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Critique d'album

Gang of Youths


angel in realtime


(25/02/2022 - Mosy Recordings - Sony Music - Indie Rock - Genre : Rock)
Produit par Gang of Youths, Peter Hutchings, Peter Katis

1- you in everything / 2- in the wake of your leave / 3- the angle of 8th ave. / 4- returner / 5- unison / 6- tend the garden / 7- the kingdom is within you / 8- spirit boy / 9- brothers / 10- forbearance / 11- the man himself / 12- hand of god / 13- goal of the century
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Au nom du père."
Diego, le 19/04/2022
( mots)

Après le succès de leur second opus, Go Farther in Lightness, petite merveille de combinaison de stadium rock, d’indie et de pop, le groupe australien Gang of Youths s’est expatrié à Londres, à la recherche d’un souffle nouveau. Le morceau phare de leur dernière galette, "Let Me Down Easy", mettait clairement en évidence les influences métissées (l'élocution et la production très Casablancas époque Room On Fire, le côté lumineux des Local Natives et l'élégance des National). Métissées et glorieuses donc ! Côté lineup, le guitariste Joji Malani a laissé sa place à Tom Hobden, mais on retrouve les mêmes musiciens derrière le charismatique leader Dave Le’aupepe.


S'il y a bien une référence qui saute aux oreilles à l'écoute de Angel in Realtime, troisième album du gang des jeunes, c'est bien U2 ! Un parallèle existe entre la période qui suivit Joshua Tree et entoura Achtung Baby et la conception du sujet de cette chronique. La transition entre rock et compositions plus intimistes est le créneau choisi par Gang of Youths ici, emboîtant le pas des Irlandais, trente et une années plus tard. Ce n’est pas seulement au travers de la tessiture de la voix de Le’aupepe, évoquant le Bono des grandes années, mais aussi sur le style musical global que les icônes des années 90 sont évoquées. Les morceaux "the man himself", "returner" et "spirit boy" en sont d’excellentes illustrations.


Certaines des compositions de Gang of Youths mélangent élégamment indie rock (voire folktronique, nous y reviendrons) et chants traditionnels Maoris. Cette originalité n'est ni un artifice gratuit ni une excuse pour faire un clin d'œil aux origines du leader. Il s'agit ici d'un réel proxy pour aborder le sujet majeur du disque : celui de l'héritage et de l'émancipation. La grande majorité des morceaux traitent en effet du décès du père de Le’aupepe, disparu en 2018.


Le single "in the wake of your leave" - une bombe springsteenienne- démarre la séance d'autocritique du frontman, regrettant l'impossibilité de construire ou de réparer les ponts paternels. Le titre "brothers" est la parfaite illustration de l'aspect cathartique de la composition musicale pour Le’aupepe: il y retrace, sur un air de piano enfantin, les histoires personnelles cachées puis découvertes. Comme toute famille, celle du leader a son lot de cadavres dans les placards : qu'il s'agisse du fait que son père était réellement samoan et non métisse (il aurait menti pour garantir un avenir moins semé d'embûches pour ses enfants) ou bien des frères découverts sur le tard car abandonnés, on retrace l'histoire familiale en toute transparence et en toute intimité sans jamais verser dans le voyeurisme gratuit..


"tend the garden" voit Le’aupepe pousser l'exercice jusqu'à personnifier son géniteur et raconter son histoire, ses mal-êtres, à sa propre place.


La figure du père comme patriarche guidant sa progéniture dans les épreuves de la vie prend forme sur "the man himself", évoqué plus haut. Le'aupepe imagine les futurs conseils de son père sous la forme de murmures, le tout sous la forme d'une power ballade emballée et emballante. Les chants traditionnels de l'île de Mangaia viennent se mêler aux puissantes envolées du chanteur, comme une libération par l'acceptation d'un flambeau à reprendre. "Spirit boy" reprend ces mêmes codes avec application.


La spiritualité n'est pas en reste sur le bouleversant "hand of god", titré ainsi en hommage à Diego Maradona et à sa fameuse main de dieu. Les références au football, dont Le'aupepe et son père partageaient la passion sont entrecoupées d'Halleluyah et d'Amen et le frontman alterne entre couplets barytons et refrains plus enlevés pour une franche réussite.


Le morceau concluant l'album est par ailleurs appelé "goal of the century", nouvelle référence au Pibe de Oro et à l'extraordinaire but qui suivit sa main de dieu. L'enchaînement est utilisé comme image de notre impuissance face au déroulé des événements. Le'aupepe semble faire sienne l'expression de Robert Frost, résumant en trois mots ce qu'il a retenu de la vie : "it goes on". (La vie continue). 


Le fil rouge du disque apparaît également sur "returner" qui questionne les bonnes raisons de faire partie d'un groupe et de faire de la musique. "I'm only in it for the money" répond ironiquement à la fois l'inquiétude et au scepticisme d'un parent et à l'industrie musicale. Le père de Le’Aupepe est présent partout sur angel in realtime, comme dévoilé sur le premier titre, bien nommé "you in everything", qui annonçait la couleur avec son intro sur fond de chants tribaux et de sons électroniques directement inspirés de Wilco d’après le compositeur lui-même.


Une autre inspiration non dissimulée de l’album est le groupe The National, en particulier l’album Sleep Well Beast et ses compositions indie-électroniques. Sur "unison", Dave Le’aupepe sort son plus beau costume de Matt Berninger. Dans une interview, le leader parlait de ce titre au magnifique finish mêlant cuivres et chants samoans comme du futur du groupe. Réjouissant pour la suite ! Même punition pour "forbearance", merveille de folktronique lamentant les souvenirs plus troublés de la relation père-fils, à savoir la tentative de suicide de Le’aupepe. Le refrain "Rise and rise, you great old thing" est un sommet du disque, et probablement de l’année aussi.


Autre joyau de cet album abouti : "the kingdom is within you". Là encore, la voix de Le’aupepe se balade sur les chemins tracés avec élégance par ses musiciens. Le classe d’Elbow vient parfois à l’esprit. Le frontman place cette fois-ci son drame personnel dans un contexte plus englobant, regrettant le sort réservé aux immigrés des îles du Pacifique (dont faisait partie son père). Si l’injustice est un point commun entre les deux situations, l'inéluctabilité n’en est pas un…


Vous l’aurez compris, cette galette des Australiens est bourrée de qualités. Elle n’est cependant pas exempte de défauts. Le premier est évident : la longueur ! L’album culmine à une heure sept minutes et certains titres mériteraient un léger élagage (cinq titres dépassent les 5m30 !). On peut également regretter l'exubérance de Le'aupepe, qui transpire sur le disque et explose au visionnage des prestations live du groupe. Cette confiance parfois abusive est cela dit portée par un talent de leader et un charisme indéniables.


Comme parfait exemple de trait d’union entre passé et avenir, "the angel of 8th st", porté par une section rythmique du tonnerre (non sans rappeler "Apartment Story" de The National, encore eux!), traite de la nouvelle vie londonienne des membres du groupe et fait partie des chansons punchy garantissant l'équilibre d'un disque tenté par le versant mélancolique.


C’est une force éclatante de cet album libérateur, animé, qui constitue l’hommage d’un fils dont tout père serait fier.


 


A écouter : "the kingdom is within you", "the angel on 8th st", "returner.


 

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Commentaires
Mathildealbumrock, le 19/04/2022 à 12:52
Du Elbow et du the National effectivement, belle énergie