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Critique d'album

Editors


The Weight Of Your Love


(01/07/2013 - PIAS - Revival Cold Wave - Genre : Rock)
Produit par

1- The Weight / 2- Sugar / 3- A Ton of Love / 4- What Is This Thing Called Love / 5- Honesty / 6- Nothing / 7- Formaldehyde / 8- Hyena / 9- Two Hearted Spider / 10- The Phone Book / 11- Bird Of Prey
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Le cousin d'Amérique."
Kevin, le 01/07/2013
( mots)

Ce quatrième album d'Editors aurait très bien pu ne jamais voir le jour, tant le groupe semble avoir ressuscité des limbes dans lesquelles il s'était lui-même plongé. Après un précédent album en forme de balle tirée dans le pied, parti dans des délires électros (franchement loupés), s'est enchaîné le départ du guitariste et membre fondateur du groupe Chris Urbanowicz pour divergences d'opinion quant à la forme à donner au son d'Editors. S'en suit une pesante lassitude qui a bien failli tordre le cou de la dernière tournée des boys de Birmingham, si bien qu'un flou épais entourait leur avenir. L'enregistrement de ce The Weight Of Your Love s'avérait donc fatalement décisif, pouvant aiguiller le groupe vers un retour à la lumière ou alors directement l'enterrer pour de bon. En outre, deux nouveaux membres sont venus remplacer le partant et redonner un nouveau souffle à une équipe moribonde. Puis direction Nashville pour enregistrer avec Jacquire King (Tom Waits) ces nouvelles compositions, les premières dans cette configuration. 

Dans des conditions aussi particulières, il faut à la fois se rassurer et savoir se réinventer. Et dans les deux cas, le contrat est plutôt rempli. Se rassurer car le gros point fort du groupe, à savoir la voix profonde de Tom Smith s'avère toujours impeccable et tout est réalisé pour la mettre en valeur autant que possible. En s'asseyant sur une telle mine d'or et en simplifiant tout le contexte autour, Editors ne pouvaient pas tomber trop loin de la vérité. Reste à se réinventer car si la prise de risque est proche du zéro, l'album annonce tout de même un renouveau. Nourri d'une épaisse influence Nashville, qui mine de rien, leur va bien au teint, ils ont su créer une musique certes très basique, mais qui tient aussi bien d'une solide folk ricaine que d'une idée du rock britton façon U2 (le bon côté de U2, s'entend). Le tout chevillé autour de la voix de baryton de Smith qui scintille d'une lumière plus sincère dans cet environnement plus brut et moins maniéré. Si on peut regretter la disparition de la noirceur emphatique de l'excellent An End Has A Start, les nuances boisées de The Weight Of Your Love permettent de donner plus de coffre au savoir mélodique du groupe. En témoigne "Two-Hearted Spider", version épurée et bluesy de "Spiders", nettement plus ténébreux et chargé en émotion.

Si les trois précédents albums du groupe exaltaient une certaine noirceur, elle s'est largement dissolue dans une véritable ode au sentiment amoureux. Tous les morceaux (ou presque) chantent l'amour, qu'il soit triomphant, déçu ou destructeur. Dès le premier morceau "The Weight", Smith entame cette relation désir/peur vis à vis de l'amour tout en posant les bases rustiques de ce virage americana, guitares acoustiques et base rythmique des plus appuyées. "Sugar" creuse à son tour ce sillon mid-tempo cow-boy somme toute assez classique. Rehaussé par ses violons persiques et une basse rondelette, il offre une belle image du talent mélodique (devenu au-dessus de l'Atlantique étrangement plus pop) du nouveau line-up. Ajoutez un "Ton Of Love" nerveux et engagé, ou un "Fromaldehyde" presque aussi ciselé que les meilleurs moreaux de The Back Room, où la voix de Elliott Williams (l'un des deux petits nouveaux) répond sans mal à celle de Smith dans un refrain gentiment énervé. On surprend même "Hyena" à balancer des faux-airs de Madrugada du canyon, grands espaces et chœurs de circonstances, riffs tranchants qui répondent à l'écho de la secouante batterie. 

Cela dit en plein cœur de l'album, coule une rivière pop guimauve à violons, plutôt touchante même si elle s'avère un brin fatigante à la longue, tant ces trois morceaux débordent un peu trop de leurs lits. Sans doute l'héritage des grandes crues américaines. "What Is This Thing Called Love" couple violons, piano, clair de lune et une voix de tête étonnement agréable. Comme un plaisir coupable elle se déguste sans aucun mal grâce à sa douceur de miel, malgré son évident côté mélo un poil forcé. Une voix que l'on retrouve parcimonieusement dans un "Honesty" plus torturé, violons (encore) stridents à l'appui. Une ballade que la voix gorgée de remords s'échine à faire décoller au-dessus d'une compo trop tape-à-l'oeil pour être réellement honnête. "Nothing" met quant à lui les deux pieds dans le plat, cathédrale de cordes digne d'un Disney, voix qui s'élève sans cesse le long des parois, pour un espèce d'opéra pop-violons trop guindé qui aura achevé d'éteindre notre endurance sentimentale pour la semaine.

The Weight Of Your Love voit Editors arrondir les angles et les recouvrir de fourrure. Fini le post-punk aiguisé, balancé aux oubliettes le rock indé noirci au charbon et ne parlons même pas d'électro ici. Reste une pop gracieuse, charpentée quoique franchement facile par instants, bien plus inspirée par l'héritage américain (de la folk à la pop la plus easy-listening) que par les courants tumultueux des années 80. Si rien ne semble casser la baraque, on se retrouve face à un album maîtrisé, où l'unique prise de risque demeure "Honesty", (irritante ?) pièce orchestrale où Smith s'aguiche de colosses de cordes trop monolithiques pour être convaincants. Editors a rassuré son monde, quitte à alléger la recette jusqu'à ce qu'il ne reste que les os de ces jolies petites mélodies et cette voix hors du commun. Comme ce morceau aussi simple que beau, "The Phone Book" où Smith joue le chaman, sa voix dressant un pont entre une folk épurée à l'extrême et une mélancolie brute. Reste à croiser le doigts pour que les membres d'Editors soit en paix avec cet album et que le suivant enclenche la seconde et se remette, enfin, à nous faire dresser les poils en un claquement de voix. 

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