Accept
Blind Rage
Produit par Andy Sneap
Dans les 2010’s, Accept semblait avoir retrouvé la fougue de ses jeunes années, publiant un album tous les deux ans depuis la sortie triomphale de Blood of the Nations et l’arrivée de Tornillo au chant. Sorti en 2014, Blind Rage est donc le troisième opus de ce nouvel âge du groupe. Cette productivité, pour ne pas dire cette précipitation, avait eu des conséquences sur la qualité de la composition et Stalingrad était un peu trop calibré pour convaincre sans faire douter.
Or, avec son introduction épique chargée d’orchestrations à la limite du Metal symphonique, "Stampede" montre qu’il est possible de faire du Metal speed et Heavy à la manière d’Accept tout en l’embellissant de fioritures. Par bonheur, ces pistes classiques mais de meilleurs aloi, se multiplient sur Blind Rage : "200 Years", où la façon de chanter des chœurs et la cavalcade guitaristique sont très attrayantes, "Bloodbath Mastermind", à l’introduction soignée et aux refrains où le chant entre agréablement en osmose avec la guitare, "Final Journey", brutal mais au solo classique qui regarde vers Edvard Grieg. En outre, on déplore assez peu de titres de remplissage ("Trail of Tears" peut-être).
Comme s’il fallait convoquer les mannes des ancêtres, deux titres plutôt réussis évoquent AC/DC, groupe auquel Accept a longtemps été comparé - période Ballbreaker en l'occurrence, pour "Dark Side of My Heart" et "From the Ashes We Rise". Ils sont bien sûr plus Heavy et, à mon sens, plus raffinés que les compositions des Australiens – entendre plus riches dans leurs refrains, soli et lignes de guitare.
Accept brille à plusieurs reprises, et ce dès "Dying Breed" : les chœurs sont bien placés et les interventions de guitare sont souvent mélodieuses (qui semblent reprendre l’hymne russe, comme sur "Stalingrad"). Après une introduction robuste et épique, "Fall of the Empire" se transforme en power-ballad et surprend l’auditeur. Enfin, "The Curse" se fonde sur de nombreux riffs intéressants et se rapproche parfois de Saxon dans sa forme contemporaine. On reste par contre dubitatif à propos de "Wanna Be Free", au point de ne pas savoir si ce titre est très bon ou raté : si la dimension acoustique de l’introduction est très agréable, les excès de solennité qui confinent à la grandiloquence et les refrains à la limite de la chanson à boire, laissent circonspects.
Sans atteindre la qualité de Blood of the Nations, Blind Rage dépasse Stalingrad par ses compositions plus riches - c’est-à-dire plus denses, d’une plus grande variété esthétique et moins caricaturales. Bref, ce nouvel album vient surtout confirmer l’élan dans lequel se trouve Accept dans cette décennie – un élan quasi irrésistible, dans tous les sens du terme.
À écouter : "Dying Breed", "From the Ashes We Rise", "The Curse"