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Critique d'album

Five Horse Johnson


The Taking Of Black Heart


(29/01/2013 - Small Stone Records - Southern Rock - Genre : Rock)
Produit par

1- The Job / 2- Keep On Diggin' / 3- Black Heart Baby / 4- Mexico / 5- Beating In My Hand / 6- Quick On The Trigger / 7- Smash & Grab / 8- Hangin' Tree / 9- You're My Girl / 10- Shoot My Way Out / 11- Die In The River
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le retour tant attendu des maitres de la fusion southern rock/heavy blues."
Maxime, le 20/02/2013
( mots)

Il suffit de pas grand chose à la bande de Toledo, l'appel lointain d'un harmonica sonnant la charge, un riff girond galopant gaillardemment sur la tourbe, un chant rocailleux galvanisant les troupes lancées à l'assaut, pour la voir tournoyer son lasso, harponner l'amateur fidèle par le colback et lui faire oublier sept impardonnables années de silence. Car les compères ont une noble cause à défendre. Five Horse Johnson, 17 piges d'activisme au compteur, le braille sans fard à la cantonade sur le morceau introductif de sa septième plaque  : "It's a job, and we'll do it". Tant mieux, parce que le boulot en question, secouer l'étendard southern rock mâtiné de heavy blues, personne en ces temps arides ne l'abat aussi bien qu'eux. Et parce que nous sommes particulièrement obstinés à albumrock, nous avons toujours conseillé à nos lecteurs la moonshine booze de ces fringants artilleurs de l'Ohio. Du fait maison, du râpeux qui tient au corps, réchauffe et revigore, et qu'on se refourgue sous le manteau, l'illustre label dont ils font figure d'emblème (Small Stone Records) n'étant à l'heure actuelle toujours pas officiellement distribué en France.

On affranchira rapidement les étourdis et les nouveaux venus en leur rappelant que Five Horse Johnson est un conglomérat d'épais ferrailleurs nordistes pratiquant un blues carabiné à la mode sudiste, entendez par-là allègrement sabré à la slide et généreusement farci de dodus licks de guitares, rehaussé par le chant rauque d'Eric Oblander, rude frontman aux allures d'armoire à glace norvégienne. Si les gaillards ont puissamment affirmé leur style dès leur première réalisation (Blues For Henry, 1996, qui mériterait d'être réédité), c'est en durcissant le ton qu'ils se firent découvrir à l'orée du nouveau millénaire, avec l'impeccable triplette Fat Black Pussycat/The N° 6 Dance/The Last Men On Earth. Leur rock sans fioriture pratiqué à coups de riffs houblonneux leur vaut d'être labellisés stoner, une étiquette qui ne ternit par leur blason mais a tôt fait de les enfermer dans un genre dont ils partagent peu les codes, les lascars carburant plus au malt fermenté qu'aux drogues de synthèse. Tandis que les contemporains de Kyuss et leurs nombreux émules s'emploient à remettre au goût du jour les titanesques travaux de Hawkwind, Blue Cheer et autres Captain Beyond, les Five Horse font bouillir dans leur alambic une synthèse de Lynyrd Skynyrd et de ZZ Top, tentant de s'accaparer la puissance de feu des premiers avec deux fois moins de personnel et de capturer l'héritage des premières (et meilleures) années du second, avant que les synthés et MTV ne gâchent l'affaire.

The Taking Of Black Heart s'inscrit parfaitement dans le sillon qu'ils creusent vaillamment depuis presque deux décennies, vigoureux héraut d'un heavy blues garanti 100% no bullshit. Le quartet se voit renforcé avec l'arrivée définitive de Phil Dürr au poste de second guitariste. Infichu de se dégotter un batteur attitré, le groupe requiert à nouveau les services de leur vieux complice Jean-Paul Gaster, l'imposant cogneur (dans tous les sens du terme) des fantastiques Clutch, lequel apporte sa science percussive pour distiller ici groove charnu, là lourdes cavalcades. L'aficionado peut se frotter les mains et le novice ayant une appétence pour le binaire qui tâche se préparer à succomber, tant le disque offre avec bonheur ce qu'on est en droit d'attendre d'une galette estampillée FHJ, gavée jusqu'au goulot de boogies rustres absolument imparables ("Keep On Diggin'", "Black Heart Baby") et de mid-tempos cauteleux débités avec l'aplomb d'un bûcheron zélé ("Beating In My Hand", "Shoot My Way Out"). La gouaille bourrue d'Eric Oblander fonctionne à plein, que ce soit pour tonner de son gosier chargé des leçons de vie décochées dans un état semi-éthylique ("Smash & Grab") ou décharger de généreuses salves d'harmonica, lequel n'est pas vulgairement utilisé comme élément décoratif mais honoré en tant que véritable instrument soliste, frayant entre les guitares tronçonnées sur l'étourdissant "Mexico".

Barbe huileuse et casquette de trucker imperturbablement vissée sur le crâne, Brad Coffin mène alternativement les débats derrière le micro, administrant un binaire aussi létal qu'une volée de plomb dans le bide ("Quick On The Trigger", "Hangin' Tree"). Parce que le plaisir se doit de présider aux festivités, les musiciens se fendent d'une reprise en bonne et due forme, dévergondant une obscure scie de Rod Stewart ("You're My Girl"), régurgité sous la forme d'un boogie jubilatoire propre à calciner la tignasse peroxydée de Rod the Mod et sur lequel Robin Zander, le loufoque chanteur de Cheap Trick, vient se détendre le larynx (on jurait aux premiers tours de platine qu'il s'agissait de Cormac Neeson, le screamer des Irlandais de The Answer). Rivé sur ses acquis, l'album n'ennuie pourtant jamais, tant il sait varier les exercices et aligner les titres consistants, si bien que l'on achève avec délice le parcours sur "Die In The River", espèce de "When The Levee Break" muté en marche brinquebalante sous la lune du Mississippi.

Bénéficiant d'une production moins acérée que par le passé, malgré le line-up renforcé, The Taking Of Black Heart prolonge les travaux de son prédécesseur (The Mystery Spot, tout aussi recommandable), entérinant un retour vers une couleur blues plus présente. Pour autant, il se dégage toujours cette espèce de chaleur bienveillante qui donne aux ruades décibéliques des gaillards l'allure de fraternelles tapes dans le dos. Rustaud au premier abord, le combo reste l'une des rares formations issues de l'underground américain à si bien s'approprier l'essence de la frange la plus drue du classic rock des seventies, sans chiquer au revival postmoderne opportuniste, quand tant de jeunes loups ont déçu après leur première réalisation (Wolfmother, The Answer, The Parlor Mob). Parce que chez Small Stone on n'a pas l'habitude de faire prendre à l'auditeur des vessies pour des lanternes, la bio accompagnant le disque conclut fort justement sur cette stance  : "Five Horse Johnson will gladly kick your ass, and then wait for you to say thank you". Tu l'as dit, buddy  !

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