Grand Magus

L’épée mythologique de l’Einherjar s’est faite dérobée par un rapace divin surgissant des nuages au moment où le soleil illumine la lande de ses rares rayons dans l’hiver scandinave. C’est ce genre de légende que les bardes-soldats de Grand Magus se plaisent à chanter en inventant une collection de contes guerriers et musicaux qui semble surgir du fond des âges. Les chansons de l’épée datent de 2016 mais semblent être les chapitres d’une saga ou les pages d’un recueil transmis depuis la nuit des temps.

Sword Songs est un album concis, un peu plus de trente minutes, une durée en écho aux années 1980 qui imprègnent la musique du groupe : Manowar est souvent cité parmi les modèles, mais Grand Magus est un peu moins caricatural – même s’il l’est peut-être sur "Forged In Iron - Crowned In Steel" avec ses "viking metal" (mais le titre possède quelques variations bien senties) et sur "Born For Battle (Black Dog Of Brocéliande)", qui tient aussi du Saxon moderne. Si l’on en croit la reprise ajoutée en guise de bonus, les 70’s semblent encore plus inspirer le groupe puisqu’on entend la versions assez fidèles de "Stormbringer" de Deep Purple.

Sur cet opus, Grand Magus lorgne vers le power-metal en l’épurant, comme l’illustrent les plans de guitares assez sensationnels et les refrains belliqueux chantés en chœur de "Varangian", ou l’introduction et le solo de "Freja's Choice" qui conserve sa profondeur doom, son martellement rythmique assez caractéristique, et quelques break modernes. En conclusion, le paradigmatique "Everyday There's A Battle To Fight" (quel programme !) est un midtempo aux fioritures qui lui accordent une certaine splendeur, et il bénéficie lui aussi d’un excellent travail à la guitare soliste, assez remarquable sur cet album.

Plus Heavy, plus musclé, plus metallique, Sword Songs laisse peu de place aux intermèdes acoustiques pourtant si appréciables (en témoigne tout de même "Hugr") et s’attarde sur des riffs à la fois plus véloces et bourrins ("Master Of The Land"), un chant plus rugueux et une batterie plus tonitruante ("Last One To Fall"), pour parfois compenser une légère baisse d’inspiration ("Frost And Fire").

Dans la lignée de Triumph and Power, tout en étant plus brutal, Sword Songs est presqu’aussi bon mais ses côtés plus rudimentaires et moins hymniques le placent tout de même en dessous de son prédécesseur. Il n’en reste pas moins un bon album qui permet à Grand Magus de conserver sa place parmi les grands noms du Heavy actuel.

À écouter : "Varangian", "Forged In Iron - Crowned In Steel"