Dream Theater
Train Of Thought
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1- As I Am / 2- This Dying Soul / 3- Endless Sacrifice / 4- Honor Thy Father / 5- Vacant / 6- Stream Of Consciousness / 7- In The Name Of God
Chaque sortie d'un Dream Theater est pour la scène metal un grand évenement. Car non content de réunir des plus grands musiciens (John Petrucci, Mike Portnoy), Dream Theater innove à chaque album en tournant leur musique différement. Metropolis Pt2 nous la jouait bande son de film, Six degrees of inner turbulence était complétement orienté progressif mais d'une inventivité à toute épreuve, et même le live Change of Season nous mettait sur le cul tant la formation américaine arrivait à gérer des morceaux de plus de 20 minutes. Depuis 12 ans maintenant, Dream Theater nous transporte, comment allaient-ils le faire cette fois-ci ?
Train of Thought, où quand les mathématiciens de la musique se la font heavy-metal... Il est clair que John Petrucci n'y va pas (encore une fois !) par quatres chemins. Véritable guitar hero, il nous montre encore une fois sa palette de technique à une vitesse effroyable, il est indéniable que le nombre de note jouée à la seconde est plus haut que n'importe quelle autre oeuvre de heavy. Mais si son jeu a quelque peu perdu en personnalité, il a énormément gagné en puissance. Car c'est bien de cela dont on parle ici : de puissance. Dream Theater signe ici, n'ayons pas peur des mots, son album le plus heavy, plus beau que tout ce qu'ils ont pu faire dans le passé.
Renvoyant tous les autres groupes de metal à leurs gammes, "ToT" est une véritable leçon de musique, et ce, à tous les niveaux. Portnoy (batterie), qui se sert maintenant à fond de sa double pédale, nous envoie désormais des rythmiques véritablement irréelles ; appuyé par John Myung, ils sont à eux deux un duo des plus entraînants du moment (le dernier à m'avoir fait cet effet est celui de RATM Commerfold/Wilk, c'est dire !). Car la cadence est ici complétement infernale... tellement, en fait, qu'il faut presque une dizaine d'écoutes pour d'apprécier toutes les finesses des arragements. Oui, Dream Theater fait dans le heavy mais conserve tout ce qui a fait leur renommé : le progressif.
Et leurs racines, ils ne les ont pas reniées, loin de là !
La rapidité du jeu de Petrucci découragera n'importe quel guitariste à retoucher sa guitare dans les jours qui suivront l'écoute ! Les solii s'enchaînent jusqu'à l'indigestion. On les suspectera même de vouloir se la jouer à la Black Album de Metallica sur "As I am", d'ailleurs les chants assurés par LaBri font directement penser à Hetfield, petit clin d'oeil bien sympathique.
Mais s'ils ont su montrer leurs prouesses en matière de heavy, on apprécie (presque) d'autant plus les titres calmes. "Endless Sacrifice" et "Vacant", véritables ballades. Mais à la manière Dream Theater, entendez donc par là de véritables explosion au bout de quelques minutes d'arpèges en son clean et voix suave. Le clavier prenant ici toute son ampleur, loin des aspects kitsh qu'il avait dans leur passé, et s'effectue ainsi de véritables doubles-solii entre Petrucci et Rudess. Et lorsque Portnoy s'y mêle, bassez vos volumes de basses car le résultat fait vraiment très, très mal !
La qualité obtenue par Train of Thought est telle que chaque morceau mériterait presque d'être traité seul à seul. "In the name of God" en est d'ailleurs la parfaite représentation. Véritable tryptique, ce morceaux de plus de quatorze minutes à la rythmique lourde et lente, se rapprochant d'ailleurs des compositions plus récentes de Dream Theater. Chant haut-perché très lyrique, puis basse très groovy suivant d'un solo de Petrucci absolument dantesque. Solo achevé par un très extaordinaire break au piano. "In the name of God", où comment nous extasier en trois temps.
Que pourrait-on lui reprocher me direz-vous ? Tout d'abord que ce ne soit pas un double album !! Car il faut l'avouez, Train Of Thought est tout simplement génial, et même si le CD est bien rempli avec seulement sept (!) pistes, on aurait aimer en avoir encore plus ! Mais, aussi extraordinaire soit-il, cet album n'est pas une aussi énorme révolution telle qu'on a pu en voir entre deux autres albums de Dream Theater. Dream Theater a fait du très bon travail, mais sans prendre de risques inconsidérés tels qu'ils avaient fait sur le CD2 de Six degrees of inner turbulence par exemple. Plus un stand-by qu'une évolution en somme, mélange du mythique Awake, d'Image and words et d'un soupçon de Pantera et de Metallica.
Ayant pris dans leur meilleur de leur passé, Dream Theater nous livre ici son meilleur album, ils ont su rester fidèles à eux-même : de la technique, du shred, du progressif et encore de la technique. Une véritable leçon de solfège pour tous musiciens...