Ange
Tout feu tout flamme
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1- Tout feu tout flamme / 2- Tout contre tout / 3- Coquille d'oeuf / 4- C'est pour de rire / 5- Sur les grands espaces bleus / 6- 3 x 1 = nous / 7- J'suis pas d'ici / 8- Il est le soleil
Ne reparlons pas d'Egna. Ce qui est fait est fait. Poursuivant sa productivité pléthorique, Ange signe l'album Tout Feu Tout Flamme en 1987. Pour l'occasion, le groupe décide de rappeler deux anciens membres et non des moindres puisqu'il s'agît de deux des fondateurs, à savoir le guitariste Jean-Michel Brézovar et le bassiste Daniel Haas. Dix ans après leur départ, voilà que ces deux anciens compagnons mettent à nouveau la main à la pâte.
Mais ne nous emballons pas trop vite, ils ne reviennent pas en tant que membres mais en tant qu'invités et ne font claquer les cordes que sur un seul morceau, le morceau-titre en première plage. L'heure de la reformation n'a pas encore sonné mais elle arrivera. Les bassiste et guitariste "officiels" sont toujours Laurent Sigrist et Serge Cuénot accompagnés par le batteur Francis Meyer.
L'opus démarre donc par le morceau-titre dont les premières notes rappelleront quelque chose aux fans pur jus du groupe puisqu'il s'agît d'une revisite du single "Tout Feu Tout Flamme" sorti en 1971. Christian Décamps aime à répéter qu'il déteste la nostalgie mais qu'il a un grand respect pour le passé, pour les racines. En réinterprétant cet ancien titre accompagné d'anciens camarades, on comprend ce que cela signifie. Cette version reste fidèle à l'originale autant qu'elle s'en démarque avec des arrangements collant à l'air du temps.
On sent qu'Ange tend à s'éloigner du son qui a failli le faire sombrer sur Egna (mince, on avait dit qu'on en parlait plus !). L'ensemble reste ancré dans son époque mais des efforts ont été faits pour se débarrasser des rythmes étouffants et des mélodies pop racoleuses. La volonté d'une musique plus directe et mainstream est toujours présente mais avec cette fois un retour au rock franc pour notre plus grand plaisir ("Tout Contre Tout"). Comme quoi, on peut faire bouger sans tomber dans une ode à la musique de discothèques.
Cet album est assez méconnu, peut-être parce qu'il a été publié sous le label "Disques Marianne" fondé par Francis Décamps et n'a pas profité d'une grande promotion. Toujours est il qu'il mérite d'être sorti des archives au moins pour avoir le plaisir d'entendre "C'est Pour De Rire". L'intro très bucolique sur laquelle Christian Décamps pose d'une voix d'enfant une déclaration à son père (décédé deux ans auparavant) nous envoute de sa sérénité. Le reste du morceau alterne entre moments punchy et plus mélancoliques. Les paroles sur le déroulement de la vie sont émouvantes lorsque l'on connaît le contexte de leur écriture.
"Au-delà des systèmes, au-delà du délire, il existe une étoile qui nous ressemble un peu". Ce texte est chanté en chœur à la façon d'un hymne très apaisant sur "Les Grands Espaces Bleus". Interprétation très émouvante encore une fois sur ce titre qui aurait pu être remarquable avec une VRAIE BATTERIE. Un slow bien plus appréciable que les derniers offerts par le groupe.
On peut quand même se passer de certains morceaux qui ne sont pas réellement indispensables : "3X1 = Nous" mêle rockabilly et pop-rock de façon trop enjouée et légère pour être intéressante ou de "Coquille d'Oeuf" qui sent le synthé à chaque mesure (même le saxo que vous avez cru entendre, c'est Francis Décamps qui le produit via son clavier). Puis, "J'suis Pas D'ici", qui revient de façon parodique et cynique sur l'assassinat du petit Grégory avec un groove rockabilly, n'est pas marquante.
L'effort a été fait, c'est indéniable. Tout Feu Tout Flamme fait le job bien qu'on ne dénombre qu'un seul moment vraiment remarquable. Les années passent et la fin du Ange première mouture est proche. Tâchons de profiter des derniers instants.