Panzer … Comment la scène Heavy américaine des années 1980, notamment celle qui donne dans l’épique, aurait pu ne pas demeurer underground en émergeant dans des territoires périphériques parfois loin des centres métropolitains des côtes Est et Ouest ? Un peu comme le rock progressif qui, dans les années 1970, avait trouvé son berceau dans le Midwest. En vérité, la plupart des formations du genre viennent des grandes villes (Omen est de Los Angeles, Sanctuary de Seattle, Virgin Steele et Riot de New-York). Or, si même avec cet avantage géographique, celles-ci ne sont pas parvenues à percer – il faut dire que le Glam et le Thrash leur faisaient de l’ombre, alors comment pouvait-il en être autrement pour celles qui naquirent dans de petites villes excentrées ?
A l’heure du "village global", on peut, grâce aux nouveaux dispositifs médiatiques, faire une carrière internationale en commençant à Ondres dans les Landes : si l’on est assez talentueux, les réseaux de communication peuvent faire advenir ce qui était miraculeux il y a encore vingt ans. On peut même connaître un succès à rebours en étant redécouvert grâce à internet, après avoir vivoté à Ventura, dans la banlieue lointaine de Los Angeles, comme ce fut le cas pour Cirith Ungol.
Mais en 1981 … Former un groupe de Power Metal à cette époque-là, dans une ville moyenne des Rocheuses comme Colorado Springs, dont le dynamisme repose en grande partie sur le secteur militaire et dont la notoriété provient du choix de scénaristes d’en faire la résidence fictive de Docteur Quinn au XIXème siècle … L’origine géographique de Jag Panzer n’était pas un avantage, quand bien même Denver était à proximité, avec ses quelques clubs où jouer pour promouvoir leur musique. Quand bien même le groupe possédait un nom frappant et une pochette réussie pour son premier album sorti en 1984, Ample Destruction, qui affiche de terrifiants Cavaliers de l’Apocalypse dans un style heroïc-fantasy.
Si vous êtes un lecteur du webzine, vous savez que la NWOBHM a été très influente auprès des formations metalliques américaines à tendance Power/épique, notamment Iron Maiden qui jouissait d’un beau succès chez l’Oncle Sam. Jag Panzer ne fait pas exception : "Symphony of Terror" ou "Harder than Steel" (une réussite) possèdent des traits typiques de la Vierge de Fer. Cette inspiration est mêlée à une approche plus brute qui évoque Accept, notamment sur "The Watching" par sa mélodie et son rythme militaires, une influence teutonne également sensible sur les chœurs et le solo classicisant de "Warfare", ici associée à un substrat issu de Judas Priest. Cette approche Heavy classique produit des titres parfois assez calibrés, à l’image de "Cardiac Arrest".
Cependant, leur musique est un peu plus brutale et rapide que celle de leurs homologues anglais, au risque parfois de manquer de finesse, preuve en est du matraquage véloce de "Licensed to Kill" ou de "Reign of Tyrants", où le chant tente des notes tenues et des montées dans les aigües plus ou moins maitrisées, ce qui est compensé par le talent de soliste à la guitare. Jag Panzer offre même une démonstration de Speed Metal très honorable avec "Generally Hostile".
Dans la postérité, on retiendra avant tout leur envolée épique intitulée "The Crucifix". Long de sept minutes et divisée en cinq parties, il introduit son propos liturgique par des orgues et le conclut par le glas. Entre les deux, une guitare arpégée assez calme annonce une montée en puissance épique, le titre adopte donc une structure Power-Metal typique qui laisse place à un riff martelé aux notes variées, à un chant dramaturgique beaucoup plus maitrisé que sur le reste de l’album, et à une accélération sur le solo mélodique en guitares jumelles (avec des plans qui rappelle "Narita" de Riot).
Hélas, Ample Destruction est signé par un sous-label (Iron Woods) du californien Azra, empêchant toute diffusion digne de ce nom. C’est ce qui poussera le groupe à se déplacer dans cet État de l’Ouest plus prometteur et à rejoindre Omen et Cirith Ungol. Ils y enregistrent un nouvel album qui ne trouve pas de label et se séparent rapidement, avant que ne soit annoncée une reformation au début des années 1990 et la poursuite d’une discographie désormais imposante – l’underground par contre, reste leur seule demeure.
À écouter : "The Crucifix", "Harder than Steel", "Generally Hostile"