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Critique d'album

Green River


Come On Down


(12/11/1985 - Homestead Records - Grunge - Genre : Rock)
Produit par Chris Hanzsek

1- Come on Down / 2- New God / 3- Swallow My Pride / 4- Ride of Your Life / 5- Corner of My Eye / 6- Tunnel of Love
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Premier EP officiel du grunge, et déjà les dissensions éclosent..."
Nicolas, le 26/04/2023
( mots)

Il est parfois stupéfiant de constater à quel point une formation peut presque radicalement changer en très peu de temps. L’exemple des démos de Green River et de son premier EP en est caricatural, puisque même pas six mois séparent les premières du second, entre juin et décembre 1984. Ne vous laissez surtout pas abuser par la date de publication : Come On Down est resté un an au frigo avant d'arriver dans les bacs, la faute à un jeune label complètement inexpérimenté. Donc, six mois. Certes, en six mois, il peut se passer bien des choses… mais ici, bizarrement, il ne se passe rien. Rien, nichts, nada. Le groupe fait bien quelques concerts - face à des assistances vides, pour la plupart - mais c’est tout. Qu'est-il donc arrivé ? La réponse tient en une histoire qui a mis du temps à se construire, mais dont les tenants et aboutissants éclatent finalement très vite.


La réponse, c’est Stone Gossard, même s’il n’est que la partie émergée de l’iceberg. La réponse, c’est que l’on fait miroiter à Green River la lune, même si Chris Hanzsek (producteur et futur boss de C/Z Records) est complètement fauché et qu’il n’a aucun nom d’inscrit sur son carnet d’adresse. La réponse, c’est que ces deux glandus de Mark Arm et de Steve Turner n’ont pas pigé tout de suite que leur création était en train de leur échapper. En intégrant le bassiste de Deranged Diction (Jeff Ament, bouseux du Montana qui n’a absolument pas l’intention de faire la plonge toute sa vie dans un restaurant) et le guitariste de March Of Crimes (Stone Gossard, qui a toujours davantage fréquenté les salles de Lake Hills squattées par les métalleux que celles de Downtown occupées par les punks), les deux ex Mr Epp and the Calculations ne calculent pas que leur groupe de branleurs un peu je-m’en-foutistes au son volontairement cra-cra est en train de se muer en une machine de guerre bien plus carnassière, dans tous les sens du terme. À l’arrivée, la fin de l’enregistrement de Come On Down coïncide avec le départ de Steve Turner qui, bien que ne comprenant pas réellement ce qui se passe, ne peut que se rendre à l’évidence : il ne s’amuse plus dans Green River. Mark Arm, lui, mettra trois ans pour en arriver à la même conclusion. Turner est illico remplacé par Bruce Fairweather, un pote d'Ament qui jouait avec lui dans Deranged Diction, et l'effectif ne bougera plus jusqu'à son implosion en 1987.


Qu’est-ce qui change ici, en dehors d’une plus-value qualitative évidente entre une collection de démos et un authentique recueil studio ? Le son de guitare, tout d’abord. Nettement moins fuzzé, beaucoup plus distordu. Écoutez les deux versions de l’introduction de “New God” pour vous en rendre compte, c’en est presque caricatural. Le côté destroy disparaît (ainsi que les larsens) au profit de soli de guitare travaillés (il n’y en avait quasiment aucun dans les démos), certains riffs hachés épousant la couleur du metal. Le sacro-saint curseur de Green River, celui qui servira plus tard de définition au son “grunge”, à savoir une fusion entre punk et heavy metal, se déplace donc grandement vers le second item. Autre point qui crève l’oreille, la rythmique globale des compos s’est clairement assagie, les rushs ventre à terre ont laissé place à des mid-tempos bien cognés. Il y a aussi du taff d’accompli : le groupe a bossé sa technique, y compris Mark Arm dont le chant se fait moins craquos, avec des notes tenues plus affirmées - et justes. Parmi l’autre démo retenue sur cet EP, “Tunnel Of Love”, déjà bien long dans sa version originale, gagne encore 1min30 mises à profit pour en étoffer l’intro. Le titre gagne encore en complexité, on pourrait même dire en progressivité. Autre pièce travaillée du lot, “Ride Of Your Life” se montre presque omnibus, suspendu à des fins de phrases qui s’interrompent brutalement sur des hurlements secs. Les trois autres titres, tous des originaux, se veulent plus directs et même fédérateurs comme le punchy “Swallow My Pride” qui deviendra un hit en concert, solaire, positif, harangueur et gouailleur à souhait. Gossard s’y amuse avec sa wah-wah (un artifice pas très fréquent dans le milieu punk de Seattle) et déploie ses talents techniques avec simplicité. Plus basique, “Come On Down” passe très bien en introduction, puissant, brut, bien rythmé, bourré de larsens que l’on sent contenus avec une certaine rage. Et puis il y a “Corner Of My Eye” dont l’énergie retombe à mi-parcours sur un interlude heavy avant de repartir de plus belle dans ses derniers retranchements. Très agréable.


Green River signe là des débuts convaincants à défaut de se montrer incontournables. Surtout ce disque reflète déjà les dissensions qui feront éclater la formation trois ans plus tard, incapable de canaliser les différentes aspirations artistiques des uns et des autres. Les punks, Arm et Turner, ceux qui se foutent de faire carrière et de se plier au système, iront s’ébattre au sein de Mudhoney. Les rockers “pros”, ceux qui veulent vendre des disques, jouer dans des stades et devenir des rock stars, s’épanouiront avec Mother Love Bone puis Pearl Jam. Il n’y a à ce stade aucune animosité au sein de Green River, simplement des divergences d’opinion et de visions de la vie qui, l’une comme l’autre, peuvent parfaitement s’envisager et se justifier. Une bataille à laquelle il est en tout cas très intéressant d’assister, même si la musique elle-même demeure (pour le moment encore) au second plan…


À écouter : parce que c'est bien, quand même.

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