Honorary Astronaut
EP. 001
Produit par Casey Crescenzo
1- E.K.E / 2- Gold / 3- Love! Or, The Beast That Looks Like It / 4- Final Dream Machine / 5- Honorary Astronaut
A l’heure où le buzz et les publicités virales sont devenus le nerf de la guerre dans la course à la surenchère, la diffusion (en exclusivité) du dernier Coldplay depuis la Station Spatiale Internationale passerait presque pour de la banalité. Après tout, nous avons déjà vu une Tesla se retrouver en orbite planétaire ou encore un homme sauter depuis la stratosphère pour Redbull... Autant dire que Chris Martin et sa bande risquent de nous servir une double ration de soupe interstellaire dans les prochains mois. Fort heureusement, un célèbre slogan de cinéma disait à juste titre : "Dans l’espace, personne ne vous entend crier" !
Bien loin de ces subtilités marketing, certains se prennent à rêver des étoiles, et ceci avec un regard presque enfantin. C’est le cas de Casey Crescenzo, chanteur et grand manitou au sein du groupe The Dear Hunter, qui se permet ici une petite escapade en solitaire sous le nom d’Honorary Astronaut. En résulte un court album (sorti malheureusement dans l’indifférence générale) comprenant cinq titres tout à fait délectables. Que les fans soient rassurés, ce projet ne marque absolument pas la fin de The Dear Hunter. L’année 2020 a en effet été propice pour s’adonner à des enregistrements supplémentaires tout en prenant le temps d’explorer de nouveaux rivages artistiques. Quoiqu’il en soit, une production de Casey Crescenzo mérite clairement que l’on s’y intéresse, ce dernier nous ayant gratifié ces quinze dernières années d’albums aussi passionnants que singuliers.
On retrouve ici la patte du compositeur, avec une musique raffinée offrant un délicieux cocktail d’influences et de couleurs. Les amateurs de The Dear Hunter se retrouveront en terrain connu dès le titre "E. K. E.", dont l’aspect théâtral dépeint un cadre chaleureux et pittoresque qui n’est pas sans rappeler les dernières réalisations du groupe. Le musicien adopte néanmoins une approche plus instantanée à l’aide de morceaux à l’ambiance rêveuse et légère.
Tout au long de sa discographie, Crescenzo a pu explorer de nombreux styles musicaux : du rock progressif jusqu’à la musique classique, tout en prenant soin d’imprégner son œuvre de jazz, de tango ou encore de folk. Cependant, c’est davantage du côté de la pop que l’artiste américain semble s’épanouir et orienter sa carrière. Rien de bien surprenant: des signes annonciateurs se percevaient déjà sur plusieurs de ses productions dont l’excellent Rebirth in Reprise (2015), quatrième acte dans l’hexalogie de The Dear Hunter. Ainsi, on profitera du rythmé et dansant "Gold", répandant toute son énergie lumineuse grâce à un refrain terriblement efficace.
Même avec des morceaux relativement courts, Crescenzo parvient à insuffler une certaine profondeur d’écoute à ses compositions, avec une instrumentation toujours aussi minutieuse, réservant son lot de surprises et d’expérimentations. Que ce soit avec de jolies balades épurées ("Love ! Or, the Beast That Looks Like It") ou des morceaux au groove irrésistible ("Final Dream Machine"), notre astronaute barbu se montre tout aussi pertinent, faisant de ces quelques titres un détour quotidien des plus appréciable pour aiguayer votre journée. Le dernier titre intitulé "Honorary Astronaut" apporte quant à lui un peu plus d’ampleur à l’ensemble en revenant à une structure progressive dans un style très floydien. L’occasion de finir sur une note plus rock, durant laquelle la guitare côtoie de manière harmonieuse synthés et autres arrangements sonores.
Avec ce projet secondaire, Casey Crescenzo (alias Honorary Astronaut) nous propose cinq titres savoureux comme il sait si bien les faire. Sans viser l’ambition, ni la maestria de ses albums estampillés "The Dear Hunter", l’artiste américain démontre que son univers musical s’accorde parfaitement avec une pop légère et immédiate. Quand on connait le parcours du personnage, ainsi que son penchant pour les concepts-albums interconnectés, on se doute bien que cet EP (numéroté 001) pourrait être le point de départ d’une longue série... L’avenir nous le dira ! En attendant, et à défaut d’être un véritable astronaute, c’est bien sur terre que Crescenzo rêvera des étoiles. Finalement, il n’en faut pas plus pour transmettre cette passion et nous faire rêver en retour.